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Zine El Abidine Ben Ali, ex-président de la Tunisie, est mort

L’ex-président de la Tunisie, Zine El Abidine Ben Ali, est décédé ce jeudi en Arabie saoudite à l’âge de 83 ans, rapporte l’agence Reuters qui cite l’avocat de la famille.

« Ben Ali vient de mourir en Arabie saoudite », a indiqué l’avocat Mounir Ben Salha dans une déclaration à Reuters. Ben Ali résidait en exil en Arabie saoudite depuis 2011 après avoir fui son pays suite à un soulèvement populaire opposé à son régime dictatorial. Son départ après 23 ans au pouvoir avait permis à la Tunisie d’amorcer la transition démocratique et ouvert la voie aux premières élections présidentielles libres de l’histoire du pays.

Né le 3 septembre 1936 à Hammam Sousse, Zine El Abidine Ben Ali rejoint jeune l’armée tunisienne dans laquelle il sera formé à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (France) ainsi qu’aux États-Unis. Il grimpe les rangs de l’armée et est nommé à la tête de la Sûreté nationale tunisienne en 1978. Il est nommé en 1985 par le président Bourguiba en tant que ministre de la Sûreté nationale puis ajoute l’année suivante le portefeuille de l’Intérieur, avant d’être élevé au rang de Premier ministre en octobre 1987.

Le 7 novembre 1987, il destitue par un coup d’État le président Habib Bourguiba, utilisant la constitution et sur la foi d’un rapport médical signé par sept médecins attestant de l’incapacité de Bourguiba. « L’époque que nous vivons ne peut plus souffrir ni présidence à vie ni succession automatique à la tête de l’État desquels le peuple se trouve exclu », déclare-t-il lors de sa première allocution en tant que président de la Tunisie.

S’ensuit un règne sans partage de la Tunisie pendant 23 ans par Zine El Abidine Ben Ali et son clan, symbolisé par sa deuxième épouse Leïla Trabelsi. Le culte de la personnalité se développe et prospère autour de l’image de Ben Ali, tandis que les voix dissidentes sont muselées par une police politique omniprésente dans le pays. Derrière la façade d’un pays à l’économie prospère, les inégalités sociales se creusent et créent un fossé entre la caste des riches et le reste de la population tenue dans la pauvreté.

Le point de rupture est atteint en décembre 2010, lorsque Mohamed Bouazizi, un jeune vendeur ambulant vivant à Sidi Bouzid dans la Tunisie profonde, se suicide en s’immolant par le feu après avoir subi une énième injustice. L’injustice de trop. S’ensuit un mois de protestations populaires contre le régime Ben Ali qui mèneront à la fuite du président déchu en compagnie de son épouse et sa famille vers l’Arabie saoudite, où il bénéficiera de la protection de la famille royale.

Objet d’un mandat d’arrêt international pour répondre de la multitude de crimes commis durant son règne (homicides volontaires, abus de pouvoir, détournements de fonds, etc.), Ben Ali se voit prononcer contre lui par contumace cinq condamnations à perpétuité et à plus de deux siècles de prison. Sa mort ferme un chapitre sombre mais complexe de l’histoire de la Tunisie. L’interrogation demeure quant au lieu de la dernière demeure du dictateur déchu, des rumeurs ayant fait état de la volonté de Ben Ali d’être enterré en Arabie saoudite et non en Tunisie.

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