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Abderrazak Makri critique Macron : « C’est honteux »

Abderrazak Makri critique Macron : « C’est honteux »

Abderrazak Makri, secrétaire général du MSP a vivement critiqué les déclarations du président français Emmanuel Macron concernant le mouvement populaire contre le pouvoir et la feuille de route du pouvoir.

« Macron a été clair, il a dit qu’ils accompagnent les évolutions et la feuille de route du pouvoir. C’est honteux, qu’y a-t-il à accompagner. Sommes-nous des mineurs ? », a lancé Makri, lors de l’émission TSA Direct de ce mercredi.

Pour lui, la déclaration de Macron a « dévoilé la réalité de la situation », car celui-ci a également déclaré que « la France a toujours été présente pour accompagner les évolutions des élites algériennes ».

« Honteux ! », s’est exclamé Makri pour qui « ceux qui ont permis ça (à la France) sont ceux qui gouvernent l’Algérie ». « Regardez le degré de civisme des Algériens et regardez où vous en êtes arrivés ! Et après, vous venez nous donner des leçons ?! », a lancé le SG du MSP à l’adresse du pouvoir. Il a par la suite exprimé son rejet et celui du peuple de « l’ingérence étrangère et surtout l’ingérence française qui a violé la souveraineté nationale ».

Concernant les visites effectuées par Ramtane Lammara en Russie et en Europe, ainsi que les déclarations des responsables des Affaires étrangères chinois et russes, Makri a affirmé qu’il « y a une couverture internationale de la feuille de route du pouvoir ». « Mais si le peuple est déterminé à imposer le changement, les puissances étrangères ne seront d’aucun secours au pouvoir », a-t-il poursuivi.

Makri a expliqué ces ingérences, notamment l’ingérence française dans les affaires algériennes par des motifs économiques. « L’Algérie est une vache laitière pour l’étranger ». « C’est une élite au pouvoir qui a pillé les richesses du peuple et a construit d’immenses fortunes et l’étranger aussi », a-t-il accusé.

Les démarches entreprises par Ramtane Lamamra à l’étranger correspondent à « une internationalisation » de ce qui se passe en Algérie. Une action « à laquelle le pouvoir, qui la sortait comme une accusation contre ses opposants, y a recours maintenant ». « Nous le refusons et nous ne voulons pas que ça atteigne des proportions telles que ça flirte avec la trahison », a-t-il dénoncé.

Le gouvernement Bedoui « illégitime »

Pour Abderrazak Makri, le gouvernement Bedoui « n’a aucune légitimité » car, selon lui, les manifestations des Algériens sont un « référendum » qui a discrédité le pouvoir, y compris le gouvernement Bedoui-Lamamra.

« Le gouvernement de Bedoui n’est plus légitime. Nous devons comprendre ce qu’est la politique et le mouvement est un référendum, le peuple a dit non au cinquième mandat puis non à Bedoui et non à Ramtane Lamamra. C’est un référendum, ce n’est jamais arrivé avant. Nous n’avons jamais eu d’élection où 20 millions d’Algériens ont voté pour la même chose », a détaillé le SG du MSP.

« La légitimité historique est finie, le pouvoir n’a pas de légitimité populaire, démocratique, il n’a pas de légitimité par la réussite non plus », a-t-il affirmé, expliquant que « si le pouvoir avait réussi le développent, il aurait au moins eu cette légitimité (de la réussite) ». Le pouvoir « n’a même pas de légitimité morale », ajoute Makri, pour qui ceux qui gouvernent l’Algérie « ont créé des oligarques juste avec la commande publique ».

Cette illégitimité du pouvoir explique, selon Makri, les difficultés qu’a Noureddine Bedoui à former son nouveau gouvernement. « Il y a même des blagues qui se racontent sur ça. Les Algériens se disent « si tu reçois un appel anonyme, décroche quand même, il est possible que ça soit Bedoui qui t’appelle pour te proposer un poste de ministre », a raconté Makri pour qui le Premier ministre « trouve de grandes difficultés à former son gouvernement ».

Selon lui, ces difficultés n’existent pas seulement « parce que les gens refusent d’y participer pour des questions d’ordre moral » mais aussi « parce que certains sont opportunistes, ils se disent je vais être ministre d’ici un mois ça sera fini’’ ». « Ce gouvernement, Bedoui, Lammara, Brahimi, n’ont aucune légitimité et s’ils veulent conserver un peu de dignité ils doivent partir », a poursuivi Makri.

Abderrazak Makri a été moins critique envers l’armée car, selon lui, « dans la forme, elle a compris ce que veut le peuple et elle soutient ses revendications ». « Mais dans le fond, est-ce que l’armée protégera ces revendications après la fin de l’ère Bouteflika ? », s’est-il toutefois interrogé.

Cinq principes pour la transition

Le mouvement populaire « n’a pas besoin d’encadrement », selon Abderrazak Makri. « Il est impossible de l’encadrer et tenter de le faire va le plonger dans des dissensions. Les revendications du mouvement sont claires, le pouvoir n’a besoin d’aucun intermédiaire pour les comprendre. Mais les élites peuvent contribuer, par un débat entre elles, sur une feuille de route pour la transition démocratique. Ce n’est pas une tutelle sur le peuple ou son mouvement mais une responsabilité à assumer », a dit Makri à ce sujet.

Le maintien du caractère non-violent de la révolte populaire contre le système est un des cinq principes que Makri propose pour la transition. Les quatre autres sont, selon lui, la fin de l’ère Bouteflika « sous tous ses aspects », « pas d’élections sans réformes », « une période de transition ou de réformes gérée non pas par le pouvoir mais par des personnes qui jouissent de l’adhésion du mouvement populaire », et « pas d’ingérence étrangère ».

Quant à savoir si la Constitution doit être révisée avant ou après les élections, ou si les réformes qui doivent être engagées avant les élections doivent se cantonner aux questions urgentes et d’ordre pratique ou, au contraire, être plus profondes, Makri pense qu’il faudra en décider par un « consensus ».

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