Économie

Algérie : la cerise, nouveau fruit star de Khenchela

En Algérie, c’est la saison de la récolte des cerises. Connue pour ses pommes délicieuses, la wilaya de Khenchela développe depuis peu de nouvelles productions de fruits. La cellule de communication des services agricoles de wilaya fait état d’une récolte abondante en cours.

Pour illustrer les progrès réalisés, les services agricoles de Khenchela publient des photos explicites. À côté d’arbres chargés de fruits, des piles de caisses remplies de cerises attendent d’être transportées vers les marchés. Des cerises qui remplissent également les seaux utilisés pour la cueillette. Un crochet permet de les suspendre aux branches et de les remplir. La récolte de cerises demande une main d’œuvre nombreuse et à ce titre est propice à l’emploi agricole.

Khenchela annonce une récolte record de cerises en 2025

A Khenchela, les cerises récoltées sont de belle taille : des Bigarreaux. Des fruits produits par les cerisiers Bigarreau, des arbres généreux aux gros fruits rouge foncé avec une chair juteuse et sucrée. Des fruits qui tranchent sur le feuillage d’un vert.

Dans le verger concerné, la petite taille des arbres indique leur jeunesse, il s’agit de plantations récentes. La filière possède plusieurs pépinières qui approvisionnent les agriculteurs. Parmi elles, la société VitroPlant une pépinière privée spécialisée dans la production de porte-greffes et d’arbres fruitiers. Fruit d’un partenariat algéro-italien, le laboratoire et les serres de l’entreprise situées à Zaouia (Blida) assurent l’approvisionnement en variétés de cerisiers précoces ou tardives et d’une multitude d’autres espèces fruitières.

Traditionnellement en Algérie, ce sont les cerises du terroir de Miliana dans les montagnes du Zaccar qui sont les plus connues avec une variété dominante, le Bigarreau. A cela s’ajoutent les cerisiers de la région de Larbaa Nath Irathen sur les hauteurs de Tizi-Ouzou dont la plantation remonte à 1918 selon le témoignage d’Amar-Chouki Djebara sur le site OptimExport Algérie.  Une production abondante de cerises qui justifie l’existence d’une « Fête des cerises » qui se tient chaque année dans cette région.

Un témoignage que complète le spécialiste Boudiaf Boussad en mentionnant les zones productrices de « Bouzeguène (Illoula), de Ain el Hemame, de Beni Douala… », dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Il souligne le savoir-faire paysan et s’inquiète des attaques de parasites dont celles du Capnod. Le cerisier « pourrit par les racines » alerte-t-il.

Dès la fin des années 1970, les programmes de développement agricole ont permis de démarrer de premières plantations de cerisiers en Algérie. Dans la commune de Kaïs, au niveau de la plaine de Rmila, l’ex-domaine autogéré Si Lakhdar avait ainsi bénéficié de la plantation de plusieurs hectares. Cet essai avait alors montré que le cerisier s’adapte parfaitement à la région.

En 2022, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a lancé un programme visant le renforcement de l’arboriculture fruitière rustique. Début janvier 2022, le quotidien  El Moudjahid annonçait que « l’objectif est de planter 350 000 ha d’arbres fruitiers rustiques d’ici 2024 » et que les espèces concernées sont le pistachier, l’amandier, l’abricotier, le prunier, le cerisier, le grenadier et le figuier. » Un programme de 3,3 millions de plants certifiés devant être plantés.

Algérie : plusieurs régions peuvent accueillir des cerisiers

Pour AgriChem, les zones de culture répondant aux exigences des cerisiers sont nombreuses et parmi lesquelles figurent Ben Chicao et El-Omaria à Médéa, Larbaâ Nait Irathen à Tizi Ouzou et ‎Tlemcen.  Selon les spécialistes de cette entreprise spécialisée dans la protection des cultures, de grandes possibilités existent pour l’extension du cerisier en zones froides et ‎humides (montagnes) notamment « au niveau des régions Centre (Médéa, Ain defla), Ouest ( Tiaret,Tissemsilt) et Est (Khenchela, Batna, ‎Souk Ahras). »

Ces spécialistes alertent cependant sur les contraintes d’ordre phytosanitaires en rappelant les traitements nécessaires contre : « capnode (Médéa, Tizi-ouzou), cératite, maladie criblée, monilioses et ‎certaines maladies bactériennes. »‎

Autre contrainte, les vergers de cerisiers nécessitent des apports conséquents en eau, estimés en moyenne à environ 1 300 m³ par hectare.

Afin d’assurer le succès du programme de plantation, le ministère de l’Agriculture s’engage à accompagner financièrement les agriculteurs et investisseurs pour « l’acquisition des plants à hauteur de 100 % ou 50 % du prix du plant, selon les quantités visées. Outre cette aide financière, le ministère a mis en place une attestation délivrée annuellement par la chambre d’agriculture de la wilaya, qui remplace la carte de Fellah parfois difficile à obtenir pour un nouvel investisseur » selon la même source.

Pour les spécialistes de la société AgroChem, « le cerisier est peu cultivé en Algérie malgré son adaptation au milieu physique de ‎nombreuses régions du nord du pays.‎ » Ils précisent que le cerisier est l’une des rosacées à noyau les moins cultivées en Algérie « malgré la forte ‎demande des consommateurs. »‎

Manifestement, dans le cas du cerisier et concernant la wilaya de Khenchela, les premiers résultats sont à la hauteur des espérances.

Lire aussi : 

Ibtissam et Amira, deux agricultrices algériennes qui rêvent grand

À Djendel, plongée dans l’Algérie qui travaille

Les plus lus