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Air Algérie doit apprendre à gagner de l’argent

Air Algérie doit apprendre à gagner de l’argent

TSA
L’aéroport est tellement submergé de voyageurs que certains, pour se reposer un peu, s’assoient sur des escaliers. Les quais d’embarquement sont pris d’assaut par un essaim de voyageurs qui font la queue pour composter leur départ.

Voilà un élément, ce n’est pas le seul certainement, qui explique en partie la situation de quasi banqueroute dans laquelle se trouve Air Algérie. Sans les interventions répétitives des pouvoirs publics qui le mettent sous perfusion (rien qu’en juillet dernier, le gouvernement a mis dans les caisses de la compagnie la coquette somme de 2 milliards de dollars dont 60% sera consacré au renouvellement de sa flotte qui compte 30 appareils !), le pavillon national aurait déjà mis la clé sous le paillasson depuis longtemps.

Alors que des centaines d’émigrés voulant rentrer en France ou dans un autre pays européen, sont bloqués à l’aéroport international d’Alger faute du fameux sésame qui leur permet de prendre enfin le vol, les dirigeants de la compagnie n’ont presque pas bougé le petit doigt pour trouver une solution à ce problème, laissant le soin à leurs agents affectés à l’aéroport international faire face, seuls, à la colère des clients et parer au plus pressé.

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Seul décision prise pour absorber le flux de clients : l’augmentation de quatre du nombre de vols de la compagnie qui a ainsi mobilisé toute sa flotte. Mais pas un seul avion n’a été affrété, a révélé, avec un soupçon de fierté, hier dans l’émission Kahwa ou djornane’’ de la chaîne Ennahar, le chef de division des affaires générales de la compagnie aérienne nationale, Reda Toubal Seghir, en assurant qu’un million huit-cent milles places sont mises sur le marché pour les lignes extérieures qui ont enregistré un flux d’un million et deux-cent cinquante milles voyageurs. Autrement dit, selon le responsable, l’offre dépasse la demande de 550 000 places.

Comment expliquer alors tout ce beau monde qui prenait d’assaut chaque jour pour dénicher un vol en partance vers l’étranger ? M. Toubal ne le dit pas. Mais le problème est ailleurs. C’est-à-dire cette attitude « suicidaire », économiquement s’entend, de la compagnie publique qui, avec son bureaucratisme et son immobilisme, a tout bonnement « craché » sur une manne providentielle qui lui aurait peut-être permis de couvrir une bonne partie de ses frais annuels.

Jusqu’à preuve du contraire, Air Algérie est avant tout une entreprise commerciale qui se doit d’être à l’affut de la moindre opportunité pour faire du profit et du chiffre d’affaires. C’est ainsi qu’elle va assurer sa survie et les emplois de ses agents. Une entreprise étatique, certes, qui assure aussi un service public, Air Algérie doit absolument redevenir une entreprise économique normale et performante surtout. Elle doit apprendre à gagner de l’argent, assurer elle-même sa rentabilité (le challenge est tout à fait à sa portée surtout que le ciel algérien est toujours fermé à la concurrence) et non pas compter indéfiniment sur les aides de l’État pour couvrir ses déficits abyssaux et se maintenir artificiellement en vie.

À vrai dire, la balle est aussi dans le camp des pouvoirs publics qui doivent accorder plus d’autonomie de gestion aux dirigeants d’Air Algérie avec un cahier des charges clair et bien entendu une obligation de résultats. C’est à ce prix qu’Air Algérie redorera son blason auprès de ses clients et en deviendra une entreprise sérieuse et, de surcroît, rentable. Bien entendu, elle doit absolument se débarrasser des mauvaises habitudes (laisser-aller, népotisme, effectif pléthorique, etc.) qui ont jusqu’ici rendu impossible son essor.

Autre chose : alors qu’une bonne partie de sa clientèle est dans le désarroi, le PDG d’Air Algérie s’est inscrit aux abonnés absents. Pas un mot de sa part ou une visite à l’aéroport (pourquoi pas) pour rassurer un tant soit peu les voyageurs et surtout nouer un lien de confiance entre la compagnie publique et sa clientèle. C’est son rôle car ça y va de la crédibilité de son entreprise.

Malheureusement, rien de ça ne s’est produit et c’est le ministre des Travaux publics et des Transports Abdelghani Zaalane lui-même qui a essayé, dimanche 2 septembre, tant bien que mal de rassurer les émigrés en promettant d’en finir avec le problème aujourd’hui ou demain. Une promesse qui, malheureusement, ne sera pas tenue. Aucun billet n’est disponible à la vente en direction de la France avant le 15 septembre.

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