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Attaque d’Israël au Qatar : la fin des certitudes dans le Golfe ?

L’agression israélienne contre le Qatar met fin aux certitudes des monarchies du Golfe sur leur immunité et l’efficacité de la protection américaine.

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Attaque d’Israël au Qatar : la fin des certitudes dans le Golfe ?
L’agression israélienne contre le Qatar met fin aux certitudes des monarchies du Golfe. | Adobe Stock
Makhlouf Mehenni
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Et si Kadhafi avait raison ? Dans un de ses discours surréalistes passés à la postérité, l’ancien dirigeant libyen mettait en garde ses pairs du monde arabe contre une invasion inéluctable d’Israël qui n’épargnera aucun pays de la région.

Kadhafi avait poussé la dérision jusqu’à conseiller aux rois et présidents qui l’écoutaient de veiller à l’élevage d’ânes, seule monture qui leur restera pour fuir devant l’ennemi qui aura tout détruit.

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Près de 15 ans après la mort du dictateur libyen, ses propos ne font plus rire. Particulièrement depuis qu’Israël s’est mis à se servir du prétexte de l’attaque menée par le Hamas palestinien le 7 octobre 2023 pour agresser un à un les pays de la région. D’abord Gaza évidemment, puis le Liban, le Yémen, l’Iran et la Syrie.

Le 9 septembre 2025, le gouvernement extrémiste de Tel-Aviv a franchi un pas jusque-là impensable en envoyant ses avions bombarder les chefs du Hamas au cœur de Doha, la capitale du Qatar.

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La délégation du Hamas visée n’a pas été touchée, là n’était visiblement pas l’objectif. Par cette attaque, Israël -et sans doute aussi Washington- a livré un message clair aux pays du Golfe qui pensaient être hors de portée de ses avions et de ses missiles par la grâce de la protection américaine.

La mise en garde vaut pour plus tard, lorsque le moment viendra de mettre en œuvre le projet messianique que les dirigeants israéliens revendiquent au grand jour : reconstruire le Troisième temple et rétablir le “grand Israël” dans son espace biblique qui va de toute la Palestine historique à des parties de l’Egypte, du Liban, de la Jordanie, de la Syrie et de l’Arabie Saoudite.

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“Protection américaine” : quand les milliards du Golfe de suffisent plus

L’attaque frontale contre le territoire d’un pays du Golfe était d’autant plus impensable en ce moment que les dirigeants de cet espace n’ont jamais été complaisants avec Israël et généreux avec les États-Unis comme ils le sont depuis quelques années.

La succession des évènements a de quoi intriguer. En mai dernier, Donald Trump revenait de sa tournée dans le Golfe les bras chargés : plus de 1000 milliards de dollars d’investissements aux USA, d’importations de ce pays et de cadeaux personnels ont été consentis par les dirigeants de l’Arabie Saoudite, des Emirats arabes unis, et du Qatar justement.

Le petit émirat gazier s’est distingué par un Boeing luxueux offert au président américain en sus de 243,5 milliards de dollars de contrats, d’achat d’armements et d’avions notamment.

Quatre mois après, le Qatar se fait bombarder par Israël et Washington ne souffle pas mot. “Tout ce qui est bon pour Israël est bon pour l’Amérique qui était informée de l’attaque et qui à l’évidence n’a pas émis d’objection”, a résumé dans un entretien à TSA le diplomate algérien Abdelaziz Rahabi.

Mieux, alors que les dirigeants arabes et musulmans tenaient un énième conclave inutile à Doha, le président américain a envoyé son secrétaire d’État Marco Rubio réaffirmer le soutien de Trump et des États-Unis à Tel-Aviv. Dans un geste symbolique très fort, Rubio s’est incliné devant le Mur des lamentations.

 

Véritable place

 

Pendant ce temps, les dirigeants du Golfe se lamentent en découvrant que « l’assurance tous risques » américaine est peut-être une illusion et que la guerre et la déstabilisation ne sont plus “pour les autres” et risquent désormais de frapper à leur porte.

Difficile pourtant de faire mieux pour contenter Washington et son allié israélien. Outre leur générosité financière, au moins deux États du Golfe, les Emirats arabes unis et Bahreïn, ont signé les accords d’Abraham, reconnaissant formellement Israël, en plus du Maroc et du Soudan.

Israël a rappelé à ces pays dont certains comme le Maroc se précipitent à montrer leur docilité, leur véritable place.

Devant le génocide à Gaza et la famine imposée aux survivants, le monde a plus entendu des États européens et africains, comme l’Espagne et l’Afrique du Sud, que les arabes du Golfe. Le Qatar, qui vient d’être agressé, abrite la plus grande base américaine au Moyen-Orient. Tout cela s’est avéré insuffisant.

Pour les observateurs, ce qui vient de se passer est annonciateur d’un tournant historique dans la géostratégie de la région. Un tabou récalcitrant est brisé et  “beaucoup de dogmes seront révisés”, prévoit Rahabi. À commencer par le gros mensonge qui veut qu’Israël soit un “protecteur” pour le Golfe contre la menace iranienne…

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