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Décision Trump sur Jérusalem : un Palestinien tué lors d’une « journée de rage »

Décision Trump sur Jérusalem : un Palestinien tué lors d’une « journée de rage »

Des heurts ont opposé vendredi des milliers de Palestiniens aux forces israéliennes, faisant des dizaines de blessés et un premier mort depuis le début des protestations contre la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël.

Les Palestiniens étaient appelés à Jérusalem, en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza à un « jour de rage » considéré comme un premier indicateur de l’intensité de la colère provoquée par la décision américaine.

Des dizaines de milliers de personnes ont aussi manifesté dans différents pays musulmans, de l’Iran à la Malaisie, ainsi qu’au Proche-Orient et en Turquie. Un peu partout, les protestataires ont brûlé ou piétiné des portraits du président Donald Trump et des drapeaux américain et israélien.

Un rendez-vous diplomatique important est attendu à New York dans la journée avec une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l’ONU au cours de laquelle les Etats-Unis risquent d’être confrontés à la réprobation du reste de la communauté internationale.

Tournant le dos à des décennies de diplomatie américaine et internationale, M. Trump a unilatéralement reconnu mercredi Jérusalem comme la capitale d’Israël et annoncé le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Le transfert effectif n’aura « probablement » pas lieu avant deux ans, a affirmé vendredi le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson.

La communauté internationale craint que M. Trump n’ait ouvert la boîte de Pandore tant Jérusalem, avec ses lieux saints juifs, chrétiens et musulmans, constitue un sujet passionnel.

– Un mort –

Les Palestiniens et les musulmans restent pour l’instant loin de se mobiliser en masse.

Dans différentes villes de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël, comme à Bethléem, Hébron, Jéricho ou près de Naplouse, des groupes de dizaines de manifestants, pour beaucoup des jeunes le visage ceint d’un foulard, ont lancé des pierres sur les soldats israéliens qui répliquaient à distance par des tirs de balles en caoutchouc et de balles réelles, et par des gaz lacrymogènes.

Dans la bande de Gaza, Mahmoud al-Masri, 30 ans, a été tué par des tirs de soldats israéliens à l’est de Khan Younès alors qu’il participait à la contestation près de la barrière de sécurité fermant hermétiquement les frontières d’Israël avec ce territoire, a dit le ministère gazaoui de la Santé.

Un second Palestinien d’une vingtaine d’années, atteint par balles à la tête dans des circonstances similaires et initialement déclaré mort, est dans un état désespéré, a précisé la même source.

Les autorités médicales palestiniennes ont fait état de dizaines de personnes blessés par des projectiles en caoutchouc ou des balles réelles en Cisjordanie et à Gaza.

A Jérusalem même, de vigoureuses empoignades ont mis aux prises manifestants palestiniens et policiers israéliens dans et autour de la Vieille ville.

– Centaines de policiers –

Israël avait déployé des centaines de policiers et de soldats supplémentaires dans et autour de la Vieille ville de Jérusalem et en Cisjordanie.

Jérusalem et l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam également révéré par les juifs comme le mont du Temple, restent un cri de ralliement pour les Palestiniens. L’esplanade, située à Jérusalem-Est, catalyse les tensions avec les Israéliens.

Israël s’est emparé de Jérusalem-Est en 1967 et l’a annexée. Il proclame tout Jérusalem sa capitale « éternelle et indivisible ». L’ONU n’a jamais reconnu cette annexion.

Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Selon les dirigeants palestiniens, la reconnaissance par M. Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël préempte les négociations sur le statut de la ville, l’une des questions les plus épineuses et passionnelles d’un éventuel règlement du conflit israélo-palestinien.

Pour eux, celui qui a pris ses fonctions en  proclamant sa volonté de présider à l’accord diplomatique « ultime » ne peut plus assumer le rôle historique des Etats-Unis de médiateur dans le processus de paix.

– ‘Loi du plus fort’ –

Israéliens et Palestiniens n’ont plus de négociation substantielle depuis 2014.

« Peu importe ce qui se passe », disait Omar, 20 ans, en se rendant à la prière sur l’esplanade des Mosquées, « nous savons tous que Jérusalem est la capitale de la Palestine et non pas d’Israël. Israël est une puissance occupante ».

Alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu parle d’acte « historique » pour son pays, l’initiative de M. Trump continue à susciter la réprobation internationale.

Depuis la création d’Israël en 1948, la communauté internationale s’est gardée de reconnaître Jérusalem comme capitale. Elle considère que le « statut final » de la ville doit être négociée.

« Aucun des problèmes de la région ne sera réglé par des décisions unilatérales, la loi du plus fort », a déclaré le président français Emmanuel Macron, qui a aussi lancé « un appel au calme ».

Le grand imam d’Al-Azhar, influente institution de l’islam sunnite basée au Caire, a pour sa part annulé une rencontre prévue avec le vice-président des Etats-Unis Mike Pence lors d’une visite de celui-ci prévue en Egypte dans la seconde moitié de décembre.

Un cadre du Fatah, le parti palestinien dominant, avait déjà affirmé que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas ne recevrait pas M. Pence lors de son déplacement dans la région.

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