Ali Benflis, président de Talai’e El Hurriyet, estime qu’il existe « une surenchère » autour des appels pour un 5e mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika.
« Il est vrai que les indices d’un 5e mandat se multiplient. Mais l’opacité qui enveloppe le champ politique ne nous donne pas assez de visibilité pour privilégier ou écarter une telle option. Naturellement, les clientèles du régime et sa proximité trouvent leur intérêt dans la continuité qui leur garantit le maintien des privilèges. Ce que je pourrais vous dire, par contre, c’est qu’un 5e mandat serait dangereux pour notre pays. Il sera de nature à exacerber la crise globale qui l’affecte », a-t-il prévenu dans une interview accordée ce lundi 30 avril à El Watan.
Il n’est pas question, selon lui, de parler de candidatures de l’opposition pour la présidentielle de 2019 à l’heure actuelle en raison d’un « brouillage » de grilles de lecture. « Entre l’hypothétique 5e mandat, les cercles du pouvoir qui s’entre-déchirent, les forces extraconstitutionnelles et les lobbies qui tentent d’avancer leurs pions pour peser sur « la succession », dans le cas où le 5e mandat n’est plus de mise, la crise économique qui s’aggrave, et les tensions sociales qui s’exacerbent, le terrain est miné. Les meilleurs analystes se perdraient en conjectures dans ce paysage politique brumeux », a-t-il souligné.
« Nous aurons notre mot à dire le moment venu »
Pour lui, la recherche de la sortie de la crise déclasse l’élection présidentielle « dans l’ordre des priorités » de l’agenda politique. « La décision concernant une candidature à l’élection présidentielle ne peut être prise à la légère. Pour ma part, je me déciderai, le moment venu, en fonction d’un faisceau de paramètres et en concordance avec la décision que prendront les instances du parti que j’ai l’honneur de diriger. Ce qui est sûr, c’est que nous aurons notre mot à dire le moment venu », a-t-il dit.
Ali Benflis, ancien chef du gouvernement et ancien ministre de la Justice, a été candidat à l’élection présidentielle en 2004 et en 2014. Il estime qu’une candidature unique de l’opposition pour la prochaine élection présidentielle ne changerait pas grand-chose, « si l’élection se déroule dans le cadre législatif électoral en vigueur ».
« L’opposition algérienne est une opposition responsable. Elle a opté pour une démarche pacifique (…) L’opposition fait ce qu’elle peut dans ce climat politique délétère où elle subit le harcèlement au quotidien de la part du pouvoir politique dans le but de la discréditer auprès du citoyen, tantôt l’accusant de vouloir déstabiliser le pays ou encore en la divisant et en s’immisçant dans les affaires intérieures des partis », a-t-il dénoncé.
Il a critiqué, sans le nommer, le FLN qui parle, depuis quelques temps, de dresser un bilan des « réalisations du président Bouteflika depuis 1999 ». « En fait, le bilan que l’on présente au citoyen est un bilan invérifiable, falsifié, maquillé. Un bilan strictement comptable qui ne se préoccupe ni des coûts, ni des délais de réalisation que dénonce la Cour des comptes, ni de l’impact des réalisations sur la croissance et les conditions de vie du citoyen, ni de la corruption et des malversations auxquelles ces réalisations ont donné lieu », a-t-il souligné.