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Activité d’assemblage : pourquoi c’est un peu trop beau pour être vrai

Activité d’assemblage : pourquoi c’est un peu trop beau pour être vrai

L’information est passée inaperçue mais elle est d’importance. Fin décembre dernier, l’agence d’information financière Bloomberg rapportait que la société sud-africaine Onxy Connect était devenue le « premier fabricant de smartphone en Afrique ».

Selon Bloomberg, la société, basée à Johannesburg, venait d’obtenir la licence de Google pour intégrer les logiciels Android et Chrome dans ses appareils qu’elle commercialisera sous sa propre marque ou pour des tiers.

Si Onxy Connect est le seul vrai fabriquant de smartphone en Afrique, en Algérie au moins trois entreprises revendiquent le statut de fabriquant de téléphones intelligents et de tablettes : Condor, Iris et Géant. Ces entreprises sont présentes partout, avec leurs produits qu’elles présentent comme de la production locale. Elles poussent les choses jusqu’à participer à des salons internationaux pour exposer leurs « innovations algériennes », y compris dans des domaines très pointus comme la réalité virtuelle.

Ces entreprises ne font pas que des téléphones, des tablettes et des casques de réalité virtuelle. Elles ont en commun d’être présentes dans l’électroménager et l’électronique grand public (téléviseurs, produits informatiques…).

En fait pour tous leurs métiers, ces entreprises utilisent le même procédé : elles importent des kits – souvent en provenance de Chine – qu’elles assemblent en Algérie avant de les commercialiser sous leur propre marque. Avec un peu de marketing et de confusion, et en l’absence de vrais contrôles, ces produits deviennent des « made in Algeria »

L’activité de montage bénéficie de plusieurs avantages douaniers et fiscaux. Elle est soumise à taux réduit. Au total, 60 opérateurs y activent dans différents secteurs dont l’automobile, depuis peu. Les entreprises concernées affirment en général atteindre des taux d’intégration élevés.

Mais le gouvernement n’est pas de cet avis. Selon un rapport officiel du ministère de l’Industrie, « le taux d’intégration moyen ne dépasse pas 20% hors filière automobile, tandis que le taux de couverture du marché se situe entre 35% et 40% ». Reste à savoir ce que le ministère comptabilise dans ce taux d’intégration. Dans le cas de l’automobile par exemple, même les notes de frais de restauration d’un manager peuvent y être incluses.

En plus de bénéficier d’avantages fiscaux et douaniers, cette activité est très consommatrice en devises. « À l’inverse de ce qui était attendu du dispositif SKD/CKD, les importations en termes de valeurs de kits d’assemblage et de montage n’ont cessé d’augmenter durant ces trois dernières années pour atteindre près de 2 milliards de dollars en 2016, contre plus de 1,42 milliard de dollars en 2015 et plus de 851 millions de dollars en 2014 », pointe le rapport.

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En face, même si des marques ont annoncé des stratégies dans l’export, les exportations sont dérisoires. Les exportations « sont restées quasi-nulles avec des montants ne dépassant pas les 45.019 dollars en 2014, 69.239 dollars en 2015 et 314.185 dollars en 2016. Pour les cinq premiers mois de 2017, ce montant est estimé à 146.922 dollars », précise le document.

Enfin, l’impact sur la création d’emplois est à relativiser : 20.000 emplois pour 60 opérateurs, c’est en moyenne 333 employés par entreprise. Chaque emploi représente une dépense en devise de…100.000 dollars en 2016. C’est cher payé pour une activité qui n’exporte pas et ne contribue pas à un transfert technologique.

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