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À Dakar, l’Algérie défend le rôle de la Chine en Afrique

À Dakar, l’Algérie défend le rôle de la Chine en Afrique

Sur fond de critiques de la présence chinoise en Afrique, le ministre algérien des Affaires étrangères a défendu la coopération sino-africaine et salué le rôle de la Chine dans le développement de l’Afrique et la lutte contre la pandémie de covid-19.

Ramtane Lamamra s’exprimait à l’occasion de la tenue à Dakar (Sénagal) de la conférence ministérielle du forum de coopération sino-africaine, lundi 29 et mardi 30 novembre.

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Placée sous le thème « Approfondir le partenariat sino-africain et promouvoir le développement durable Chine-Afrique dans la nouvelle ère » la conférence est survenue dans un contexte de montée croissante de la présence chinoise en Afrique, devenue le premier partenaire économique de plusieurs pays du continent.

L’Algérie y est représentée par le ministre des Affaires étrangères. Dans son allocution, Ramtane Lamamra a salué le rôle de la Chine dans la lutte contre la pandémie de covid-19 en Afrique à travers des aides directes ou des projets de partenariat pour la production de vaccins, comme l’usine qui a été ouverte en Algérie en septembre dernier et qui peut, dit-il couvrir une grande partie des besoins du continent.

Le chef de la diplomatie algérienne, qui a rencontré son homologue chinois en marge de ce sommet, a aussi mis en exergue les efforts de la Chine pour financer, à travers différentes formules, des projets de développement en Afrique.

Le ministre algérien a plaidé en outre pour l’adaptation du plan de travail de la conférence (2022-2024) pour faire face aux retombées de la crise sanitaire, appelant aussi à prendre en compte les aspects liés aux questions environnementales, au développement durable et aux impératifs sécuritaires et de prévention des conflits.

Rappelant la profondeur historique des relations algéro-chinoises qui remontent à la guerre de Libération nationale, Ramtane Lamamra a indiqué que l’Algérie « s’efforce de mettre le développement durable au cœur du processus de coopération entre l’Afrique et la Chine et d’en faire la base de notre intégration continentale ».

Premier partenaire économique de la Chine 

L’intervention du chef de la diplomatie algérienne est intéressante à plus d’un titre, car survenant dans un contexte d’attaques et de critiques qui visent la présence chinoise en Afrique, sur fond de lutte d’influence entre la puissance asiatique et les occidentaux.

On décrie notamment le rôle hégémonique de la Chine sur le continent et le poids de la dette qu’elle détient sur certains pays africains.

La Chine est devenue le premier partenaire économique de l’Afrique avec une part de plus de 27% des exportations mondiales vers le continent pour un montant de 111 milliards de dollars, loin devant la France (29 milliards, 7%), l’Allemagne et les Etats-Unis (26 milliards, 6%).

La Chine est aussi le premiers pays en termes de stocks d’investissement détenus dans le continent avec 87 milliards de dollars, devant les Pays-Bas (79 milliards) et la France (53 milliards).

Un déficit de transparence ?

Mais c’est surtout la dette des pays africain envers la Chine qui fait le plus jaser. A l’occasion de cette conférence ministérielle, le président Xi Jinping a promis « d’annuler les dettes non remboursables liées aux prêts intergouvernementaux sans intérêt arrivant à échéance fin 2021, des pays les moins avancés de l’Afrique ».

Mais la dette demeure colossale. Selon le site DW.com, citant les autorités chinoises, ce pays a prêté 153 milliards de dollars aux pays africains entre 2000 et 2019.

Un économiste sénégalais, Mor Gassama, cité par le même média, avance même des « dettes secrètes ». « Jusqu’à présent, nos autorités ne l’ont pas démentie. Encore moins les autorités chinoises », dit-il.

« Les chinois sont moins regardants par rapport aux Européens et aux Américains pour tout ce qui est relatif à la transparence, à la lutte contre la corruption et autres. Ça pourrait être un danger pour ces fléaux mais dans tous les cas, eux, ce qui les intéresse, c’est toujours de trouver des marchés, d’augmenter leur influence sur le continent africain. Par ailleurs, ça pourrait vraiment constituer une désillusion pour le peuple africain », estime l’économiste.

Coïncidant avec la tenue de la conférence de Dakar, une polémique a éclaté en Ouganda concernant justement un prêt chinois. Le gouvernement ougandais et l’ambassade de Chine à Kampala ont dû démentir une information du journal local Daily Miror indiquant que Pékin pourrait prendre le contrôle de l’aéroport international d’Entebbe dans l’agrandissement a été effectué grâce à un prêt de 200 millions de dollars accordé par une banque chinoise en 2015.

En Algérie, en sus des nombreux marchés publics remportés par des entreprises chinoises notamment dans le domaine du BTP, deux mégaprojets ont été initiés en partenariat avec des banques chinoises.

Il s’agit de la construction du grand port de Cherchell (3,3 milliards de dollars) et de l’exploitation d’un important gisement de phosphate à Tébessa (6 milliards de dollars) et de la mine de fer de Gara Djebilet (plus de 2 milliards de dollars).

Lors d’un conseil des ministres tenu en juin 2020, soit six mois après son élection, le président Abdelmadjid Tebboune a instruit le Premier ministre d’étudier le projet du port de Cherchell avec le partenaire chinois « sur de nouvelles bases transparentes ». Jusqu’à présent, les travaux de réalisation de ce port n’ont pas commencé.

La Chine était en 2020 le 1er fournisseur de l’Algérie (avec une part de marché de 17%, soit près de 6 milliards de dollars), suivie par la France (10%) et l’Italie (7%).

 

 

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