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Crise France – Algérie : le verrou Bruno Retailleau saute

Bruno Retailleau perd son poste de ministre de l’Intérieur. Un départ qui pourrait impacter la crise entre la France et l’Algérie.

Crise France – Algérie : le verrou Bruno Retailleau saute
Le départ de Bruno Retailleau de son poste pourrait impacter la crise entre la France et l’Algérie / Facebook - Bruno Retailleau
Riyad Hamadi
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Le grand perdant du dernier épisode de la crise politique en France, c’est lui, Bruno Retailleau, désormais ex-ministre de l’Intérieur. Et avec lui le parti Les Républicains qu’il a entraîné dans de profondes divisions internes.

Pour la relation France-Algérie, c’est au moins un verrou de blocage qui saute. Bruno Retailleau est remplacé par un profil technique, le préfet de police de Paris Laurent Nunez, un descendant de Pieds-Noirs qui ont quitté l’Algérie en 1962.

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La composition du gouvernement Sébastien Lecornu II a été dévoilée dimanche 12 octobre au soir, avec beaucoup de nouvelles têtes.

Sans être une surprise, le fait saillant est le départ de Bruno Retailleau qui, il y a une semaine, a provoqué la chute du premier gouvernement du même Lecornu en contestant publiquement sa composition.

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Pour les observateurs de la scène politique française, Retailleau a joué et perdu. Il a perdu le poste qui lui a permis une grande visibilité, fait voler en éclats l’unité difficilement retrouvée de la droite traditionnelle et hypothéqué tous ses acquis personnels de ces derniers mois en prévision de la présidentielle de 2027.

Avant l’annonce du nouveau gouvernement, la popularité du président des Républicains a reculé de 7 points dans les sondages. Son attitude étant déjà contestée par ses propres députés, Bruno Retailleau se retrouve désormais avec six membres du parti qui ont accepté de siéger au gouvernement et aussitôt exclus de Les Républicains.

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Aujourd’hui, il n’est même plus sûr de conserver la présidence du parti qu’il a conquise en utilisant, entre autres tremplins, l’Algérie.

Retailleau a fait beaucoup de mal à la relation avec l’Algérie et, pour ceux qui souhaitent voir les deux pays renouer le contact, c’est assurément une bonne nouvelle qu’il parte.

La crise est évidemment bien plus compliquée pour être réduite aux agissements d’un ministre de l’Intérieur et il serait une erreur de la personnaliser, mais c’est déjà un verrou de blocage important qui saute.

En février dernier, l’Algérie, par la voix de son président de la République, avait signifié à la partie française qu’elle ne voulait pas de lui comme interlocuteur. “Tout ce qui est Retailleau est douteux compte tenu de ses déclarations hostiles et incendiaires envers notre pays”, avait déclaré Abdelmadjid Tebboune au journal français L’Opinion.

Qui est Laurent Nunez, le successeur de Bruno Retailleau à l’Intérieur ?

Le nouveau ministre de l’Intérieur est, à bien des égards, très différent de Bruno Retailleau : sans passé politique ni attaches partisanes et on ne lui connaît pas la moindre ambition politique ou penchant idéologique.

Fonctionnaire pendant toute sa carrière, son apport au ministère de l’Intérieur sera avant tout technique et il est très peu probable qu’il contrarie la politique du gouvernement et du président sur l’immigration, encore moins vis-à-vis de l’Algérie. Il n’est pas exclu d’ailleurs que ce soit là l’idée d’Emmanuel Macron derrière le choix de ce profil.

Depuis sa nomination à l’Intérieur en septembre 2024, Macron et son chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot ont dû recadrer publiquement et à plusieurs reprises un Bruno Retailleau va-t-en-guerre avec l’Algérie.

En avril dernier, Alger l’a désigné nommément comme le responsable direct de l’échec d’une nouvelle tentative de rapprochement en faisant arrêter par ses services un agent consulaire algérien.

De telles embûches ont moins de chances de se reproduire avec Laurent Nunez. Ce diplômé de l’École nationale d’administration (ENA), n’a presque connu que l’administration si l’on excepte un passage au gouvernement comme secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner entre 2018 et 2020.

Avant de devenir préfet de police de Paris en 2022, il avait notamment exercé les mêmes fonctions à Marseille (2015-2017) et occupé les postes de directeur général de la sécurité intérieure (DGSI) entre 2017 et 2018 et de coordinateur du renseignement et de la lutte contre le terrorisme (2020-2022). À ce titre, il a dû travailler avec ses homologues algériens dans le domaine de la coopération sécuritaire.

Le nouveau ministre de l’Intérieur a un lien direct avec l’Algérie en étant issu d’une famille pied-noir installée dans la région d’Oran à la fin du 19e siècle et qui a été rapatriée à l’indépendance en 1962.

Néanmoins, on ne connaît pas à Laurent Nunez d’affinités avec les milieux nostalgiques de l’Algérie française, ni la moindre déclaration dans ce sens.

Son profil semble en tout cas déplaire à la sphère extrémiste. Le journal d’extrême-droite Valeurs Actuelles s’est empressé de rappeler que le préfet de police qu’il était avait toujours refusé de faire le lien entre immigration et délinquance.

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