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38e vendredi : « Nous ne reculerons pas ! »

38e vendredi : « Nous ne reculerons pas ! »

Ceux qui pariaient sur un essoufflement du mouvement ou à tout le moins un reflux significatif auront eu pour leur compte. Rien, ni personne ne semble capable, pour l’heure, de le détourner de son objectif principal réclamé depuis février dernier : le « changement radical » du système.

Malgré un temps glacial, avec par endroits des averses de pluie, le 38e vendredi a été comme les précédents marqué par une grande mobilisation des citoyens à travers plusieurs wilayas du pays pour dire « non à l’élection » et réclamer la libération des détenus et l’avènement d’un État civil.

À Oran, à Constantine, à Annaba, à Mostaganem, à Biskra, à Chlef, à Jijel, à Mascara, à Bejaia, à Tizi Ouzou, à Bouira, à El Oued, à Ain Temouchent, à El Tarf, à Guelma, à Blida, à El Bayadh, à Saida, ou encore à Sidi Bel Abbés et Ain Defla, les Algériens sont descendus en masse, bravant le froid et les mauvaises conditions météorologiques pour dire non à la mascarade annoncée du 12 décembre prochain.

À Alger, cœur battant de la protestation, alors qu’on spéculait sur un éventuel reflux après la démonstration historique du 1er novembre, ils étaient de nouveau des milliers de personnes, munis de parapluies pour l’occasion, à déferler vers la Grande poste, édifice emblématique, pour réitérer leur détermination à faire avorter le scrutin du 12 décembre, mais aussi à « arracher la liberté ».

Slogan du jour entonné par des milliers de voix : «Nous sommes les enfants d’Amirouche, nous ne reculerons pas. Nous arracherons la liberté ». Il y a aussi les classiques : « Isqat el vote, wadjeb watani (l’annulation du vote est un devoir », « Dawla madania machi askaria (État civil et non militaire » ou encore « pouvoir assassin » et « Casbah, Bab El Oued, imazighen ».

Comme souvent, les manifestants n’ont pas manqué de commenter l’actualité de la semaine à leur manière. C’est ainsi qu’ils ont rendu un vibrant hommage aux militaires tués à Damous, à l’ouest de Tipasa.

« Les années 90 ne se reproduiront plus », ont scandé certains manifestants. Une minute de silence a été même observée à la rue Didouche Mourad, tout comme dans d’autres villes du pays.

Les juges, tout comme les candidats dont la liste a été divulguée samedi dernier, ont eu pour leur compte. Si les premiers ont été accusés d’être « vendus avec deux sous », les seconds ont été assimilés à des rejetons de Bouteflika.

Cette nouvelle démonstration de force, qui confirme la détermination du mouvement à aller jusqu’au bout, malgré tous les aléas, y compris climatiques, suscite de légitimes interrogations sur les conditions de déroulement de la campagne électorale et sur le maintien du scrutin.

« La tenue des élections dans le climat actuel de fermeture du champ politique et médiatique qui ne tolère pas le discours opposant ne régleront pas la crise politique. Elle va plutôt l’aggraver et conduire à l’instabilité du pays et à affaiblir davantage l’Algérie sur la scène internationale. N’importe quel président qui sera élu dans ces conditions, pourra-t-il trouver des solutions alors qu’il sera contesté dans sa légitimité ? Ma conviction : organiser des élections dans ces conditions, sans dialogue, conduites par les résidus de la « issaba », ce n’est pas y aller à la démocratie, mais au recyclage du système (…)», observe l’avocat Me Bouchachi qui s’étonne que le pouvoir n’ait pas entendu les cris des millions d’Algériens sortis le 1er novembre dernier.

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