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Rencontre avec Belkhir Belhaddad, député d’origine algérienne au Parlement français

Rencontre avec Belkhir Belhaddad, député d’origine algérienne au Parlement français

Assemblée nationale - année d’exploitation du cliché

Belkhir Belhaddad, 48 ans, a été élu député sous l’étiquette La République En Marche ! en juin dernier. Suite et fin de notre série de portraits consacrée à ces élus d’origine algérienne.

Octobre 1976. Il fait déjà froid et brumeux dans le nord-est de la France quand Belkhir Belhaddad, 7 ans, originaire de Timgad, atterrit à Hagondange, près de Metz. Avec sa mère, son frère et sa sœur, il vient de quitter son Algérie natale pour rejoindre son père, parti six ans plus tôt, pour travailler dans la sidérurgie en Lorraine.

Si les débuts et l’adaptation sont difficiles, le jeune garçon se passionne très tôt – « à 9 ou 10 ans » pour la « chose publique ». Quand il retourne en Algérie pour les vacances, il suit les aventures de cet oncle préfet qui, au début des années 1980, « accueille notamment le secrétaire général de l’ONU de l’époque, Pérez de Cuéllar ». Puis, adolescent, ce sont les grands rendez-vous politiques cathodiques, avec Jean-Marie Cavada ou Anne Sinclair, qui le passionnent.

À l’âge adulte, c’est finalement dans le militantisme associatif que le jeune homme s’engage. « Victime -quelquefois- à titre personnel de discrimination, je me suis intéressé à la problématique des inégalités », explique t-il à TSA. Il faudra attendre fin 2006 pour que Belkhir Belhaddad prenne finalement « la décision de s’engager en politique ». L’année suivante, en mars 2007, devenu adhérent au Parti socialiste, il milite pour la candidate Ségolène Royal. Sur le terrain, il fait la connaissance de Dominique Gros, futur maire PS de Metz. Quand ce dernier est élu aux élections municipales de 2008, Belkhir Belhaddad devient son adjoint en charge des Sports.

Les premières désillusions arrivent fin 2011 quand il se porte candidat à la députation. Sans succès. « Je n’avais pas 15 ou 20 ans de parti », raconte, un brin acide, l’élu. Progressivement, il observe les dérives au sein du PS. Notamment ce qu’il nomme « l’instrumentalisation de la diversité ». « Officiellement, il faut la promouvoir mais en réalité, en interne, ce sont toujours les mêmes qui occupent les postes et défendent leur pré-carré. Les candidats de la diversité sont regardés de travers. Est-ce qu’ils vont faire leurs preuves ? Ont-ils leur place ? », raconte Belkhir Belhaddad. « Ce genre de parti fonctionne en clans, en baronnie. C’est un système complètement fermé ».

Las, le chef d’entreprise (qui a créé sa société de conseil spécialisée dans le développement durable) quitte le PS en novembre 2016 pour rejoindre dans la foulée le mouvement fondé quelques mois plus tôt par Emmanuel Macron. « En lisant son bouquin (« Révolution », NDLR), je me suis retrouvé dans ce qu’il disait et déplorait, à savoir la lenteur de la politique, sa rigidité et un système replié sur lui-même ». « Le grand n’importe quoi » des campagnes des partis traditionnels vont le convaincre qu’il a fait le bon choix.

Début avril, à peine quelques semaines avant l’élection présidentielle, il décide de se porter candidat à la députation. Au premier tour des élections législatives, Belkhir Belhaddad élimine Aurélie Filippetti, députée PS sortante et ex-ministre de la Culture de François Hollande. Puis, il remporte le scrutin face à Laurence Burg, candidate du FN. « Pour moi, ce mandat est le prolongement de mon engagement associatif débuté il y a 20 ans, et l’occasion de porter mon action locale au niveau national », précise l’élu de la République.

Membre du groupe d’amitié franco-algérien à l’Assemblée nationale, il aimerait également contribuer au renouveau de la relation entre les deux pays. « J’aimerais qu’on change notre regard sur cette relation, que l’on puisse la dépassionner. Il faut qu’on arrête de regarder dans le rétroviseur, de parler de la guerre d’Algérie. Il faut passer à autre chose ».

Mais pour tourner la page, Belkhir Belhaddad sait que la repentance n’est pas un scénario envisageable. « Ça ne peut pas passer par des excuses. Personne ne voudra s’excuser. Une guerre reste une guerre, c’est traumatisant. Mais l’Allemagne et la France ont réussi à se réconcilier, et les Allemands ne se sont pas excusés. Je rêverais que l’on puisse bâtir ce type de relation entre nos deux pays ».

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