La question de la disponibilité et de l’accessibilité des véhicules neufs se pose toujours avec acuité en Algérie. Deux ans après le retour à l’importation et à l’assemblage local, l’offre demeure insuffisante et les prix très élevés.
Un député de l’Assemblée populaire nationale (APN) a interpellé le Premier ministre. Il a reçu une réponse du ministre du Commerce extérieur et de la promotion des exportations Kamel Rezig qui a dévoilé à l’occasion les chiffres détaillés des importations de voitures effectuées ces dernières années par l’Algérie. Certains concessionnaires n’ont pas importé tous leurs quotas, a-t-il révélé.
Automobile : l’Algérie, un « cas unique dans le monde »
Dans une question écrite au Premier ministre Nadir Larbaoui datée du 9 avril dernier, le député du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Ahmed Beldjilali, a souligné un fait unique dans le monde entier : en Algérie, des véhicules âgés de plus de dix ans sont vendus au double ou triple de leur prix lors de leur première mise en circulation. Et les citoyens n’ont pas d’autre choix que de les acquérir devant la faiblesse de l’offre face à une forte demande que ni l’importation ni l’assemblage local n’arrivent à satisfaire.
Alors que les réserves de change sont disponibles, le député a demandé pourquoi ne pas autoriser des quotas d’importation de véhicules, ne serait-ce que de façon temporaire. “Quelles sont vos décisions et votre stratégie pour aller vers une stabilisation des prix des voitures sur le marché ?”, a-t-il interrogé.
La réponse n’est pas venue du Premier ministre mais du ministre du Commerce extérieur, Kamel Rezig. Celui-ci a fait savoir que pendant l’année 2023, 20 concessionnaires agréés ont introduit des demandes de domiciliation bancaire via la plateforme numérique de suivi des opérations d’importation de marchandises destinées à la revente en l’état. Des licences leur ont été accordées par la commission interministérielle Industrie-Commerce pour l’importation de 288 099 véhicules d’une valeur de 2,275 milliards de dollars.
Véhicules neufs : les importations de l’Algérie en chiffres
Citant les chiffres des Douanes algériennes, le nouveau ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations (il a été nommé le 14 avril dernier) a indiqué que ces trois dernières années, à partir de 2022-2023, il a été procédé à l’importation d’un total de 179.255 véhicules d’une valeur de 2,114 milliards de dollars us.
Neuf concessionnaires ont procédé à l’importation effective de leurs quotas qui s’élèvent à 125.296 véhicules pour 1,767 milliard de dollars, tandis que onze autres concessionnaires n’ont exécuté qu’une des opérations d’importation pour lesquelles ils avaient obtenu des autorisations, soit 109.735 véhicules importés et 53.929 véhicules manquants. Le ministre n’a pas précisé les raisons qui ont fait que les importateurs concernés n’ont pas exécuté la totalité des opérations qui leur ont été accordées.
“Il est à noter que les opérations d’importation de véhicules automobiles tous types confondus, effectuées dans le cadre de la production, équipement et gestion, sont en constante augmentation, passant de 564,9 millions de dollars en 2023 à 1 milliard de dollars en 2024, soit une hausse de 50%”, a indiqué Kamel Rezig, qui a conclu sa réponse en soulignant que l’octroi des licences d’importation de véhicules neufs est du ressort de la commission interministérielle Industrie-Commerce suivant les besoins du marché national et en fonction des quantités de véhicules assemblés localement.
Le député Ahmed Beldjilali a exprimé sur les réseaux sociaux son insatisfaction de la réponse reçue, soulignant que pour la réponse à la question précise qu’il a posée, il a été invité par le ministère à l’adresser au Premier ministre. Or, c’est à ce dernier que sa question écrite a été initialement destinée, s’étonne-t-il.