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Ahmed Benbitour : « On peut considérer qu’on est toujours dans le cinquième mandat »

Ahmed Benbitour : « On peut considérer qu’on est toujours dans le cinquième mandat »

Ahmed Benbitour ne croit pas au dialogue dans la conjoncture actuelle et préfère parler de « négociations ». « Le dialogue n’apportera aucune solution », a-t-il affirmé lundi soir sur le plateau de Berbère TV.

« Nous félicitons toute initiative, mais la plupart entrent dans le cadre du dialogue. Dialoguer sur quoi ? Les positions sont claires, il y a un pouvoir et un hirak qui réclame son départ. Il faut donc des négociations sur le changement du système d’autant qu’il y a un rapport de force en faveur du hirak qui lui permet d’imposer ses vues », explique l’ancien chef de gouvernement.

« L’expérience de Mazafran I et II est un exemple patent de la non-nécessité du dialogue. Le pouvoir aurait dû saisir l’opportunité pour engager le changement. Aujourd’hui, le hirak a imposé une autre forme de revendication. Je ne vois pas d’utilité dans cette voie (le dialogue, NDLR) », ajoute-t-il, dénonçant ceux qui ont inclus son nom dans la liste des personnalités proposées pour mener le dialogue. « Par correction, ils devaient me consulter d’abord », estime-t-il.

Benbitour estime que le hirak doit au moins se doter d’une feuille de route et se dit disposé à apporter sa contribution. « Le yetnehaw gaâ ça marche pour la communication, mais il faut avoir la responsabilité de dire que nous avons une gouvernance qu’on va remplacer par une autre qui est performante. S’ils ont besoin de gens pour faire cette feuille de route, je suis disponible, mais que les choses soient claires, ce n’est pas pour leur enlever la priorité, c’est pour les aider et pas pour les remplacer », indique-t-il.

Pour illustrer la nécessité pour le hirak de se doter d’un programme et de leader, il rappelle que très peu d’acquis ont été réalisés jusque-là et affirme qu’on « peut considérer qu’on est toujours dans le cinquième mandat puisque les tenants du pouvoir n’ont pas répondu positivement aux revendications ».

« On a vu à travers l’expérience de l’Égypte et de la Tunisie que quand la population occupe des endroits stratégiques de la capitale, elle peut faire partir le chef de l’État même si elle n’a pas de programme et de leader. En Algérie, le chef de l’État est parti mais nous n’avons pas réalisé le changement parce qu’il n’y avait pas de programme et de leadership », soutient-il.

« On ne peut pas emprisonner les gens pour leurs idées »

Il indique aussi qu’il est dans l’intérêt des tenants du pouvoir de comprendre, à partir des expériences citées, que les choses ont changé. « Ces chefs d’État et ces gens du pouvoir ont investi de façon importante à l’extérieur et on peut considérer que s’il y a une situation difficile, ils pourraient aller vivre le paradis de l’exil. On a vu que ce n’était pas possible, s’il y a des problèmes chez vous, aucun pays ne vous acceptera, il faut qu’ils le comprennent pour leur sauvegarde. Aussi, ils ont mis en place des systèmes de sécurité importants et pensent qu’ils peuvent freiner les gens dans la rue, mais on a vu que ces instruments sont plus du côté du peuple. Il faut qu’ils comprennent qu’ils doivent dans leur propre intérêt se préparer à une négociation pour leur départ », conseille-t-il.

Abordant la question des détenus d’opinion, Benbitour juge la situation « inacceptable ». « C’est une situation inacceptable. Brandir un drapeau, c’est exprimer une idée, on ne peut pas juger les gens pour leurs idées. Si un grand moudjahid livre son analyse sur la situation du pays, même s’il se trompe, on ne peut pas le mettre en prison. Comment peut-on emprisonner quelqu’un qui fut un officier supérieur de l’ALN ? C’est une grande erreur de mettre en prison des gens qui ont brandi un drapeau ou qui ont exprimé leurs idées », assène-t-il.

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