Rien ne va plus entre Alger et Paris depuis que les deux capitales sont entrées dans une nouvelle phase de tensions, à la mi-avril. Deux jours après les déclarations du chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot indiquant que la relation était toujours « bloquée », la porte-parole du gouvernement français a confirmé l’impasse. Les seules négociations envisagées porteront sur le “durcissement” de la “riposte graduée” chère au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
“A ce stade la situation est bloquée”, a indiqué lundi 5 mai le ministre français des Affaires étrangères sur RTL, imputant “la responsabilité” aux autorités algériennes et expliquant que la détention de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et l’expulsion de 12 agents consulaires français “ne facilitent pas le contact”. L’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, rappelé à la mi-avril, est toujours à Paris, a-t-il fait savoir.
Algérie – France, l’impasse
Des propos de Barrot, il en est ressorti que la France veut notamment le retour à leurs postes des 12 agents consulaires français, mais aussi “un geste humanitaire” en faveur de Boualem Sansal.
Après huit mois de crise, Alger et Paris ont entrepris début avril dernier un processus de réchauffement, avec la visite en Algérie de Jean-Noël Barrot. Le rapprochement a toutefois été vite contrarié par l’arrestation et l’incarcération en France d’un agent consulaire algérien. Alger a riposté par l’expulsion de 12 agents parmi les employés de l’ambassade et des consulats de France placés sous l’autorité directe du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, désigné par le ministère algérien des Affaires étrangères nommément comme le responsable de ce retour à la case départ de la relation bilatérale.
Paris évoqué la riposte graduée vis-à-vis de l’Algérie et “probablement la durcir”
Paris a répondu le 16 avril par une mesure similaire, expulsant 12 agents consulaires algériens et rappelant son ambassadeur en Algérie. Ces mesures réciproques sont qualifiées par les observateurs de sans précédent depuis les accords d’Evian et l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Ces retombées de la crise ont éclipsé, dans les exigences françaises, les dossiers en suspens qui ont été à l’origine de la brouille, comme la question des reconduites aux frontières des clandestins algériens en France.
Ce mercredi 7 mai, la porte-parole du gouvernement français a confirmé le blocage. “Effectivement, la situation est bloquée aujourd’hui avec l’Algérie”, a déclaré Sophie Primas en conférence de presse à la sortie d’une réunion du conseil des ministres. La responsable n’a pas fait état d’initiatives ou d’efforts en cours qui permettent d’entrevoir une possible prochaine sortie de crise. Au contraire, elle a mis en avant presque explicitement la menace d’aller encore plus loin dans la “réponse graduée” à l’égard de l’Algérie.
“Et c’est dans ce cadre (du blocage, ndlr), a poursuivi la porte-parole, que le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, le ministre des Affaires étrangères, vont réengager ensemble, une phase de concertation et de négociations pour continuer à appliquer cette riposte graduée vis-à-vis de l’Algérie et probablement la durcir.” “On reprend la discussion pour savoir comment on va accélérer la graduation de la riposte”, a insisté Sophie Primas.
La prochaine étape de la “riposte graduée” pourrait être la remise en cause d’un accord bilatéral de 2013 portant exemption réciproque de visa pour les porteurs d’un passeport diplomatique, a fait savoir Bruno Retailleau le 23 avril sur BFMTV et RMC, au lendemain d’une rencontre avec les 12 agents expulsés par l’Algérie, qu’il a dit avoir trouvés “très choqués”.