Société

Algérie : Rachid Boudjedra s’en prend à Kamel Daoud et Boualem Sansal

L’écrivain Rachid Boudjedra réédite son pamphlet « Les contrebandiers de l’histoire » à paraître chez les éditions Dar Al Hikma à Alger. Selon la Télévision algérienne, il s’agit d’une réponse aux propos des écrivains franco-algériens Boualem Sansal et Kamel Daoud.

Au verso du pamphlet, le romancier revient sur la genèse de l’œuvre, antérieure aux événements de ces derniers mois impliquant Kamel Daoud et Boualem Sansal. 

“Avec la parution du livre qui faisait l’éloge éhonté des Ben Gana, Rois des Zibans, j’ai décidé d’écrire ce brûlot pour dénoncer ‘Les contrebandiers de l’histoire’”, explique-t-il.

C’est que, souligne d’emblée l’auteur de “La répudiation”, l’histoire nationale n’a pas échappé aux tentatives d’occultation et d’arrangement par les différents pouvoirs qui se sont succédé, “particulièrement dans les manuels scolaires”, et aux tentatives de défiguration par “certains artistes, historiens et certains sociologues rangés par le complexe du colonisé”.

“J’ai souffert de toutes ces falsifications, de toutes ces trahisons et de tous ces silences subis par notre histoire”, avoue Rachid Boudjedra.

 

Rachid Boudjedra apporte une “réponse ferme” aux “contrebandiers de l’histoire 

 

“Cette fois, écrit l’ENTV sur son site internet, Rachid Boudjedra a choisi, à travers son livre « Les contrebandiers de l’histoire », de s’attaquer directement à la littérature néo-coloniale qui s’approprie l’histoire, dédaigne les faits, méprise la culture, et ignore même la géographie.”

En octobre dernier, Boualem Sansal a soutenu dans le média d’extrême droite Frontières qu’une partie du territoire de l’Algérie appartient historiquement au Maroc. À son retour en Algérie en novembre, il a été arrêté et incarcéré. En mars dernier, il a écopé de 5 années de prison ferme. 

“Les contrebandiers de l’histoire” est considéré comme “la première réaction de l’élite intellectuelle à la campagne trompeuse menée par Boualem Sansal et Kamel Daoud, avec derrière eux les élites coloniales françaises nostalgiques des crimes du colonialisme et soutenues par l’extrême-droite française”, estime l’article du média public algérien.

 

Boualem Sansal était un « privilégié du système algérien », selon Boudjedra

Il s’agit, poursuit la même source, d’un “argument littéraire, intellectuel et culturel contre les racines de la littérature coloniale, qui rêve aujourd’hui de faire revivre les étapes du dénigrement des peuples, de l’assujettissement de leur volonté et de la confiscation de leur identité”.

L’ouvrage de Boudjedra se présente aussi comme une “réponse ferme et dénonciatrice” de l’action des élites coloniales, “qui utilisent des personnalités comme Boualem Sansal et Kamel Daoud”, décrit encore la télévision algérienne. 

Les contrebandiers de l’histoire a été réédité en 2018 et Rachid Boudjedra n’avait épargné Kamel Daoud et Boualem Sansal. Il a accusé l’auteur du « Village allemand » d’avoir été « l’homme du système algérien choyé en bureaucrate docile », et qui a « profité d’avantages substantiels pour pouvoir construire une belle villa à Zemmouri El Bahri, près d’Alger, dans un site protégé et consacré au patrimoine touristique ». Depuis 2018, Kamel Daoud et Boualem Sansal ont été naturalisés français.

Les plus lus