Sur la côte est d’Alger, entre mer et modernité, Bordj El Kiffan, autrefois connue sous le nom de Fort de l’Eau, émerge aujourd’hui comme une ville qui surprend par ses couleurs éclatantes et ses fresques murales qui semblent épouser celles des villes d’Amérique latine.
Située à environ 15 km d’Alger entre l’embouchure de l’oued El-Harrach et le cap Matifou, elle attire aujourd’hui les regards avec une palette chromatique et des fresques murales éclatantes, qui habillent certains recoins de la ville comme la cité Ali Khodja. Les façades des villas, boutiques, immeubles…sont devenues des toiles d’expression artistique. Des artistes peintres se sont illustrés par de magnifiques fresques et tableaux muraux.
Les internautes se sont emparés de certaines vidéos mettant en scène le changement de look de la ville, communément appelée Fort de l’Eau. Quelques-uns la comparent aux villes latino-américaines à l’image de La Havane au Cuba.
Alger, Bordj el Kiffan surprend avec des façades colorées
« Bordj El Kiffan va devenir un trend », assure un internaute partageant une vidéo exhibant le nouveau look de la ville. Cependant, les commentaires sont mitigés. Entre ceux qui approuvent et applaudissent ce changement et ceux qui ont mis des critiques acerbes, les couleurs chatoyantes arborées par les bâtiments de la ville ne sont pas du goût de tout un chacun. « Vaut mieux contempler ces maisons hautes en couleur que de les regarder fades et monotones comme autrefois », peut-on lire dans les commentaires de ladite vidéo.
Les façades des maisons de Bordj El Kiffan, dans la capitale algérienne, se parent de couleurs vives, reflétant la beauté et la vitalité de la ville.#Algérie pic.twitter.com/KYgwSIR5yY
— بوابة الجزائر – Algeria Gate (@algatedz) May 27, 2025
Loin des tons neutres des grands ensembles urbains algériens, ce quartier populaire réinvente son identité visuelle, teintée de bleu vif, jaune soleil, rose pastel et vert turquoise, à l’image des villes comme Cartagena, Valparaiso ou encore la Boca à Buenos Aires.
Un vent de renouveau souffle sur les ruelles de cette station balnéaire prisée pendant la période coloniale. Les façades ternes se sont transformées en tableaux vivants. « Un peu de couleur dans ce monde en noir et blanc, cela fait plaisir », écrit Ouar Lamine sur la page Facebook ″Les meilleurs et les pires coins d’Algérie″ ayant relayé quelques photos de la ville de Bordj El Kiffan.
« C’est bien et beau, mais sans une stratégie des autorités compétentes et une application des lois et règles d’urbanisme et d’architectures par région et culture … ça reste des actions isolées vouées à disparaître rapidement laissant la place aux déchets sur la route et mocheté sur les murs », commente You Kar, avec scepticisme, dans la même page.
« Ce que l’on observe à Bordj El Kiffan dépasse la simple esthétique : c’est une révolution douce, où la couleur devient outil de transformation sociale. Elle attire les regards, les caméras, mais surtout les sourires. Elle rappelle que la beauté urbaine n’est pas l’apanage des grandes capitales riches, mais qu’elle peut naître de la volonté d’un peuple à s’exprimer et embellir son monde mur par mur », nous explique, Salem architecte.