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Banque mobile, Internet haut débit : ces pays d’Afrique qui ont fait la révolution numérique

Banque mobile, Internet haut débit : ces pays d’Afrique qui ont fait la révolution numérique

La banque mobile est un service fourni par une banque ou une autre institution financière qui permet à ses clients d’effectuer des transactions financières à distance à l’aide d’un appareil mobile tel qu’un smartphone ou une tablette.

Du point de vue de la banque, les services bancaires mobiles réduisent le coût de traitement des transactions et donc la nécessité pour les clients de se rendre dans une agence bancaire pour des opérations de retrait et de dépôt autres qu’en espèces.

Cela permet également à des pays, où la population est surtout rurale et sous bancarisée, de participer à l’activité économique.

Le Kenya a été le premier au monde où cette solution a été utilisée et demeure aujourd’hui le pays où la banque mobile fonctionne le mieux.

Le Rwanda, pays leader en Afrique en termes d’innovation dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) est aussi un autre exemple où la banque mobile fonctionne bien.

Le Kenya, pays pionnier de la banque mobile

C’est au Kenya, pays d’Afrique de l’Est de 48 millions d’habitants, que l’aventure de la banque mobile commence, avec le lancement en 2007 de Safaricom, détenu à 40% par l’opérateur téléphonique britannique Vodafone, et de son application phare M-Pesa (M pour mobile et Pesa signifiant « argent » en Swahili).

Le lancement de la banque mobile à travers ce service avait pour but initial de permettre aux populations citadines du Kenya d’envoyer de l’argent à leurs proches qui se trouvent en milieux rural.

L’idée était de permettre à n’importe quel détenteur d’un téléphone d’envoyer de l’argent avec un maximum de rapidité et de simplicité.

Huit mois après son lancement, M-Pesa comptait un million d’utilisateurs en 2008 dans le pays, alors que l’application en compte plus de 18 millions maintenant.

La réussite du m-banking au Kenya s’explique par un faible taux de bancarisation de la population mais dont près de 60% est détentrice d’un téléphone portable.

L’opérateur Safaricom, grâce à une stratégie très en phase avec la sociologie de la population kenyane, a permis de développer davantage la banque mobile en offrant la possibilité de créer, avec le service M-Shwari lancé en 2012, un compte épargne avec l’équivalent d’un dollar américain seulement et même de contracter des micro-crédits.

Développement du micro-crédit mobile

M-Shwari est un service qui a vu le jour grâce à un partenariat entre la Commercial Bank of Africa (CBA) et Safaricom.

Ce service est un compte bancaire émis par la CBA offrant une combinaison d’épargne et de prêts soumis à toutes les exigences réglementaires d’un compte bancaire au Kenya.

Côté sécurité, c’est la CBA qui est responsable du maintien d’un système de gestion de l’information, de s’assurer de la conformité réglementaire et de la présentation de rapports sur l’ensemble des crédits octroyés.

La CBA utilise les informations « Know-your-customer » (Connaître votre client) collectées par Safaricom lors de l’enregistrement de la carte SIM du client et du compte M-PESA.

La CBA recoupe ensuite ces informations avec le système d’identification nationale du Kenya pour permettre l’ouverture de compte de manière instantanée et à distance.

Le Kenya a un système d’identification national qui fonctionne bien et l’ouverture de ce compte bancaire mobile prend moins de 30 secondes.

C’est aussi la CBA qui est chargée de la fourniture du capital pour financer le portefeuille de prêts et c’est aussi elle qui supporte le risque et absorbe les pertes des prêts non productifs.

Aujourd’hui, près d’un adulte kenyan sur cinq (soit 4,5 millions de personnes) est un client actif de M-Shwari avec plus de 10 millions de comptes et la CBA décaisse autour de 50.000 prêts par jour. Ce service est accessible directement via le menu M-PESA sur un appareil mobile.

Une révolution économique numérique

L’arrivée de la banque et des services financiers mobiles a totalement transformé une économie kenyane en constante numérisation.

En plus de permettre l’ouverture de comptes bancaires et de contracter des micro-crédits, le téléphone mobile est aussi devenu un outil de paiement au Kenya.

Avec l’introduction en 2013 de l’application Lipa Na M-Pesa (paie avec M-Pesa en Swahili), toujours du même opérateur Safaricom, il est possible de payer ses factures et même de faire ses courses à l’aide d’un téléphone mobile.

Au Kenya, la compagnie nationale d’électricité, les supermarchés, les restaurants et même les auto-écoles se sont convertis au numérique en se dotant de leur propre numéro d’identification leur permettant de recevoir les paiements à partir des téléphones mobiles de leurs clients.

Les transactions faites à partir de l’application Lipa Na M-Pesa représentent plus de 5% des transactions totales au Kenya et pourraient atteindre les 20% en 2020.

Ces transactions financières mobiles sont aussi beaucoup plus rapides, sécurisées et traçables.

Les microcrédits ont quant à eux permis à environ 2% des Kenyans de sortir de la pauvreté en 5 ans, selon une étude du Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Selon Safaricom, ces services bancaires et financiers mobiles ont aussi permis la création de 860.000 emplois et près d’un milliard de dollars d’activité économique.

Les services de Safaricom contribuent à 6,5% du PIB kenyan, alors que les bénéfices nets de la compagnie ont atteint près de 400 millions de dollars en 2017.

Mais le plus grand acquis de la banque mobile et des services apparentés au Kenya est qu’ils ont permis d’inclure de vaste pans de la population kenyane, surtout en milieu rural, dans le système financier et économique du pays.

Cela a été possible grâce au déploiement par Safaricom d’un énorme réseau de distribution composé de plus de 100.000 agents chez qui il est possible de déposer ou retirer son argent sur l’ensemble du territoire kenyan, même dans l’arrière-pays où les banques sont totalement absentes.

Un système qui ne marche pas partout…

Le succès fulgurant de la banque mobile au Kenya s’explique aussi par le fait qu’aussi bien le législateur que les autorités de régulation kenyanes aient soutenu le lancement de Safaricom.

Au début, Safaricom et son service M-Pesa ont dû faire face à une absence de réglementation sur les transferts d’argent par téléphone mobile mais aussi à un très fort lobbying des grands groupes bancaires dans le pays.

Cependant, les autorités kenyanes ont permis à la banque mobile d’exister en adaptant la législation en matière de transfert d’argent à cette innovation technologique.

Le fait que le gouvernement kenyan détienne 35% du capital de Safaricom a aussi dû être d’une grande aide pour le lancement de ces services.

Cependant, la banque mobile n’a pas connu le même succès dans tous les pays où elle a été introduite.

Vodafone, l’opérateur britannique qui a lancé Safaricom, a aussi introduit la banque mobile au Ghana, en RD Congo, en Roumanie, en Inde, en Égypte et en Afrique du Sud.

En Afrique du sud, la banque mobile a été retirée en 2016 et dans les autres pays, ce système n’a pas connu le même succès qu’au Kenya pour trois raisons principales.

La première est que certains de ces pays ont un réseau de téléphonie mobile assez défaillant, impactant négativement sur ce qui fait la force de la banque mobile à savoir la rapidité et l’accessibilité.

La seconde raison est que les législations nationales de certains pays en termes de transferts d’argent sont beaucoup plus strictes, et peu de gouvernements sont enclins à développer la banque mobile qui est pourtant une solution novatrice et pratique.

Enfin, les pays où le système bancaire est déjà assez développé sont peu propices à la banque mobile du fait du taux de bancarisation déjà élevés dans la population et de l’existence de facilités d’accès aux sources de financement.

Sauf au Rwanda…

En plus du Kenya, l’un des pays où la banque mobile fonctionne bien, se trouve aussi en Afrique et il s’agit du Rwanda, un pays qui mise pleinement sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) pour son développement.

Comme au Kenya, les Rwandais peuvent aussi régler leur facture d’électricité à l’aide d’un téléphone.

Les compteurs électriques sont dotés de claviers sur lequel il faut taper un code de validation envoyé par téléphone ce qui indique la confirmation du paiement.

Au Rwanda, l’administration fiscale est informatisée, et le contribuable peut payer ses impôts en faisant un virement à l’aide d’un téléphone.

Par ailleurs, au Rwanda, certes l’un des plus petits pays d’Afrique mais qui a connu un génocide en 1994, la 4G et la fibre optique sont maintenant présentes sur tout le territoire.

La qualité de l’Internet qui est fournie en termes de vitesse de téléchargement est incomparable sur le continent.

Le Rwanda est classé premier en Afrique pour la vitesse de téléchargement, devançant les pays les plus développés du continent.

Grâce à la concurrence sur le marché de l’Internet, les prix ont drastiquement baissé, permettant à près de 40% de la population rwandaise d’être connectée.

D’ailleurs le Rwanda fait partie des pays, avec le Kenya et l’Afrique du Sud, où les incubateurs pour les startups novatrices dans le domaine de NTIC sont les plus nombreux en Afrique.

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