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Attaques contre Zidane : au-delà du football

Attaques contre Zidane : au-delà du football

Le dérapage du président de la Fédération française de football (FFF) à l’égard de Zinedine Zidane vient rappeler à ceux qui font mine de ne pas le voir que la France glisse dangereusement.

Zidane savait au moins depuis la fin du Mondial 2022 qu’il ne réalisera pas de sitôt son rêve d’entraîner l’équipe de France. Depuis samedi 7 janvier, il avait la certitude qu’il devra attendre au moins quatre autres années puisque le contrat de Didier Deschamps a été reconduit jusqu’en 2026.

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Mais il était à mille lieues de se douter que le président de la fédération de son pays allait tenir des propos juste hallucinants et honteux à son propos. C’est pourtant ce qu’a fait Noël Le Graët. Gratuitement et sans le moindre égard pour l’homme, son humilité, son talent et tout ce qu’il a apporté à la France et au football mondial.

Elle est bien loin cette soirée du 12 juillet 1998 lorsque l’Arc de Triomphe, l’un des monuments les plus emblématiques de Paris, était recouvert du portrait du nouvel héros de la France.

Le Franco-Algérien venait d’inscrire deux buts en finale de Coupe du monde face au Brésil, offrant à la France son premier titre mondial. Zizou est resté pendant de longues années, comme l’abbé Pierre, la personnalité préférée des Français.

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Ses succès comme entraîneur du Real Madrid, notamment les trois Ligues des champions remportées d’affilée en 2016, 2017 et 2018, ont fait de lui le premier prétendant légitime pour s’asseoir sur le banc des Bleus.

Mais à chaque fois qu’il a cru son heure arrivée, les bons résultats retardaient le départ de Deschamps et remettaient à plus tard l’intronisation de Zidane.

C’était le cas à l’issue du Mondial 2018 remporté par la France et de nouveau après la Coupe du monde 2022 au Qatar perdue sur le fil au profit de l’Argentine. Du moins, c’était ce qui s’écrivait sur les colonnes des journaux.

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Jusqu’à cette sortie lunaire de Noël Le Graët. Au lendemain de la prolongation de Didier Deschamps samedi 7 janvier, le président de la FFF a été interrogé sur le plateau de RMC sur la rumeur Zidane qui a longtemps couru.

Sa réponse laisse penser que l’ancien coach du Real ne jouit pas auprès des responsables du foot français, du moins auprès du premier d’entre eux, de l’estime et des égards que lui vouent tous les sportifs de la planète. Sans retenue ni même langue de bois, le pourtant octogénaire patron de la FFF a distillé un chapelet d’attaques injustifiées.

Zidane : un homme qui coche toutes les cases

Jusque-là, quand il ne déclare pas que « la première personne » qu’il verrait en cas de départ de Deschamps c’est Zidane, il se contentait de démentir courtoisement tout contact avec le champion du monde 1998.

Ce qui est compréhensible dans la mesure où le sélectionneur en poste faisait du bon boulot. Zidane lui-même n’a jamais réclamé le poste publiquement ni commenté l’actualité ou l’avenir de la barre technique de l’équipe de France.

Le Graët aurait pu continuer à tenir le même discours et éviter cette phrase de trop, autant inutile que dévastatrice. Pour lui-même d’abord.

La ministre française des Sports, qui a engagé un audit sur la gestion de la fédération et dont les résultats sont très attendus, a été l’une des premières à réagir pour exiger des excuses pour « ce mot de trop ».

Mais la plus grosse réplique est venue sous la forme d’un tweet de Kylian Mbappe : « Zidane c’est la France. On ne manque pas de respect à la légende comme ça. »

Pour que le meilleur joueur français du moment en vienne à désavouer et à recadrer publiquement et de manière aussi frontale son président, c’est que quelque chose de grave s’est passé.

Assurément, un dérapage inacceptable a eu lieu. Le Graët n’a peut-être fait que régler un petit compte avec Zinedine Zidane, soupçonné d’avoir décliné l’invitation pour assister à la dernière finale de Coupe du monde. C’est plausible, mais ceux qui y verraient un écart raciste et xénophobe n’auraient pas tort sur toute la ligne.

Il y a en effet des coïncidences qui intriguent. Après Karim Benzema qui a quitté les Bleus en pleine coupe du monde 2022 pour des raisons pas encore tout à fait claires, son ami Zidane est traîné dans la boue par le patron du football français.

Le premier est considéré comme l’un des meilleurs joueurs de tous les temps, le second est fraîchement consacré Ballon d’or 2022. Les deux ont des origines algériennes par leurs parents.

Dans une France qui bascule chaque jour un peu plus dans l’extrémisme et qui laisse se banaliser impunément la parole xénophobe, la conclusion n’est pas hâtive.

Si on a pu reprocher ses incartades à Benzema pour justifier sa mise à l’écart pendant six ans, Zidane coche toutes les cases du sportif exemplaire, de l’homme humble et du fils d’immigrés parfaitement intégré. Comme quoi, les masques finissent toujours par tomber.

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