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Après le 21e vendredi : la quête d’une solution politique toujours difficile

Après le 21e vendredi : la quête d’une solution politique toujours difficile

Le mouvement pacifique de contestation populaire en Algérie, qui s’apprête à clôturer son cinquième mois, est en phase de devenir l’un des plus longs de l’Histoire.

Ce vendredi 12 juillet 2019, des centaines de milliers d’algériens sont sortis, malgré la chaleur estivale, manifester dans plusieurs villes avec des slogans similaires aux précédentes marches. Ils réclament notamment le départ des « symboles du régime » de Bouteflika, la libération des détenus, arrêtés lors des marches, l’indépendance de la justice et le caractère civil de l’État.

Les performances actuelles de l’équipe algérienne de football en Coupe d’Afrique des Nations en Egypte ont même inspiré les marcheurs avec un slogan illustratif de la situation : « le peuple réclame la coupe de la justice et de la liberté ».

La mobilisation reste intacte avec des revendications relatives au changement politique réel dans le pays et le respect de la souveraineté du peuple ( des pancartes évoquant les articles 7 et 8 de la Constitution ont été brandies).

Les différentes décisions et annonces faites par les représentants du pouvoir ne semblent pas avoir eu de l’effet sur les manifestants. De même que l’arrivée d’un député de l’opposition à la tête de l’APN, pour la première fois en Algérie, n’a pas eu beaucoup d’échos.

Les manifestants continuent de réclamer des gestes forts et concrets comme le départ du gouvernement de Noureddine Bedoui et celui du chef d’Etat par intérim Abdelkader Bensalah qui a prolongé son mandat jusqu’à la tenue d’élection présidentielle dont la date n’a pas été fixée.

Globalement, les manifestants ne sont hostiles ni au dialogue ni à la tenue de l’élection présidentielle mais à la condition que cela se fasse sans Bedoui et Bensalah au sommet de l’État.

Comment concilier des positions divergentes ?

Abdelkader Bensalah, qui n’ignore pas cette situation, a proposé que des « personnalités indépendantes » mènent le dialogue aux fins de chercher des solutions à la crise en préparant le terrain à la tenue de l’élection présidentielle.

Le commandement de l’armée a apporté son appui à cette démarche qualifiée de raisonnable. L’armée refuse toute idée de « transition politique » préférant rester dans la voie constitutionnelle de l’élection d’un président de la République.

L’armée a maintenu la même position depuis le début du hirak en qualifiant les revendications populaires de légitimes et en s’engageant à accompagner le mouvement.

Une partie de l’opposition refuse cette offre de dialogue autour de la présidentielle, parlant de « nouvelle manœuvre » du pouvoir et rejette la tenue d’une élection présidentielle à brève échéance.

Comment concilier toutes ces positions pour trouver le chemin vers la sortie de l’impasse qui commence à peser sur le pays ? En dépit de tout ce qui peut être dit, le hirak a déjà réalisé plusieurs avancées et le régime de Bouteflika est en phase profonde de démantèlement.

Un régime qui continue de montrer une certaine capacité de résistance à travers quelques articulations à basse échelle pour entraver notamment le processus de poursuites pénales sur les affaires de corruption et la remise en cause de ce qui a été présenté comme des acquis.

Des mesures d’apaisement pour rétablir la confiance

Le défi est donc : comment passer à une nouvelle phase politique en se débarrassant des forces de l’inertie, en répondant concrètement aux revendications des algériens, qui manifestent aux cris de « Maranach habssin » (on ne va pas s’arrêter), et en évitant la tactique de l’usure qui parait inefficace ?

Des observateurs s’attendent à ce que des concessions soient faites du côté du pouvoir, avec probablement le départ durant l’été du gouvernement Bedoui, pour engager un processus de dialogue politique avec la contribution de personnalités nationales indépendantes plus au moins acceptées par la population.

Des mesures pourraient être prises parallèlement pour apaiser le climat tendu actuel aux fins de rétablir la confiance et pour ouvrir de nouvelles perspectives à certaines initiatives prises par la société civile et par l’opposition ces dernières semaines.

Une partie de l’opposition pourrait éventuellement utiliser le Parlement comme un tremplin ou un amplificateur de futures démarches politiques. Des textes de lois vont passer les prochaines semaines devant la chambre basse du Parlement avant le retour au processus électoral.

Il s’agit notamment de la loi portant création d’une instance indépendante d’organisation des élections, revendiquée par l’opposition comme un instrument essentiel pour « crédibiliser » les futurs scrutins. La marge de manœuvre parait assez large pour l’opposition pour faire passer certaines idées.

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