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Air Algérie : Boultif répond à Bouabdallah et assène ses vérités

Air Algérie : Boultif répond à Bouabdallah et assène ses vérités

Air Algérie souffre de plusieurs maux depuis longtemps et l’un d’entre eux est le sureffectif, a affirmé Mohamed Salah Boultif, ancien PDG de la compagnie, ce dimanche 4 mars, lors d’une émission de Radio M.

Le ratio employés/aéronefs d’Air Algérie est, selon M. Boultif « hors normes » mais les chiffres actuels ne reflèteraient pas la réalité et la méthode de calcul noircirait le tableau, selon lui.

« Chez Air Algérie, comme on n’a pas conclu la filialisation, on n’a pas un groupe constitué, c’est une entreprise où toutes les fonctions sont centralisées, mise à part le catering qui a été filialisé en 2015 », a nuancé M. Boultif.

Pour lui, la comparaison avec la Royal Air Maroc n’est pas justifiée car cette dernière est filialisée et les 3100 employés qu’on lui attribue appartiennent à la seule compagnie aérienne.

« Si on prend en compte tout le personnel des filiales, je pense qu’au niveau de la RAM, on doit tourner autour des 7000 à 8000 employés », a-t-il expliqué, qui attribue ainsi à la compagnie aérienne marocaine un ratio employés/aéronefs proche de celui d’Air Algérie.

Une filialisation qui tarde à se concrétiser

La filialisation d’Air Algérie est un projet de longue date qui n’a toujours pas été concrétisé, mise à part pour la partie catering qui s’est séparée de la compagnie mère depuis 3 ans, avec la création d’une nouvelle filiale : Air Algérie Catering. Celle-ci fournit les repas, non seulement aux passagers d’Air Algérie, mais également à ceux de Tassili Airlines ou encore, depuis peu, à la SNTF.

Ce retard dans la filialisation d’Air Algérie est, selon l’ancien PDG, essentiellement dû au manque de stabilité à la tête de la compagnie et à l’absence de continuité dans ses orientations.

« J’ai déjà déploré que ça n’ait pas été poursuivi, quand il y a un plan de développement il faut qu’il soit suivi quelle que soit la composante humaine. Il faut qu’on apprenne que quand un responsable part, il faut assurer la continuité », a regretté M. Boultif.

Les résistances internes au changement ont également freiné le projet de filialisation de la compagnie aérienne nationale. « Les travailleurs ont peur du changement et de la perte de leur statut de travailleurs d’Air Algérie et des avantages qui vont avec, comme les billets d’avion gratuits », a expliqué M. Boultif.

Mais d’autres raisons, plus mystérieuses seraient à l’origine de ce blocage. L’opération qui devait mener à la création de cinq filiales n’a abouti qu’à la création effective de la filiale catering et à la création sur papier de la filiale cargo.

« Air Algérie cargo a été créée, l’assemblée constitutive s’est tenue de mon temps et ça fait maintenant trois ans qu’elle n’a pas démarré », a affirmé M. Boultif qui s’est étonné que la filiale cargo, « centre de profit » éventuel pour Air Algérie ne soit pas encore opérationnelle alors que la compagnie a acquis deux Boeings 737-700 destinés au cargo mais qui sont, aujourd’hui, principalement utilisés pour le trafic passagers.

Insinuant que le blocage de la création effective de la filiale cargo est lié à l’intention d’opérateurs privés d’investir ce créneau, l’ancien PDG d’Air Algérie a déclaré : « En lisant ces derniers temps qu’il allait y avoir des privés qui vont investir ce créneau je me suis dit que c’est pour ça (qu’Air Algérie Cargo n’a pas été lancée) ».

L’affaire du nouveau siège d’Air Algérie

Le projet de construction du nouveau siège d’Air Algérie à Bab Ezzouar (est d’Alger), lancé en 2011, a été accordé à SMI, une entreprise canadienne. Celle-ci ne construira jamais le siège et la résiliation de son contrat en juin 2013 mènera à une procédure d’arbitrage international au terme de laquelle Air Algérie a été condamnée à verser 1,5 milliard de dinars à l’entreprise canadienne.

| LIRE AUSSI : Affaire du nouveau siège d’Air Algérie : Bouabdallah se défend et charge Boultif

L’affaire est revenue au-devant de la scène cette semaine, avec la publication par Wahid Bouabdallah d’une tribune, dans le quotidien El Watan du lundi 26 février, dans laquelle il impute la responsabilité du préjudice subi par l’Algérie à Boultif, son successeur à la tête de la compagnie aérienne nationale.

« Empêtré dans un projet rendu, de son propre fait, à la dérive, mon successeur a tenté par tout moyen de m’attribuer la responsabilité du désastre en propageant à mon encontre des allégations mensongères. À cet égard, il importe de souligner que le Comité national anti-corruption, qui s’est saisi de l’affaire suite à ces allégations m’a lavé de tout soupçon », a écrit M. Bouabdallah.

Il a accusé M. Boultif d’avoir exclu de la compagnie « la seule personne qui constituait la véritable mémoire vivante du projet » et d’avoir « fait partir de l’entreprise les cadres de la direction générale qui maîtrisent le sujet ».

Des accusations balayées du revers de la main par Boultif. « Je suis arrivé à la compagnie le 19 juin 2011, contrairement à ce que dit mon prédécesseur qui assure que je suis arrivé en février 2011 », a précisé M. Boultif qui se décharge ainsi de la responsabilité de la conclusion du contrat avec la société canadienne, contrat daté du 10 février 2011.

Pour M. Boultif, les manquements venaient surtout de la société chargée de réalisation du projet qui « n’a pas acquis le marché de manière tout à fait claire ». Celle-ci n’était pas, d’après lui, une entreprise de construction mais une compagnie d’ingénierie qui n’avait pas de « références en matière de construction ».

SMI a alors dû s’associer avec deux autres entreprises canadiennes pour être en mesure de réaliser le projet. Lorsque l’une des deux entreprises associées s’est retirée, SMI s’est retrouvée dans l’incapacité d’honorer le contrat, a expliqué M. Boultif.

D’autres anomalies, voire malversations ont été dénoncées par l’ancien PDG d’Air Algérie, à l’image de celles constatées lors de la procédure du premier appel d’offres pour la réalisation du nouveau siège de la compagnie et à la phase finale duquel étaient qualifiées deux entreprises, dont l’une était Cosider.

L’appel d’offres a été « déclaré infructueux de façon illégale alors qu’on évaluait la partie technique et qu’on n’était pas arrivés à la partie financière », a affirmé M. Boultif.

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