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Alger et Moscou cherchent à renforcer leur partenariat stratégique

Alger et Moscou cherchent à renforcer leur partenariat stratégique

Dmitri Medvedev, premier ministre russe, a pris lui-même des photos d’Alger avant de quitter la ville, au bout d’une visite de travail de deux jours. Medvedev est le premier haut responsable étranger reçu par le président Abdelaziz Bouteflika depuis mars dernier.

Un partenariat stratégique

C’est peut-être le signe de l’importance que donne l’Algérie à ses relations avec la Russie. Les deux pays sont liés par un partenariat stratégique depuis 2001, date de la première visite du président Bouteflika à Moscou, suivie d’une deuxième en 2008.

À Alger, Medvedev, qui a également été reçu par son homologue Ahmed Ouyahia, a insisté sur l’idée de donner plus de contenu à ce partenariat en élargissant les secteurs de coopération. Ouyahia a annoncé, lors d’une conférence de presse commune, la signature de cinq accords dans les domaines de la justice, de la santé, des hydrocarbures, de la formation professionnelle et du nucléaire civil.

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Moscou entend proposer son expertise et sa technologie à l’Algérie pour le développement de l’énergie atomique pour des buts non militaires. En la matière, l’Algérie a déjà signé d’autres accords similaires avec l’Argentine, la Chine, la France et les États-Unis. Une diversification qui vise à donner des assurances à la communauté internationale compte tenu de la sensibilité du dossier.

Réserves en uranium

L’Algérie possède deux réacteurs nucléaires expérimentaux dans les régions d’Alger et de Djelfa, et possède des réserves prouvées d’uranium dans le Sud. Le Commissariat à l’énergie atomique (Comena) a signé un accord avec la société russe Rosatom pour « un échange d’expériences dans le domaine nucléaire ». L’Algérie entend utiliser les différentes possibilités qu’offre l’énergie atomique pour la recherche sur le développement du dessalement d’eau, de l’agriculture et de la santé.

L’Algérie et la Russie envisagent d’élargir leur coopération à d’autres secteurs. « Nous avons ouvert d’autres ateliers dans les domaines des mines, de l’industrie, de l’agriculture, du tourisme et de l’enseignement supérieur. Cela s’ajoute à ce qui a été décidé lors de la réunion de la commission mixte réunie à Alger fin septembre. Nous nous sommes entendus pour que l’Algérie envoie une délégation de chefs d’entreprises publiques et privées en Russie pour poursuivre les discussions avec leurs partenaires », a annoncé Ahmed Ouyahia, confirmant la densification stratégique de la relation avec la Russie.

Pour sa part, Sonatrach a signé un mémorandum d’entente avec la société russe Transneft pour coopérer dans le domaine du transport des hydrocarbures par canalisation.

Stabiliser les prix du pétrole

Medvedev a rappelé à Alger que les économies algérienne et russe s’appuient sur le pétrole et le gaz naturel. « Nous sommes donc concernés par la diversification de l’économie et par la recherche de nouvelles voies de coopération dans ce sens. C’est le but de la signature des nouveaux accords à Alger », a-t-il déclaré.

Le responsable russe a évoqué la nécessité de « coordonner les efforts » au niveau international dans le domaine pétrolier. « Les positions algérienne et russe sont totalement convergentes sur la baisse de la production conformément à ce qui a été convenu à Vienne. Nous souhaitons poursuivre ces efforts et continuer à discuter de la question avec tous les pays concernés. Il importe au plus haut point de suivre la mise en œuvre de cet accord par tous les partenaires »a déclaré le Premier ministre russe, cité par l’agence APS.

Il a estimé que le respect des pays producteurs et exportateurs du pétrole des niveaux de production fixés par l’accord de Vienne aidera « à stabiliser les marchés pétroliers et les prix à des niveaux raisonnables, permettant d’accroître les recettes et de créer ainsi de nouvelles opportunités de croissance ».

Pays non-membre de l’OPEP, la Russie a accepté de se joindre aux efforts internationaux en vue de stabiliser les prix du pétrole, après l’effondrement historique des cours à partir de l’été 2014.

Contrats militaires

En plus du pétrole, Medvedev a déclaré que la Russie voulait soutenir l’Algérie dans le développement de la technologie de pointe y compris dans le domaine spatial.

L’Algérie négocie également avec la Russie l’achat, en 2018, de Sukhoï Superjet 100 (SSJ100), des avions de transport régional du même type que les ATR mais d’une capacité plus grande, et d’Irkut MS21, des appareils moyen-courrier (de 150 à 210 places). La Russie entend développer sa coopération dans le secteur de la construction navale, le transport maritime et la sécurité du réseau des transports.

Des exportations insignifiantes vers la Russie

Malgré ce niveau de coopération, les exportations algériennes vers la Russie sont insignifiantes, à peine 5 millions de dollars annuellement, selon Riad Amour, président du Conseil d’affaires algéro-russe.

« Ce pays importe presque 90% de ses fruits et légumes. Nous sommes allés avec une délégation de 100 chefs d’entreprises algériennes pour voir de près ce marché. Nous avons visité la Food City où se regroupe les grossistes des produits alimentaires. Nous avons constaté que les produits algériens ont leur place dans ce marché. Les russes nous ont demandé de faire des propositions pour entamer l’exportation. Mais les choses avancent lentement. L’exportation est une opération complexe. Il s’agit d’entrer en concurrence avec des puissances telles que la Chine, l’Iran, la Turquie …», a expliqué Riad Amour, dans une interview accordée à la radio nationale Chaîne Une.

Il a évoqué des difficultés liées au transport maritime, « peu développé chez nous », a-t-il dit. Il a parlé aussi de l’inexistence de conteneurs frigorifiques, ce qui rend complexe le transport des produits frais.

Les russes sont, selon lui, prêts à acheter de grandes quantités de produits agricoles algériens. En 2016, l’Algérie a entamé l’exportation de la pomme de terre vers la Russie mais l’opération est freinée en raison de l’instabilité des prix localement. Riad Amour a estimé que l’Algérie peut exporter d’autres produits de qualité comme les dattes, à condition d’y mettre « les moyens nécessaires ».

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