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Assassinat d’Ali Mécili : sa veuve interpelle Emmanuel Macron

Assassinat d’Ali Mécili : sa veuve interpelle Emmanuel Macron

Ali André Mécili, membre de l’ALN puis fondateur du FFS a été un des grands opposants à Houari Boumediène aux côtés notamment d’Ait Ahmed. Il a été assassiné de trois balles dans la tête, le 7 avril 1987, dans l’entrée de son immeuble à Paris.

L’assassinat qui rappelle ceux d’autres personnalités du FLN et d’opposants au pouvoir algérien comme celui de Khider est resté impuni jusqu’à aujourd’hui.

Annie Mécili, la veuve de l’opposant assassiné, a saisi le président français Emmanuel Macron dans une lettre ouverte qu’elle lui a adressée le mardi 3 avril.

« Lors de votre déplacement en Algérie au mois de décembre dernier, vous avez souligné votre volonté de revenir « dans l’état d’esprit d’un ami de l’Algérie, d’un partenaire constructif (…) pour faire fructifier une relation déjà dense ». Vous avez appelé de vos vœux « une nouvelle relation d’égal à égal ». Une telle relation peut-elle se construire sur un crime d’États et sur un déni de justice ? », demande Annie Mécili dans sa lettre.

Pour Mme Mécili, le militant algérien « avait reçu des menaces et savait déjà qu’il risquait de payer cher ses dénonciations du régime militaire d’Alger », à une époque où « rares étaient ceux qui osaient le mettre en cause haut et fort ». Pour elle, l’assassinat s’est fait « sur ordre des services secrets algériens ».

Ce 7 avril est le 31e anniversaire de l’assassinat, mais la veuve et l’entourage d’Ali Mécili sont toujours dans la tourmente à cause de l’impunité de l’assassin et des commanditaires.

« Toutefois, nous peinons encore à faire notre deuil parce que, plus de trois décennies après, justice n’a pas été rendue à mon mari, au père de mes deux enfants. La raison est simple et sans appel : c’est la raison de deux États, la France et l’Algérie », dénonce Annie Mécili.

La veuve Mécili, en plus de dénoncer l’impunité de l’assassin, accuse les autorités françaises de complicité avec les commanditaires du meurtre. « Interpellé à Pari, dès le 12 juin 1987, sur la base d’un renseignement confidentiel très précis, impliquant divers responsables algériens, l’assassin présumé a aussitôt été expulsé en urgence absolue vers l’Algérie, par les autorités politiques de l’époque », rappelle Mme Mécili.

Derrière ce sauvetage de l’assassin présumé, des coupables sont nommément cités : Charles Pasqua et Robert Pandraud, qui étaient « désireux de couper court à toute investigation susceptible de remonter aux commanditaires du crime ».

L’implication des autorités algériennes dans l’assassinat de son mari ne fait pas de doute pour Annie Mécili. « L’évidence de l’implication des autorités algériennes n’aura cessé de se confirmer », assure-t-elle, se fondant sur « l’empressement des autorités françaises à paralyser l’enquête » et « le refus systématique de l’État algérien d’exécuter les commissions rogatoires internationales qui lui ont été adressées par la France ».

Une situation qui n’évoluera pas, malgré la signature, le 5 octobre 2016 d’une convention bilatérale d’entraide judiciaire en matière pénale entre l’Algérie et la France, puisque la Cour de Cassation confirmera « une ordonnance de non-lieu fondée sur le refus de l’Algérie de répondre aux commissions rogatoires internationales ».

L’impunité de l’assassin d’Ali Mécili est une « humiliation pour la France », s’insurge Annie Mécili qui rappelle la candidature de l’assassin présumé aux élections locales de novembre 2017 en Algérie. Une candidature qui montre « toute la portée de l’impunité garantie par l’État français à l’assassin présumé ».

« Belle carrière pour un petit malfrat. Quelle humiliation, quel déshonneur pour l’État français », regrette Mme Mécili qui parle de « provocation » tout en comparant le traitement de l’affaire Mécili à celui dont a joui l’empoisonnement de l’ex-agent double russe sur le territoire britannique. Cet empoisonnement ayant été qualifié par le président Macron d’« atteinte à la souveraineté européenne ».

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Qu’en est-il alors de la souveraineté française dans l’affaire Mécili ? La vie d’un avocat français assassiné sur le territoire de la République aurait-elle moins de valeur pour que l’on néglige d’obtenir d’un pays dit ami qu’il réponde aux commissions rogatoires internationales que lui adresse la France », s’interroge Mme Mécili.

Annie Mécili clôt sa lettre à Macron en invitant celui-ci à « obtenir de l’Algérie qu’elle honore ses engagements et manifeste enfin sa volonté de coopérer avec la justice française ».

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