
Rien ne va plus entre Alger et Paris. La brouille qui commençait à peine à se dissiper, reprend de plus belle après l’annonce de l’incarcération vendredi d’un agent consulaire algérien en France.
En France, les voix anti-algériennes, de la sphère de l’extrême droite notamment, ont aussi repris leurs discours contre l’Algérie et ses représentations dans l’Hexagone.
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C’est le cas de Xavier Driencourt, diplomate et ancien ambassadeur de France en Algérie, qui suggère de « fermer un ou plusieurs consulats » d’Algérie en France, comme réponse à la décision d’Alger d’expulser 12 agents de l’ambassade de France en Algérie.
Dans un communiqué publié lundi 14 avril, le ministère des Affaires étrangères algérien a, en effet, annoncé la décision « souveraine » d’Alger de déclarer « persona non grata 12 agents exerçant auprès de l’Ambassade et des Consulats de France en Algérie ».
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Xavier Driencourt s’attaque à nouveau à l’Algérie, sur fond de la nouvelle brouille
Le MAE a expliqué que les agents expulsés relèvent de la « tutelle du ministère de l’Intérieur français ». Ces agents ont « obligation de quitter le territoire national sous 48 heures », a précisé le communiqué.
Cette décision fait suite à l’arrestation « spectaculaire et ostentatoire », par les services « sous tutelle » du ministère de l’Intérieur français, d’un agent consulaire algérien, le 8 avril 2025, souligne encore la même source. Une arrestation qui intervient dans le cadre d’une enquête sur l’enlèvement présumé d’Amir Boukhors dit Amir DZ.
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En réaction à ces derniers développements, Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie à deux reprises, de 2008 à 2012 et de 2017 à 2020, a fait une proposition pour le moins surprenante à propos des consulats d’Algérie en France.
« On croyait avoir touché le fond, on pensait un moment la crise entre la France et l’Algérie terminée, enterrée […] Quelle erreur, quelle naïveté de notre part ! », a-t-il écrit dans une contribution parue lundi soir sur les colonnes du journal Le Figaro.
Driencourt suggère de « fermer un ou plusieurs consulats » d’Algérie en France
Pour lui, les trois volets évoqués par le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, dans le cadre de la nouvelle relation entre Paris et Alger, à savoir « une coopération sécuritaire au Sahel, une coopération judiciaire, une coopération migratoire », ne tiennent aucunement la route.
Ces trois grands chapitres annoncés par Barrot « semblent passer désormais à la trappe avec le dernier épisode de la crise franco-algérienne », a ajouté Driencourt. De son point de vue, « la France ne peut que réagir et procéder à un geste de réciprocité », à propos de l’expulsion de 12 agents de l’ambassade de France à Alger.
Et comme réponse, il suggère de « fermer un ou plusieurs consulats, par exemple Strasbourg, celui qui a refusé de délivrer le laissez-passer consulaire à quatorze reprises » à l’auteur de l’attaque meurtrière de Mulhouse de février dernier, et Créteil d’où est issu le fonctionnaire algérien qui a arrêté Amir Boukhors.
Les consulats d’Algérie en France sont-ils la nouvelle cible de l’extrême-droite ?
Les consulats algériens sont visiblement la nouvelle cible des voix hostiles à l’Algérie en France. Alors que la nouvelle brouille s’annonce rude entre la France et l’Algérie, le journal Le Figaro se demande : « Pourquoi les consulats algériens sont de plus en plus nombreux en France ».
Dans un article paru ce mardi 15 avril, le quotidien s’est intéressé à « la longue liste » des consulats algériens en France : les cinq consulats généraux de Paris, Marseille, Lille, Strasbourg et Lyon et les treize consulats de Créteil, Pontoise, Saint-Étienne, Grenoble, Metz, Toulouse, Nantes, Montpellier, Bordeaux, Nice, Besançon, Nanterre et Bobigny.
Pour trouver la réponse à ce qui motive Alger à étendre ce réseau, le journal a demandé l’avis de Xavier Driencourt qui est à l’origine du débat sur l’abrogation de l’accord de 1968 et de certaines mesures prises par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau contre l’Algérie.
« Depuis que Abdelmadjid Tebboune est au pouvoir, il cherche à structurer la communauté algérienne en France, à la manière de ce qu’a entrepris le président turc Recep Erdoğan avec sa propre diaspora », a-t-il répondu.