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41e vendredi : le hirak entame son 10e mois avec de nouveaux défis

41e vendredi : le hirak entame son 10e mois avec de nouveaux défis

Le quarante-et-unième acte du hirak, ce vendredi 29 novembre, survient alors que le compte à rebours pour l’élection présidentielle du 12 décembre est entamé.

Il reste moins de deux semaines avant ce rendez-vous crucial et les positions des uns et des autres restent antagoniques et n’évoluent pas : le pouvoir s’obstine à organiser le scrutin quoi qu’il arrive, le présentant comme l’unique solution de sortie de crise possible, et le hirak est toujours déterminé à le faire avorter.

Le début de la campagne électorale, dimanche 17 novembre, n’a fait que corser les choses. Depuis, le hirak est devenu quasi-quotidien, avec des actions de protestation à chaque descente d’un des cinq candidats en lice sur le terrain, des rassemblements nocturnes et des initiatives de soutien aux détenus d’opinion, de plus en plus nombreux.

La tension a atteint son pic mardi à Bouira où des escarmouches ont opposé les forces de l’ordre et les manifestants sortis en masse pour empêcher la tenue du meeting du candidat Ali Benflis à la maison de la culture de la ville. Ce dernier a été obligé d’organiser sa rencontre dans une salle de la wilaya.

Plus de 140 personnes ont été incarcérées depuis fin juin, dont beaucoup depuis le début de la campagne, selon le Comité national pour la libération des détenus.

La veille de cette autre journée de grande mobilisation populaire, de nombreuses actions de solidarité avec les détenus ont eu lieu, notamment à Alger et Bordj Bou Arréridj, sur fond de rumeurs et d’accusations sur la maltraitance de certains détenus comme Brahim Lalami. La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme a d’ailleurs demandé, jeudi, l’ouverture d’une enquête, sur les allégations de maltraitances de détenus, pendant leur arrestation, et durant leur détention. Le gouvernement n’a pas répondu.

Et comme attendu, le Parlement européen est « passé à l’acte » pour ainsi dire, en adoptant sa résolution sur la situation en Algérie. La teneur de la résolution est un soutien franc au hirak, et sans équivoques avec le pouvoir algérien.

Les parlementaires ont notamment condamné « fermement les arrestations arbitraires et illégales ainsi que l’emprisonnement, les attaques et les intimidations de journalistes, syndicalistes, avocats, étudiants, défenseurs des droits de l’Homme et de manifestants pacifiques qui prennent part aux manifestations du hirak ».

Ils ont aussi appelé « à cesser les violations des libertés de culte des Chrétiens, des Ahmadis et d’autres minorités religieuses, et à mettre un terme au harcèlement judiciaire et législatif, à la criminalisation, aux arrestations arbitraires et aux emprisonnements organisés par les autorités algériennes ».

Le projet, dès sa divulgation la semaine passée, avait soulevé moult réactions en Algérie. Le ministère des Affaires étrangères a réagi violemment hier en accusant les eurodéputés de promouvoir « ouvertement leur agenda du chaos provoqué, qu’ils ont malheureusement mis en œuvre dans bien des pays frères ».

Dans les rangs des soutiens du pouvoir, on a crié unanimement à l’ingérence étrangère dans les affaires internes du pays. Les partisans du hirak sont tout aussi opposés à toute forme d’ingérence étrangère, mais beaucoup d’entre eux ont tenté d’expliquer sur les réseaux sociaux que l’initiative du Parlement européen est un soutien au peuple dans sa quête de démocratie et non une ingérence.

Il reste que c’est la première fois depuis le début du hirak, il y a neuf mois, que les autorités algériennes sont mises au pilori de façon aussi claire sur la scène internationale, qui plus est par une institution d’une telle importance.

Le vote de la résolution à Strasbourg, et le soutien franc de l’Espagne pour la présidentielle du 12 décembre, sont des éléments nouveaux qui sans doute s’inviteront dans la thématique des marches de ce quarantième vendredi.

Sans pour autant faire oublier aux manifestants, qui devraient être nombreux comme lors des derniers vendredis et garder leur unité, les contingents de détenus qui ne cessent de grossir et la présidentielle dont ils ne veulent pas mais qui approche à grands pas.

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