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34e vendredi : le Hirak dit non au démantèlement de la souveraineté économique de l’Algérie

34e vendredi : le Hirak dit non au démantèlement de la souveraineté économique de l’Algérie

Des dizaines de milliers d’Algériens ont marché aujourd’hui pour le 34e vendredi consécutif depuis le 22 février dernier. La mobilisation a été particulièrement forte dans les grandes villes du pays, Alger, Oran et Constantine, mais aussi ailleurs : Bejaia, Tizi Ouzou, Bouira, Biskra, Jijel, Mostaganem. Comme vendredi dernier, la majorité des wilayas du pays ont pris part aux manifestations qui ont été pacifiques.

À deux mois de l’élection présidentielle prévue le 12 décembre, le Hirak ne faiblit pas. Premier enseignement à tirer : les arrestations opérées dans les milieux politiques et militants et les pressions exercées sur les médias pour réduire la couverture du Hirak n’ont pas eu d’impact sur la mobilisation populaire. Bien au contraire, ce 34e vendredi est peut-être le plus important en matière de mobilisation depuis la rentrée sociale.

Si les militants politiques jouent un rôle dans la structuration du discours du Hirak, leur influence sur la mobilisation populaire n’est pas établi. La campagne d’arrestations semble même avoir produit l’effet inverse de celui recherché par le pouvoir. Les manifestants y voient la confirmation de la persistance des pratiques qui auraient dû disparaître avec la chute de Bouteflika. Aujourd’hui, l’un des slogans les plus entendus concerne la libération des détenus d’opinion.

Le silence des candidats à la candidature à la présidentielle sur ces interpellations les confortent dans leur conviction : même avec l’élection présidentielle, les choses ne vont pas s’améliorer en matière de libertés. Or, c’est justement pour plus de liberté et de justice que les Algériens sortent chaque vendredi depuis bientôt huit mois.

En plus du rejet de l’élection, deux nouveaux slogans ont fait leur apparition ce vendredi. Ils concernent la dénonciation des projets de Loi de finances 2020 et de Loi sur les hydrocarbures. Ces deux textes qui seront soumis dimanche au Conseil des ministres démantèlent la souveraineté économique du pays dans deux domaines sensibles : le protectionnisme et les richesses en hydrocarbures.

En décidant de supprimer la loi 51%/49 pour les secteurs non-stratégiques, le gouvernement prend le risque de fragiliser les entreprises locales qui ne sont pas préparées à affronter une concurrence venue de pays développés. La loi 51/49 n’a pas été le seul frein à l’investissement étranger en Algérie mais elle a certainement permis l’émergence d’entreprises locales dans de nombreux domaines. Au lieu de mener une réflexion globale sur les raisons de la faiblesse de l’attractivité de notre économie, le gouvernement, par calcul, s’attaque à un seul texte au risque d’affaiblir les entreprises locales.

Quant à la Loi sur les hydrocarbures, elle contiendrait des dispositions trop favorables aux compagnies étrangères. Cette semaine, Mohamed Arkab, ministre de l’Énergie, a fourni, un argument de taille à ceux qui critiquent la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Dans une déclaration à la presse, M. Arkab, voulant défendre son texte, a affirmé que le projet de loi « a été élaboré après une concertation avec les cinq plus grandes compagnies pétrolières internationales ». Le ministre a ajouté que « rien ne manque au projet de loi » sur les hydrocarbures. Aucun débat national n’a été engagé par le gouvernement pour réviser cette loi.

De nombreux experts ont pointé du doigt la précipitation et le manque de concertation dans la préparation d’un projet de loi aussi sensible. L’opposition dénonce une loi élaborée par un gouvernement illégitime – censé se contenter de gérer les affaires courantes – qui sera soumise à un Parlement, issu de la fraude électorale et héritage de la bande qui a ruiné le pays, et qui a voté toutes les lois ces dernières années sans le moindre débat sérieux.

Pour les manifestants, aujourd’hui, cette précipitation cache mal une volonté du pouvoir de plaire aux partenaires étrangers dans un contexte politique difficile. Le rejet de ce texte est un avertissement adressé aux partenaires économiques du pays.

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