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8 mai 45 : des milliers de personnes marchent à Sétif et Kherrata

8 mai 45 : des milliers de personnes marchent à Sétif et Kherrata

Des milliers de personnes, officiels et anonymes, ont pris part ce mardi à Kherrata, à 65 km à l’Est de Bejaia, aux cérémonies commémoratives des massacres du 8 mai 1945.

Aussi, le premier grand rassemblement de ces commémorations, s’est-il tenu sur le lieu le plus symbolique de ces douloureux événements, à savoir à Chaâbet Lakhra, dont les gorges ont été le théâtre de massacres inouïs, perpétrés par des soldats de l’armée coloniale enragés et obnubilés, qui n’avaient d’autres ordres que celui de tuer le maximum de personnes.

Des hommes et des femmes ont été jetés vivants dans les fonds du ravin éponyme qui, le soir venu, avait pris des couleurs pourpres, teinté par le liquide visqueux de nombre de corps, déchiquetés et évidés de leur sang.

Arab Hannouz, dont le nom est attribué à ce lieu, hante encore les contreforts rocheux, des scènes atroces et macabres commises alors, lui qui a été le premier, suivi ensuite de ses deux enfants, à ouvrir le bal funéraire et collectif.

©Facebook – Cellule de communication de la wilaya de Bejaia

Son tort, « avoir refusé de dire vive la France comme le lui exigèrent ses bourreaux », selon les témoignages des membres de sa famille, rappelant que les trois martyrs avaient été ligotés avec du fil barbelé avant d’être jetés dans le vide.

Militant du PPA/MTLD, Hanouz Arab, présidait également une association des Medersas de la région et s’occupait du dispensaire médical de Kherrata.

Aussi un hommage poignant lui a-t-il été rendu, à lui et à toutes les victimes des massacres, par la foule qui a assisté à une cérémonie de dépôt de gerbes de fleurs au carré des martyrs, nouvellement érigé sur les lieux, et de recueillement à leur mémoire.

©Facebook – Cellule de communication de la wilaya de Bejaia

L’occasion a donné lieu également à l’inauguration d’une stèle géante, haute de six mètres et large de quatre mètres, représentant une immense flamme placée sur un piédestal et une scène de martyrs, étalés à ses pieds, matérialisant les sacrifices consentis pour atteindre la lumière.

©Facebook – Cellule de communication de la wilaya de Bejaia

L’œuvre, réalisée par l’entreprise Turque Ozgun, employée depuis plusieurs mois à aménager une nouvelle voie à travers les gorges de Kherrata, est conçue de telle sorte, à ce qu’elle soit désormais un lieu de villégiature, voire de pèlerinage, l’espace ayant été doté de bancs de repos, d’espaces verts et de fresques révolutionnaires pour permettre aux visiteurs de s’imprégner de cette sombre page d’histoire.

La cérémonie a aussi connu un fort moment d’émotion lorsque la Protection civile a procédé à la ré-inhumation des ossements de cinq martyrs, non loin de la stèle. Toute l’assistance, gorges noués, en chœur répétait à tue-tête « Allah yerham Echouhada ».

Un cortège impressionnant s’est ensuite formé et a entamé une marche vers la ville de Kherrata, sur une distance de 05 km. Conduit par un détachement des scouts musulmans, la procession a parcouru plusieurs quartiers, avant de finir sa course devant la salle de cinéma de la ville, récemment mise en service, qui a abrité d’autres manifestations en rapport, notamment une conférence sur les massacres du 08 mai 1945.

Il a été organisé également une cérémonie de remise de récompenses à quelques familles de victimes, aux veuves de chouhada (108 femmes), aux figures de proue de ces événements, notamment Said Allik, et Bekhouche Lahcenes, ainsi qu’à la dernière victime du crash de l’avion à Boufarik, Moussous L’hachemi. Une journée tout en souvenir et en émoi que d’aucuns ont voulu ainsi pour que « nul n’oublie ».

©Facebook – Cellule de communication de la wilaya de Bejaia

 

©Facebook – Cellule de communication de la wilaya de Bejaia

Marche et inaugurations à Sétif  

À Sétif, la commémoration du 8 mai a été différente,  marquée par une marche et l’inauguration de plusieurs projets comme le tramway. Trois ministres étaient présents, à leur tête Nourredine Bedoui.

Des milliers de personnes ont marché, mardi à Sétif, pour la mémoire et par fidélité aux dizaines de milliers de leurs compatriotes, tombés le 8 mai 1945 sous les balles de l’armée coloniale française.

Comme il y a 73 ans, la foule s’est rassemblée devant la mosquée Abou Dher El Ghiffari (ex-mosquée de la Gare) avant de s’organiser en carrés, avec en tête celui des jeunes Scouts musulmans algériens (SMA), suivis des ministres de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, des Ressources en eau, Hocine Necib et des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaalane ainsi que les autorités locales civiles et militaires.

Le groupe de scouts portait une gerbe de fleur pour rappeler les événements sanglants qu’ont vécus les martyrs, Saâl Bouzid et ses compagnons.

Le même parcours emprunté par les manifestants pacifiques lors du 8 mai 1945 a été suivi. Les marcheurs ont ainsi démarré à partir de la mosquée Abi Dhar El Ghafari (ancienne mosquée de la gare ferroviaire) en passant par l’avenue 1er novembre, anciennement George Clemenceau puis la rue « 8 mai 1945 » où une halte a été observée devant la stèle commémorative érigée en hommage à la première victime de ces massacres Saâl Bouzid, le jeune scout froidement abattu par le commissaire Lucien Olivieri parce qu’il refusait de baisser le drapeau algérien.

Devant cette stèle, où un buste à l’effigie de ce scout de 22 ans a été érigé, la gerbe de fleurs a été déposée avant un long recueillement à la mémoire des 45.000 victimes des massacres, qui s’étaient étendus à Guelma et Kheratta.

 

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