À de rares exceptions, les moyens médias publics et privés se sont saisis, de manière routinière et avec une déconcertante superficialité, du message qu’a adressé, au peuple algérien, le président de la République à l’occasion du 24 février 1999 ; telles la monotonie et la platitude réductrices de son contenu interpellateur ainsi que l’insistance sur la symbolique politico-historique, et ce, avec marginalisation relative des questions liées aux rôles qui y sont conférés aux secteurs économiques public et privé.
Les toutes dernières tentatives de rattrapage de ces lacunes, à la faveur du dernier remaniement ministériel partiel, sont, malheureusement, demeurées aussi superficielles qu’évasives voire « politiciennes».
Alors que le message est d’une charge exceptionnelle de « révoltes soft » : contre l’avortement du projet initial de développement, contre des jugements injustes et contre des orientations dictées et pleines de fourvoiements, à l’égard de l’économie publique et à l’égard de son secteur économique marchand-SPM en particulier, commis durant les périodes 1979-1985, 1986-1989 et 1990-1995 .
Ceux-ci (économie publique et Secteur Public Marchand) furent, en premier lieu, mis en panne au service de groupes d’intérêts influents; accusés, ensuite, de stérilité dès l‘apparition des premiers signes de tarissement chez la vache à traire et, survint, enfin, l’achèvement de la bête une fois inerte son corps sous les estocades qui lui furent assenées, deux décennies durant. Rappelant que la période 1996-1998 connut, sous affliction, l’exécution des engagements pris, avant cette période, par les Gouvernements algériens avec les Institutions Financières Internationales, en tentant, tant soit peu, certainement de bonne foi, d’en limiter les dégâts.(1)
La privatisation, comme Eurêka, fut, maladroitement, comprise au niveau de la mise en œuvre, comme une fin en soi, par les mimétismes économiques, en déviation par rapport à la vision du programme de 1999; n’eurent été le holà donné dans la loi de finances complémentaires de 2009 et le rétablissement, à la même année, de la disposition législative de souveraineté (51/49) dans les partenariats avec le capital étranger. Et n’eut été le sauvetage par réhabilitation du SPM dans son rôle « Majeur » en 1999 et dans son rôle « Moteur » dans la progression visionnaire spécifique qu’a apportée le message du 24 février 2018 et qui vint mettre fin au jeu sur le « clavier inventé » des amalgames et à tout « Ijtihad « intéressé.
Je rappellerai que J’ai eu, déjà, à m’étaler sur ces traitements injustes, me servant des chiffres et des arrières pensées, dans des essais en arabe et en français, publiés dans des rubriques spécialisées de quotidiens algériens de réputation, sur des sites électroniques de grande écoute et sur ma page facebook, pour lesquels j’en ai reçu beaucoup de commentaires reconnaissant leur objectivité.(2)
Dans mon effort de compréhension du programme électoral gagnant lors des élections présidentielles de 1999, assis sur une déclaration politique cadre en février de la même année, le candidat gagnant aurait été, selon notre hypothèse, fort prudent, tout au début de l’exercice de ses responsabilités présidentielles, au sujet du rôle qu’il fallait conférer au secteur public industriel en particulier, jugé moribond, avant cette date, aux yeux des gouvernants algériens et des institutions financières internationales et au rôle à confier au secteur privé, encore au stade des fortes douleurs d’accouchement, attiré par le bénéfice des rentes faciles à soutirer des crédits fournisseurs extérieurs qui devaient accompagner, obligatoirement, les rééchelonnements de la dette extérieure de l’Algérie et service s’y rapportant, à utiliser, exclusivement, pour l’achat de biens produits, presque totalement, dans les pays créanciers bailleurs de ces crédits.
Le candidat, toujours selon mon hypothèse d’analyse, aurait opté pour la perspicacité et le réalisme dans le choix des leviers, et le pragmatisme dans la démarche, pour se prémunir contre le retour de flammes en cas d’erreur d’appréciation prospective.
La formulation du volet économique dans le programme-référence de 1999, s’avéra, par conséquent, un reflet fidèle de cette perspicacité. C’est ce que je rapporterai ci-après. Ce programme reconnait, en effet, qu’à cet égard : «la relance de l’économie, si elle pourra, et devra, être progressivement soutenue, relayée et élargie par l’investissement privé, est liée, dans l’immédiat, à la restructuration et la relance du secteur public économique », et, fait déterminant, en lui reconnaissant « une capacité technique et intellectuelle appréciable et un fort potentiel de croissance et des liens industriels qui peuvent lui permettre de trouver auprès de partenaires étrangers des relais importants sur le marché international pour réaliser son potentiel d’adaptation technologique et de commerce extérieur»(3),
Transparait alors de cette formulation, que les choix pour ce qui est du rôle du secteur public et celui du secteur privé dans la dynamisation à jouer dans l’économie nationale, n’étaient pas encore, nettement tranchés. Même si des traits probants de compter conjointement sur les deux secteurs avec une priorité transitoire affichée au profit du secteur public. Lui succéderait un rôle de leader permanent que jouerait le secteur privé. Ceci peut trouver son explication dans l’incertitude quant à la fiabilité des données alors disponibles, ou à la priorité stratégique accordée aux dossiers de la relance économique, de l’endettement extérieur du pays, du rétablissement de la bonne image de l’Algérie à l’étranger, du dossier sécuritaire et de la « Réconciliation Nationale », fondamentalement.
Transparaissent, aussi, dans ma propre lecture de la fine formulation du texte en langue française du programme électoral de 1999, les indices d’un renvoi du traitement définitif du problème. Le facteur politique du problème, pourrait recommander, par hypothèse, une gestion qui renvoie, dos à dos, tous les antagonismes de l’époque en retenant leur souffle dans l’attente du traitement définitif, tactiquement renvoyé, toujours selon ma lecture.
La politique, en effet, n’est pas un dilettantisme ou une occupation d’amateur, mais un art où, seuls peuvent exceller, ceux qui se distinguent : par leur éveil, leur perspicacité, leur abondante culture, leur génie et leur longue expérience marquée de réussite et de compétences distinctives. Le confort est que le message du Président de la République du 24 février 2018, y a pu trancher, puisqu’il est clairement souligné dans ce message que :
« Le secteur public marchand doit jouer un rôle moteur dans cette dynamique. En même temps, le secteur privé devra être encouragé et bénéficier d’incitations à investir et à innover. La nouvelle loi sur la petite et moyenne entreprise va dans ce sens et met en place les dispositifs nécessaires à l’émergence d’un large tissu d’entreprises compétitives ».
L’ »interaction et la complémentarité » entre les deux secteurs lisibles dans le texte en arabe et « l’émulation « entre les deux secteurs dans le texte en français, placent, depuis le 24 février 2018, les deux secteurs sur des lignes parallèles, en relations d’interaction, de complémentarité, mais dans un environnement de compétitivité rigoureuse, dans l’attente d’en préciser les modalités, sans en limiter les horizons ou les durées de vie, en conférant définitivement et à long terme, le rôle « moteur » au Secteur Public Marchand.
Cesseront, alors, les idées et revendications demandant, depuis la crise de 1986, la nécessité du rapetissement voire de l’effacement du secteur public économique ou de le réduire, au mieux, à servir de tremplin au secteur privé pour le propulser, progressivement, à l’effet de jouer le premier rôle dans l’économie nationale : par soumission aux recommandations-« obligations »des institutions financières internationales ou par convoitise de rentes ou par soupçon innocent de la part des gouvernants que les chantres de la spécialisation et de l’expertise en sciences économiques, ont, prétendument, encadrés.ِ
Ceux-ci ne sont pas exempts de l’esprit « suiviste » ou de revanche. Ils apparurent le lendemain du décès du Président Houari Boumediene, à l’éclatement de la crise de 1986, à la survenance des évènements d’octobre 1988, à la promulgation de la Constitution de 1989 et à l’endossement, par les Gouvernements algériens, des rééchelonnements de la dette extérieure et service s’y rattachant, avec toutes leurs souffrances économiques et sociales qui continuent, à nos jours, à propager leurs ondes destructrices,.
Pour couper, dans cette logique, la route à toute tentative visant à maintenir les versions qui acceptent la chose et son contraire, le message du 24 février 2018 a, selon ma lecture propre, tranché dans cette affaire. Aucun espace ne fut, par conséquent, laissé aux interprétations contradictoires. Le message présidentiel dispos, en effet:
« J’ai instruit le gouvernement pour prendre la mesure des enjeux et définir les grands axes d’une action structurante à long terme en vue de moderniser le tissu industriel pour le porter aux standards internationaux de compétitivité et d’excellence technologique. Il lui revient d’agir en profondeur sur la gouvernance économique des structures de l’Etat et des entreprises publiques, de créer les conditions de la cohérence des processus industriels en encourageant les dynamiques d’intégration verticale des chaînes de valeurs, en stimulant l’innovation et en multipliant les synergies ».
S’imposent, alors, deux importantes questions :
- Est-ce la volonté de dépasser ce qui, en 1999, était, logiquement, un sage réalisme pour parer, à l’époque, au mal des forces en « disputes » et qui sont issues des vicissitudes nées de la gestion des affaires du pays entre 1979 et 1998, ou par nécessité raisonnable d’une traversée, sans gros risques, des « champs de mines fortement densifiés », en renvoyant à plus tard, le traitement décisif, au-delà de la neutralisation de ces forces « en disputes » ?
- Ou, s’agirait-il, plutôt, d’une issue inéluctable à laquelle a conduit l’évaluation du parcours depuis 1999 où le bon palmarès surclasse les insuffisances relevées qui nécessitent un prompt redressement ?
S’agissant du palmarès : j’en rappellerai les pesantes réalisations dans le domaine des infrastructures économiques de base et dans celui des infrastructures d’enseignement et celles de portée soio-culturelle dont, notamment les quatre millions de logements. C’est ce que j’ai eu, également, à publier dans de nombreux moyens médias.(4)
Viennent consolider ce bilan, d’autres réalisations économiques de grande envergure stratégique dans le secteur public économique, industriel principalement.
En font parie notamment, celles qui avaient été programmées en 2004 dans le cadre d’un Plan Spécial destiné à compléter, à l’échéance 2015, le tissu industriel public stratégique, en partenariat avec le capital étranger. En font partie aussi, Les réalisations en industries pétrochimiques qui sont déjà entées en exploitation, les grands projets de transformation de phosphate, de souffre, de fer programmés le long de la frontière Est du pays, l’industrie des tracteurs agricoles, le montage des géantes turbines électriques, l’industrie du fer et de l’acier, déjà entrés en production respectivement : à Constantine, à Batna et à Jijel, y compris la récupération de tout le capital du complexe sidérurgique d’El-Hajar-Annaba au profit d’une entreprise publique économique (en attente d’une mise en cohérence avec l’option choisie en matière de partenariats), l’industrie des panneaux de silicium à Alger et à Sidi-Bel-Abbès pour la production de l’énergie solaire et l’industrie d’assemblage de véhicules « Renault » à Oran comme premier pas « psychologique » de haute symbolique, sur la voie du développement d’une industrie automobile ambitieuse, si critiquée soit-elle et quoique nécessitant de profonds correctifs au niveau du cahier des charges s’y rapportant et devant notamment, préciser aussi, les objectifs d’exportation et d’intégration. Les industries militaires qui y réalisent de grandes prouesses, s’orientent, graduellement, vers la construction d’un complexe militaro-industriel à la mesure des ambitions légitimes de l’Algérie. Ce complexe militaro-industriel revêtira, par son extension aux technologies numériques et biologiques, une importance vitale pour rester collé à l’évolution scientifique, technologique et économique dans le monde. A l’instar des tendances observées dans les nations développées.
Le message présidentiel du 24 février 2018, représente logiquement, par conséquent, la direction à suivre pour poursuivre le traitement du dossier « secteur public marchand ».
Mais ce secteur (public marchand), en dépit de ces avancées remarquables, demeure comme plombé, interdit d’action, souffrant toujours des séquelles du bridage l’ayant accablé entre 1979 et 1998 et qui, à nos jours, produisent toujours leurs effets qui découragent les plus fermes volontés; au niveau des conduites et comportements qui travestirent les orientations des politiques officielles : au niveau de la mise en œuvre et au niveau du suivi. Telle la précipitation relevée en matière de privatisation du secteur public avant 2009, par rapport à sa nécessaire restructuration figurant, pourtant elle aussi, dans le programme électoral des présidentielles de 1999. Celui-ci ne se réalisa, en effet, qu’en 2016/2017/2018, dans son volet organique. Notamment par la création de « Groupes Publics » en remplacement des Sociétés de Gestion de Participations de l’Etat-SGP , à partir des 65 Entreprises Publique Economiques (EPE) non concernées, à l’origine, par la privatisation ; celle-ci fut, par conséquent, logiquement arrêtée, il y a sept ans.
A fin juin 2017, quelques 447 moyennes Entreprises Publiques Economiques(EPE) avaient été privatisées sur les 896-882 moyennes EPE recensées et programmées à la privatisation entre 2003 et 2008. Seules 264 moyennes EPE constituaient, à fin juin 2017, le résiduel à traiter (5). La différence à été intégrée aux Groupes Publics récemment constitués dans le cadre de la restructuration de leurs portefeuilles respectifs. Cette voie devrait être poursuivie, à mon sens, pour restructurer ce résiduel (264) dans d’autres Groupes Publics homogènes, à créer ou, à défaut, pour être intégré aux Groupes Publics déjà constitués.
Ces attendus auraient constitué une autre raison de poids dans le volet économique du message présidentiel du 24 février 2018, dans son volet « rôles des secteurs économiques public et privé ».
Cependant, le niveau d’autonomie des Groupes constitués, demeure une problématique complexe. Elle hypothèquera le niveau de leurs performances et ne manquerait pas reproduire les mêmes handicaps. Ce qui requiert l’urgence d’une révision des prérogatives du Conseil de Participations de l’Etat (CPE) au profit du renforcement de celle des Groupes, en privilégiant son contrôle à postériori à celui du contrôle à priori, actuellement exercé par ce conseil sur ces Groupes.
Quant aux points d’insatisfactions, elles sont liées : (a) au retard dans la réalisation du complément stratégique qui devait être apporté au tissu industriel public ; (b) au retard mis par les petites et moyennes entreprises privées qui devaient garantir la mise en place d’une base dense de sous-traitance à même de réaliser la diversification industrielle programmée en tant qu’objectif stratégique ; (c) au retard dans la cristallisation de prémisses crédibles d’un secteur privé prêt à relayer, au besoin, le secteur public marchand et capable de jouer les premiers rôles dans l’économie nationale.
La fragilité structurelle du secteur privé et la faiblesse de son potentiel de croissance, ne le qualifient pas, à présent, pour tirer l’économie nationale, en dépit de la constante progression numérique des entreprises qui le constituent. Leur nombre est passé de moins de 300000 petites et moyennes entreprises en 1999 à quelques 1060025 petites et moyennes entreprises privées (employant quelques 2600000 agents avec une moyenne de 2,46 agents par entreprise, dont presque la moitié est constituée des chefs de ces entreprises) à fin juin 2017, tel que cela est indiqué sur le tableau suivant :
Secteur Privé en Algérie à juin 2017(6)
Type d’entreprises | Emplois | Nombre | % |
TPE Privées | 1 à 9 salariés | 1 035 891 | 97,70 |
Petites Entreprises Privées | 10 à 49 salariés | 21202 | 2,00 |
Moyennes Entreprises Privées | 50 à 249 salariés | 3196 | 0,30 |
Total des entreprises privées | 1 060 025 | 100 |
Par secteur d’activité, elles sont réparties comme suit :
Structure des PME privées par secteur d’activité(6)
Secteurs d’activité | (%) des PME/secteur |
Agriculture | 0,60 |
Industrie | 8,75 |
Hydroc. Energie, mines et Sces liés | 0,27 |
BTPH | 16,77 |
Services y compris professions libérales | 50,62 |
Artisanat | 22,99 |
C’est une fragilité profonde, faible de potentialités productives de richesses, faible en capacités de création d’emplois, de réceptivité technologique et de capacités d’innovation, loin de pouvoir contribuer à l’induction d’une croissance auto-entretenue, ou d’ambitionner l’accès aux nouvelles technologies et, encore moins, de les reproduire, ou de s’insérer à une quelconque sous-traitance d’intégration industrielle.
Il serait, selon cette suite logique, sans le moindre espoir, raisonnablement sérieux, de pénétrer massivement les marchés extérieurs. Handicapé, également, par un niveau excessif d’extraversion en matière d’importation d’inputs. Ceux-ci représentent quelques 90% dans beaucoup de biens produits en Algérie, de surcroit à faible utilité sociale. L’importation est, ainsi, drôlement servie au détriment de l’exportation, pourtant nettement consacrée, et dans le programme électoral de 1999 et dans le message du 24 février 2018.
Le taux excessif de 97,7 %, en hausse, que représente la TPE (Très Petite Entreprise) dans le tissu des entreprises privées algériennes, aurait pu être atténué si ces TPE et autres PME privées, étaient liées, en rapports stables de sous-traitance, avec de grandes usines et grandes entreprises publiques ou privés algériennes ou entreprises étrangères, de préférence installées en Algérie.
C’est, dans l’Union Européenne, un environnement économique relationnel sous-traitant, de loin bien meilleur et sans commune mesure avec celui dans lequel se meuvent les PME privées algériennes, qui fait la grande différence.
Nos TPE sont, à vrai dire, des micro-entreprises, plutôt artisanales, de production très peu élaborée, rudimentaire dans sa majorité, de statut familial essentiellement, ne faisant pas, de ce fait, appel aux emprunts bancaires pour financer leurs affaires, par crainte de ne pas pouvoir les rembourser à leurs échéances, ou par croyance religieuse, d’apparence opposée aux taux d’intérêts qu’elles jugent usuraires, dans une certaine mesure. Elles font recours, par contre, aux avances non rémunérées, auprès de proches et d’amis.
A cet effet, quelques 88,2% de ces entreprises (TPE), tous secteurs confondus, déclarent s’auto-financer, selon une étude économique réalisée par l’ONS. Les entreprises créées dans le cadre de l’Agence Nationale de Soutien à l’Emploi des Jeunes (ANSEJ) se contentent du premier prêt bancaire obtenu à leur création, dans la majorité des cas. Puisse l’ouverture du système financier et bancaire algérien sur la finance islamique consacrée dans la loi de finances de 2017, constituer la fin d’un alibi, longtemps mis en avant pour justifier l’insuffisance des investissements privés et l’expansion des affaires et des liquidités informelles.
Ce sont, de plus en plus, enfin, dans leur majorité, des personnes physiques de petite taille, de caractère individuel, ce qui complique leur caractère familial et leur déconnexion du système bancaire.
Une situation qui exige une urgente réaction en direction d’un encouragement au profit de ces entreprises et celles à venir, dans le cadre des dispositifs d’aide à l’emploi des jeunes et en dehors, dans le sens à pousser vers l’adoption du statut de sociétés par actions, en attente de la grande moisson espérée de l’application de la nouvelle loi sur la promotion des petites et moyennes entreprises. Ainsi que de pousser vers l’émergence d’un autre esprit entrepreneurialة véridiqueة divorçant avec l’aversion : au « small is beautiful » (7), au gain facile et rapide, au mercantilisme et à l’économie informelle, en s’engageant dans des investissements structurants ou, tout au moins, des investissements de sous-traitance décisive, contribuant à l’indépendance économique du pays. Autrement, l’indépendance économique véridique recherchée et la diversification poursuivie, risquent, par conséquent, de demeurer chimériques !
C’est l’esprit qui doit nous guider, tous, dans la juste compréhension du contenu du programme électoral de 1999 et celui du message du 24 février 2018, dans leurs volets consacrés à l’encouragement du secteur privé national.
Quant aux entreprises privées de taille supérieure à 250 salariés chacune qui, elles, ne rentrent pas dans la typologie usuelle des PME (Charte de Bologne revue), elles n’excèdent pas la dizaine, filiales comprises (8). A faire remarquer la grande lenteur qui caractérise l’apparition d’entreprises privées de ce type (de plus de 250 salariés), tant algériennes qu’étrangères ou sous forme de partenariats entre privés algériens et privés étrangers. A l’instar de la grande usine du rond à béton d’Oran, les usines de ciment de M’Sila, de Mascara, de Biskra, d’Adrar, de quelques briqueteries et, notamment, les usines d’assemblage de véhicules, mises en exploitation et/ou en cours de montage à Ghilizane, Batna, Bouira, Tiaret , El-Beyad, Ain Témouchent et, incessamment, à Oran. Ainsi que les usines de textiles en cours de montage à Ghilizane et dont la majorité de la production est destinée à l’exportation, avec, en phase finale, 25000 postes de travail. Les industries du médicament, des dispositifs médicaux, de la téléphonie intelligente, de l’électrodomestique, rapidement implantées, pourraient constituer des phares exemplaires si elles arrivaient à dépasser le simple montage et la simple revente de biens produits et empaquetés à l’étranger.
C’est aussi, selon ma lecture, une autre raison du volet économique du message présidentiel du 24 février 2018, notamment en ce qui concerne les rôles des secteurs public et privé dans l’économie nationale.
Ainsi, était planté le décor, la veille du 24 février 2018. Devant des considérants fort déconcertants. : un tissu industriel privé « sans envergure confortable » , sans relations consistantes de sous-traitance, perdant l’une après l’autre, les relations que lui fournissait le secteur public marchand industriel (hors hydrocarbures) qui, lui-même, vit dans de nombreuses difficultés ou suspendu à une étape de lente relance et que le secteur privé n’arrive pas à relayer. Ce, en dépit du saut quantitatif que réalisa ce dernier comme, ci-haut rapporté. Fort inquiet, le secteur public, espérait, dans une certaine opacité, pouvoir réaliser la totalité des projets qui lui avaient été tracés au début de la décennie 2000, particulièrement, les projets de privatisation, de restructuration et d’investissements stratégiques complémentaires. Le tout en partenariat avec le capital étranger ; le Partenariat Public Privé étant(PPP) étant encore au stade d’idées séduisantes car, pour réussir, un partenariat devrait réunir des parties performantes.
Mais, selon mon appréciation, se tromperaient ceux qui peinent à vouloir se convaincre, eux-mêmes, que l’évolution spécifique qu’a apportée le message présidentiel du 24 février 2018, serait le fait d’une saute d’humeur ou d’une quelconque réaction passionnelle ou, encore, d’un emportement caractériel, à une maladresse que tel ou tel responsable exécutif aurait commise dans l’instruction de tel ou tel dossier. Les avertis en matière de sciences politiques et en matière de suivi des processus décisionnels décisifs, savent privilégier l’hypothèse d’un aboutissement logique auquel aurait conduit l’évaluation rigoureuse, ordinaire et périodique de la mise en œuvre des engagements pris dans le programme des élections présidentielles de 1999 ; notamment au niveau des performances des secteurs public et privé ; eu égard aux rôles respectifs conférés à l’un et l’autre des deux secteurs et aux objectifs qui leur avaient été fixés.
Une lecture en profondeur n’exclut pas, toutefois, l’allusion subtile, faite dans ce message, à des jugements de valeur, exprimés de manière à peine voilée, mais qui transparaissent des fermes instructions présidentielles, telles celles ayant trait aux grands axes à définir à long terme et à la modernisation du tissu industriel que j’ai, ci-dessus, empruntées pour les besoins de l’analyse, et ce, en avertissement, aussi à peine voilé, à l’égard de ce qui aurait été un manquement dans la réalisation des objectifs tracés dans le programme électoral de 1999. Tout particulièrement, au moment où l’Algérie traverse une zone de fortes turbulences économiques, corrélativement avec l’effondrement des cours de pétrole.
Sont allés de pair dans ce programme, restructuration et relance du secteur public économique « pour réaliser son potentiel d’adaptation technologique et de commerce extérieur » et encouragement de l’investissement privé et de la petite et moyenne entreprise (PME) pour notamment, « l’élargissement du tissu industriel, l’élargissement significatif de l’emploi, la mise en valeur des ressources faiblement sollicitées jusque-là telles que le tourisme, la pêche, etc.…, ainsi que la diversification des exportations » (9), avec, stratégiquement, la diversification économique comme toile de fond.
En effet, la vision conceptuelle déclinée, par le candidat Abdelaziz Bouteflika gagnant, aux élections présidentielles de 1999, essentiellement, et que charrient, détaillée, les programmes de développement subséquents, constituait « ce programme référence » qui se voulait être, une ligne de démarcation entre une longue période de profonde crise économico-financière, sociale, sécuritaire et d’extinction géopolitique de « l’image Algérie »et un avenir radieux dans son acception la plus large. L’évaluation implicite que porte le message présidentiel du 24 février 2018, est accompagnée d’une identification de points faibles devant être rattrapés comme l’évolution spécifique de la vision de 1999, quant aux rôles que devraient jouer les secteurs économiques public et privé dans le développement de l’économie nationale ; avec réalisme et pragmatisme requis, évidemment.
La projection des repères pour de plus larges horizons sur les ambitions que se partagent les algériens, constitue, à n’en point douter, un indice sérieux sur la mise en place, avant terme, du cadre basique pour la concrétisation, demain, de ces espoirs dans une visibilité suffisante. Il s’agirait, en fait, d’engagements politiques pour un avenir prévisible.
(1) D’autre lectures dans les évènements d’octobre Expression. Quotidien d’Oran. TSA. Ma Page facebook.
(2) Le secteur privé : ambitions et inquiétudes Quotidien d’Oran. TSA. Ma Page facebook.
(3) Programme du candidat Abdelaziz Bouteflika, gagnant aux Elections Présidentielles de 1999. P.49 à 53.
(4) Résoudre ou gérer la crise Expression. Quotidien d’Oran. TSA. Page facebook.
(5) Partenariat et Privatisation. Ministère de l’industrie et da la promotion des investissements.
(6) Ministère de l’industrie et des mines. Bulletin d’informations statistiques. n°31/2017.
(7) E.F. Scumacher. Contretemps/Le Seuil. 1978. Thèse favorable à une économie vivrière de subsistance recommandée aux PVD.
(8) www.mdipi.gov.dz: Ministère de l’Industrie est des Mines.
(9) Programme du candidat Abdelaziz Bouteflika, gagnant aux Elections Présidentielles de 1999. P.49