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Algérie : cette menace qui pèse sur les plus grands vergers de pommes

Les prix des pommes en Algérie demeurent élevés. Pour les faire baisser, il faut augmenter la production, mais les agriculteurs sont confrontés à un problème de taille.

Algérie : cette menace qui pèse sur les plus grands vergers de pommes
Par Sasha Pleshco / Unsplash
Djamel Belaid
Durée de lecture 3 minutes de lecture
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En Algérie, la prochaine récolte de pommes se profile à l’horizon et la question de leur prix revient au-devant de l’actualité. Un producteur de pommes de Bouhmama (Khenchela) a récemment fait part sur les réseaux sociaux de son analyse du marché de la pomme. La baisse des prix devrait attendre à moins de trouver plus d’eau pour irriguer les arbres.

Ce producteur s’est exprimé lors d’un échange avec le responsable de la « Coopérative de Bouhmama », une structure qui encourage la plantation de pommiers. La discussion a été filmée et partagée sur la page « Tout sur l’Agriculture ».

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Sa particularité réside dans un partenariat avec des experts polonais qui a permis le développement de plantations de pommiers à forte densité avec des variétés à haut rendement. Autre avantage, une entrée en production précoce qui permet un retour sur investissement rapide. Résultat, la région de Bouhmama s’est couverte de vergers. A flanc de colline des terrasses ont été aménagées pour être plantées et des bassins tapissés de géomembrane ont permis de constituer des réserves d’eau.

 

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L’Algérie ne produit pas assez de pommes

 

Dans son verger à la végétation luxuriante, le producteur se prête au jeu des questions-réponses. Partout dans le verger, des arbres aux fruits généreux et au sol une herbe grasse.

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A la question des prix, d’emblée le producteur indique : « Il est vrai que les prix sont élevés pour les ménages à faible revenu. La cause réside dans le manque de production. Celle-ci n’est pas suffisante pour faire baisser les prix. »

 

Il ajoute : « Dans le cas des oranges, leur prix a baissé jusqu’à 100 DA et voir 70 DA au détail. Même chose ces jours-ci avec l’entrée en production du raisin à 120 – 100 DA le kilo au détail. Ce qui signifie que les prix de gros sont à 50-60 DA. » Puis il conclut : « Que ce soit ces fruits ou des légumes comme la pomme de terre, le principe est le même c’est une question d’offre et de demande. Si la production est faible, les prix sont élevés. »

Les pommes présentent la particularité de pouvoir être conservées jusqu’à 8 mois en chambre froide ce qui permet un approvisionnement du marché toute l’année. Une conservation qui peut également encourager des pratiques spéculatives.

L’agriculteur fait remarquer que le stockage des pommes en chambre froide ne s’improvise pas. Il indique que certains s’y sont lancés sans s’apercevoir que les fruits qu’ils voulaient conserver été carencés ou infectés par des insectes. Une situation qui aurait causé d’importantes pertes.

 

« Le problème essentiel, c’est l’eau »

 

Poursuivant son raisonnement, le producteur argumente : « Pour produire plus de pommes, il faudrait des investissements importants. Il y a de la terre et des investisseurs qui ont des moyens financiers. Mais le problème essentiel, c’est l’eau. »

Il révèle que les propriétaires de vergers ont de graves problèmes pour arriver à irriguer leurs arbres : « Ils ne peuvent plus augmenter leur surface. »

Selon lui, le problème réside dans l’origine de la ressource en eau : « A Bouhmama, on dépend essentiellement de l’eau des nappes souterraines. Auparavant, il fallait forer jusqu’à 60 – 70 mètres pour trouver de l’eau. Mais avec le développement des surfaces plantées de pommiers, maintenant il faut aller chercher l’eau plus en profondeur. »

Puis, il assène : « Et maintenant, il se pose un nouveau problème : la salinité de l’eau. Ce sel qui est présent dans l’eau représente un gros problème. »

Son interlocuteur ne l’interrompt pas. Il poursuit : « La solution passe par les retenues collinaires. On se situe dans une région montagneuse et les services des forêts ont recensé 90 sites possibles pour l’édification de tels ouvrages, mais à ce jour aucun d’entre eux n’a été réalisé par l’Etat. »

Aussi selon ce producteur, «pour augmenter les surfaces et faire baisser les prix, l’Etat doit construire ces retenues collinaires. »

Il semble que les producteurs de la région souhaitent participer à ces constructions. Chose que l’agriculteur confirme : « Si des investisseurs souhaitent réaliser des retenues collinaires avec leurs propres moyens financiers, la loi le leur interdit. »

Ces retenues représentent une alternative au rabattement des nappes d’eau. Une partie de l’eau ainsi stockée s’infiltre et permet de recharger les nappes.

Cependant ce type d’aménagement implique de préserver la végétation en amont pour réduire l’érosion et donc de réduire le pâturage sauvage des moutons. Selon des spécialistes, la durée de vie de ces ouvrages est en moyenne de 40 ans mais certains ont été envasés après seulement 4 années de service.  Plusieurs études montrent que le manque d’eau peut être combattu par une meilleure utilisation de l’irrigation par goutte à goutte. La profusion d’herbe observée au pied des pommiers de l’agriculteur révèle une sur-irrigation liée à des goutteurs mal réglés.

Ces dernières années, dans le cadre de la coopération algéro-hollandaise, des chercheurs ont montré à El Oued que dans des champs de pommes de terre, il est possible de réaliser des économies d’eau. Cela grâce à l’emploi de capteurs d’humidité installés au sol et d’une mini-station météo reliés au système d’irrigation.

En absence d’une politique active de construction de retenues collinaires, l’extension des vergers de pommiers à Bouhmama n’est plus d’actualité, de même qu’une éventuelle baisse des prix de la pomme. A moyen terme, la production pourrait être compromise par la salinité à moins de définir des quotas de production et donc des quantités d’eau prélevées dans la nappe par chaque agriculteur.

En avril dernier, le gouvernement a décidé de plafonner les pris de la pomme à 450 dinars le kilogramme, après avoir flambé jusqu’à 1300 dinars.

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