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Baha Eddine Tliba : « Je ne suis pas gêné par les attaques ou les critiques »

Baha Eddine Tliba : « Je ne suis pas gêné par les attaques ou les critiques »

Facebook - Baha Eddine Tliba
Baha Eddine Tliba, député FLN, VP de l'APN

ENTRETIEN. Baha Eddine Tliba est deuxième dans la liste FLN à Annaba aux législatives, derrière Boudjema Telai.

Comment évolue la campagne électorale à Annaba ?

Nous avons tenu plusieurs réunions de coordination entre les structures du parti et ouvert des permanences dans les douze communes de Annaba. Nous avons fait un bon travail préparatoire. La tête de liste Boudjema Talai a beaucoup aidé la wilaya de Annaba en tant que ministre des Transports et des Travaux publics. Le nouvel aéroport de Annaba a été ouvert grâce à lui. Idem pour la gare maritime, les terrasses du port, le fret et l’hôtel qui va être construit au niveau de l’aéroport. Bref, des projets qui étaient bloqués à Annaba. Par exemple, le projet du nouvel aéroport était inscrit depuis 2004. L’évaluation et les études ont pris beaucoup de retard. Annaba vient de bénéficier d’un grand hôtel, le Sheraton, dont le coût de réalisation a dépassé les 140 millions d’euros. C’est une infrastructure économique qui va changer l’environnement de toute la région.

Changer de quelle manière ?

L’hôtel est situé au centre-ville, à quelques mètres de la Cour de la Révolution et de la vieille ville. Un mall sera construit en face de l’hôtel. Des études sont déjà terminées. Il va être implanté au niveau de l’ancien institut du droit. Le mall est un projet de la SIH (Société d’investissement hôtelière, basée à Club des Pins, à Alger, NDLTR), maître d’ouvrage du Sheraton, des terrasses du port. Autre réalisation : le relogement de 700 familles qui habitaient au vieux quartier d’El Mhafer. Un quartier qui souffrait de beaucoup de fléaux sociaux. Le terrain a été remis par le wali à l’Agence foncière et à l’OPGI pour le lancement d’un nouveau projet. Les études sont en cours. Au niveau de Draâ Errich, le projet de la nouvelle ville est à 70% de réalisation. Plus de 50.000 personnes vont y habiter à la faveur de différents programmes AADL, LSP, LPP, etc.

Qu’en est-il de la relance de la production au complexe d’El Hadjar ?

Je fais un suivi de ce projet depuis des années. De sa reprise par les Indiens à sa renationalisation sur décision du chef de l’État. El Hadjar, c’est un investissement de 1,1 milliard de dollars. Pendant deux ans, les salariés attendaient la remise à feu du haut fourneau numéro 2. Cette remise à feu a été faite le 6 mars dernier par le premier ministre Abdelmalek Sellal. La fonte est déjà produite pour être dirigée vers l’aciérie. Dans quelques jours, le rond à béton sera produit. Bientôt, Annaba redeviendra la capitale de l’acier. Plus de 1.000 postes d’emploi seront ouverts à El Hadjar à la faveur de la montée de la production. Le complexe d’El Hadjar a une valeur symbolique dans l’économie nationale. À la fin de l’année, la production de l’acier va être de 1,2 million de tonnes.

N’existe-t-il pas de blocage au niveau du complexe d’El Hadjar ?

Il y a du retard en raison des transferts de propriété. Lorsqu’un partenaire étranger quitte l’usine, il impose ses conditions techniques.

Comparée à d’autres grandes villes, Annaba semble être abandonnée, livrée à elle-même. Vous en pensez quoi ?

Le problème est dans l’exécution des projets déjà inscrits. Des projets similaires ont été retenus à Oran ou à Tlemcen. À Annaba, les projets ont été relancés, il y a deux ou trois ans. Annaba a, Dieu merci, beaucoup changé par rapport au passé. Pour le tourisme, nous avions un problème de terrain qui n’a été réglé qu’il y a quatre mois seulement. Le POS (Plan d’occupation des sols) de la corniche a été récemment approuvé. Les investisseurs commencent à arriver ici. Le wali étudie actuellement les projets.

Êtes-vous intéressé par l’investissement dans le tourisme ?

Non. À chacun son créneau. J’ai un bureau d’études et j’ai des projets de promotion immobilière.

Revenons aux élections. Qu’en est-il de la liste présentée par le FLN à Annaba ?

Nous avons une liste équilibrée qui est dirigée par le ministre des Transports, Monsieur Talai. Moi, vice président de l’APN, j’arrive en deuxième position. M. Zitouni, ex-sénateur, est troisième, M. Omrani, directeur de la santé, quatrième et M. Brahmia, député sortant, est cinquième. Le doyen de la faculté de médecine est sixième, suivi de deux femmes, membres de l’APW.

Quelles sont vos chances de gagner ?

Nous allons avoir la majorité absolue. Ce que nous avons réalisé à Annaba et l’accueil de la population me permettent de le dire. S’ajoute à cela la faiblesse des douze listes concurrentes. Nous n’avons pas de réel concurrent. Le tête de liste du RND, par exemple, se présente pour la quatrième fois, en tant que député ou sénateur.

Vous avez parlé avec les citoyens durant cette campagne électorale. Quelles sont les demandes qui reviennent souvent ?

L’emploi et le logement. Il n’y a pas d’autres demandes. Si le complexe d’El Hadjar va entrer en production, le problème du chômage sera grandement réglé.

Quelles seraient vos priorités si vous êtes élu ?

Il faut d’abord terminer les projets que nous avons déjà lancés et respecter nos engagements électoraux. Nous avons au niveau de l’APN tout un arsenal juridique qui nous attend. Par exemple, le code de wilaya, la loi sur la santé, la loi sur la technologie, le règlement intérieur de l’APN. Nous voulons que la nouvelle assemblée adopte elle-même ce nouveau règlement intérieur.

Que va-t-il changer ?

Beaucoup de choses comme la réglementation sur l’abstention des députés, les primes, les structures de l’APN et les commissions. La commission juridique de la législature sortante a préparé un avant projet du règlement intérieur. Le texte sera étudié après l’installation de la nouvelle APN.

Qu’en est-il de la question de la prime de fin de mandat des députés qui a suscité la controverse ?

J’ai été parmi les premiers à proposer une revue à la baisse de la prime de fin de mandat qui était de l’ordre de 2,8 million de dinars. La loi de finance 2017 a introduit une hausse d’impôts. L’opposition a fait tout un tapage. La loi sur les retraites est intervenue après. La population voit qu’on lui augmente des taxes, comme la TVA qui est passée de 17 à 19 %, et constate que le député, qui a déjà un salaire respectable, parte avec une bonne prime. J’ai donc proposé, dans le cadre de la solidarité gouvernementale et de la politique d’austérité, de réduire cette prime de 50%. La proposition a été acceptée et a fait tâche d’huile au gouvernement et au Sénat. J’étais responsable de la préparation du budget de l’APN en tant que vice-président chargé de l’administration et des finances.

Justement, quel est le budget actuel de l’APN ?

Le budget est de 600 milliards de centimes. C’est suffisant. Nous avons 800 employés à l’assemblée entre fonctionnaires et cadres.

L’APN a été souvent critiquée pour ne pas avoir engagé des enquêtes sur des grosses affaires comme celles relatives à la santé publique ou à la corruption…

La nouvelle Constitution donne beaucoup de prérogatives aux commissions parlementaires. Elle donne de l’espace à l’opposition pour pouvoir agir. Maintenant, pour les enquêtes, l’APN a fait son travail. Il y a des visites des membres des commissions sur le terrain notamment lors de l’affaire du gaz de schiste. Le bureau de l’APN a toujours donné son accord pour ces visites de délégations composées de députés de l’opposition et des partis proches du gouvernement. Ils reviennent avec des propositions.

En tant que vice-président de l’APN, quel bilan faites-vous de l’Assemblée sortante ?

L’APN sortante a fourni beaucoup d’efforts comparée aux législatures précédentes. Elle a voté les amendements constitutionnels, assumé le vote de deux lois de finances difficiles, adopté un arsenal de textes de loi sur la justice, l’industrie. Nous avions un programme chargé. Durant le Ramadan, nous avons travaillé la nuit. Les gens ignorent peut-être ce que nous avons fait. Nous n’avons fait que notre devoir

Pourquoi n’y a-t-il pas eu des propositions de loi à l’initiative des députés ?

Nous recevions des lois du gouvernement sur lesquelles nous étions d’accord. Souvent, le projet de loi contient ce que nous voulions proposer en tant que FLN. Nous introduisons, cela dit, des amendements.

L’opposition a souvent accusé le bureau de l’APN de bloquer les amendements…

Tous les amendements, qui étaient conformes aux conditions, étaient acceptés sans exception. Maintenant, les commissions étaient libres d’accepter ou de refuser les amendements proposés. Donc, ce que dit l’opposition est faux.

Quelles sont, selon vous, les choses à changer au Parlement pour qu’il soit plus performant ?

L’administration fonctionne. Mais, il faut avouer qu’à l’intérieur de l’APN, il y avait des conflits. Vingt-huit partis étaient représentés au sein de l’APN et autant d’orientations politiques. À l’intérieur même d’un groupe parlementaire, des tiraillements existaient. Les 220 députés du FLN n’étaient pas tous d’accord. Des conflits internes qui étaient visibles à l’époque de Belkhadem, puis Belayat, Saâdani. Cela dit, nous avons dépassé cette situation. Avant d’être élu à l’APN, j’ai fait deux mandats à l’APW de Ouargla, de 2002 à 2012. Je pense que nous sommes sortis avec de bons résultats pour le premier mandat à l’APN. La direction du parti nous a renouvelé sa confiance.

Le FLN, vous l’avez dit, a connu beaucoup de changements et de conflits ces dernières années. Comment expliquez-vous cette instabilité ?

Il n’y pas de conflits. Belkhadem est venu par le vote et Saâdani a été choisi par le Comité central.

Mais Saâdani est parti sans que l’on sache. Pourquoi ?

Il a démissionné et nous avons accepté cette démission à la majorité. Ould Abbes restera Secrétaire général jusqu’au prochain congrès.

Êtesvous intéressé par le poste du secrétaire général du FLN ?

Non ! Pas encore. Revenons à l’APN, après on verra.

L’APN est mal vue par les Algériens. Comment changer cette mauvaise image ?

On a exagéré en voulant ternir l’image de l’APN. On nous a accusés de beaucoup de choses. Et je ne comprends pas le grand intérêt des médias pour l’APN. Peut-être que la matière médiatique fertile se trouve au Parlement ! Les conflits attirent la presse. Peu d’intérêt est accordé au Conseil de la Nation par les médias alors que la situation n’est pas très différente par rapport à l’APN.

Le FLN va-t-il maintenir sa majorité à l’APN ?

Nous travaillons en ce sens. Nous avons constaté de l’intérêt des citoyens pour nos listes. Les résultats des élections vont tracer la nouvelle scène politique dans le pays. Si nous aurons la majorité après le 4 mai, le gouvernement sera composé en majorité du FLN.

Et si on vous appelle pour être ministre, seriez vous d’accord ?

La décision revient au président de la République. Je suis prêt à accepter les décisions.

Quel commentaire faites-vous du débat actuel entre Ould Abbes et Ouyahia sur le programme du président Abdelaziz Bouteflika ?

Le président du FLN est également président de la République. Et le programme du parti est celui du chef de l’État. Nous n’avons pas d’autres programmes. Nous soutenons le président de la République.

Vous êtes prêt à soutenir le chef de l’État pour un cinquième mandat en 2019 ?

Inchallah. En octobre 2012, j’étais le premier à appeler pour un quatrième mandat pour M. Bouteflika, lors d’un meeting électoral pour les élections locales au Théâtre régional de Annaba. À l’époque, on disait que j’étais fou. Et là, nous vivons bel et bien le quatrième mandat du président de la République.

Vous allez appeler pour un cinquième mandat même si le chef de l’État n’est pas en bon état de santé actuellement ?

Hamdoullah. Le Président est en état de santé qui lui permet de gérer. Tout ce que nous constatons comme décisions sur la Constitution ou autres sont l’œuvre du chef de l’État, pas de quelqu’un d’autre. Tout ce qui se dit ici et là n’a aucun sens, aucun intérêt.

Des partis, comme Talaï Al Hurriyet de Ali Benflis, a appelé au boycott des élections législatives. Vous en pensez quoi ?

Ces appels au boycott ne valent rien. Talai Al Hurriyet n’a pas voulu participer aux élections législatives parce qu’il sait qu’il va perdre. Certains dirigeants de ce parti viennent de rejoindre le FLN comme à Saida. Le président de Talai Al Hurriyet veut maintenir le suspens pour se présenter aux prochaines présidentielles.

Vous pensez que la participation sera importante aux législatives ?

Vous savez, les gens sont conscients et connaissent les défis de l’heure. Je pense que le taux de participation au scrutin sera de plus de 60%, selon les sondages que nous avons faits.

En tant qu’opérateur économique, êtes-vous favorable au Partenariat public-privé, défendu par le gouvernement actuellement ?

Pourquoi pas ? Même si la mentalité est différente dans les deux secteurs. Il faut aller vers cette expérience pour voir ce que cela va donner. Le démarrage sera compliqué. Cela dit, le climat des affaires a connu beaucoup d’améliorations en Algérie. À Annaba par exemple, deux zones d’activité ont été créées à Berrahal et Ain El Berda. Ceux qui ont de vrais projets avec de bonnes intentions ont pu avoir les terrains. Le problème du foncier a été réglé ici.

Vous faites souvent l’objet de beaucoup de critiques dans la presse, les réseaux sociaux. Pourquoi ?

Je sais qu’on adore me montrer dans les caricatures de presse. Peut-être à cause de mon poids !

Êtes-vous gêné par ces caricatures ?

Au contraire, je les partage sur Facebook. Je ne suis pas gêné par les attaques ou les critiques. Moi, je parle beaucoup. Souvent, je sors de ma réserve. Je suis donc devenu une cible. Il y a aussi un peu de jalousie. Savez-vous que je n’ai que 39 ans. Il disent qu’il n’y a pas de rajeunissement alors que je suis à cet âge-là, vice-président de l’APN.

C’est vrai, il y a beaucoup de vieux au FLN. Les jeunes auront-ils une place un jour ?

Mais j’y suis déjà. Je suis membre du Comité central du parti.

Avez-vous de nouveaux projets à Annaba ?

Là non. Je n’ai que des projets politiques.

Les hommes d’affaires semblent s’intéresser justement à la politique de plus en plus. Pourquoi, selon vous ?

Parce qu’ils ont vu que j’ai réussi (éclats de rires).

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