Après le GAFI qui l’a placée dans sa liste “grise”, la Commission européenne, organe exécutif de l’UE, ajoute l’Algérie à sa liste de pays “à haut risque” en matière de blanchiment d’argent. La décision a été dévoilée ce mardi 10 juin.
En octobre dernier, le groupe d’action financière (GAFI), l’organisme mondial qui traque le blanchiment d’argent, a ajouté, au cours de son congrès tenu à Paris, l’Algérie et trois autres pays à sa “liste grise” de pays placés ”sous surveillance accrue”. Les autres pays ajoutés à la même occasion sont la Côte d’Ivoire, le Liban et l’Angola, portant à 24 le nombre de pays placés dans cette liste. La “liste noire” comporte pour sa part l’Iran, la Birmanie et la Corée du Nord.
La présidente du GAFI, la Mexicaine Elisa de Anda Madrazo, avait précisé que l’inscription d’un pays dans la liste grise n’est pas une mesure “punitive”. Il s’agit, selon elle, d’orienter les pays concernés vers l’amélioration de leurs dispositifs. “Tous ces pays ont collaboré activement avec leurs organismes régionaux respectifs et avec le GAFI pour élaborer un plan d’action”, avait-elle reconnu.
L’Algérie suit les recommandations du Gafi
L’Algérie a, depuis, multiplié les mesures et les rencontres afin de sortir de cette liste. Ce qui n’a pas encore été fait. Le 18 mois, lors d’un conseil des ministres, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a ordonné a gouvernement l’application des recommandations selon ce que prévoient les lois du GAFI, d’autant que « l’Algérie a réalisé des résultats positifs ces dernières années, en témoignent les différentes lois de finances intervenues dans le cadre de la transparence et de l’intégrité et ce de l’avis d’institutions financières internationales, notamment en ce qui a trait à la conformité des données et informations économiques du pays ».
La Commission européenne a annoncé ce mardi 10 juin 2025 sa décision de s’aligner sur la liste grise du GAFI, qui évalue l’action des États en matière de lutte contre le blanchiment. La commission a ainsi ajouté l’Algérie, Monaco, l’Angola, la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Laos, le Liban, la Namibie, le Népal et le Venezuela à sa liste de pays “à haut risque”, qui font l’objet d’une surveillance accrue.
L’Algérie sur la liste de l’Union européenne des pays à “haut risque” de blanchiment d’argent
La commission a en revanche retiré de la liste Barbade, Gibraltar, la Jamaïque, le Panama, les Philippines, le Sénégal, l’Ouganda et les Émirats arabes unis.
“L’identification et la liste des juridictions à haut risque demeurent un outil essentiel pour préserver l’intégrité du système financier de l’UE”, a expliqué la commissaire européenne en charge des services financiers, Maria Luís Albuquerque.
Les eurodéputés et les États membres de l’Union européenne peuvent toutefois contester cette nouvelle liste dans un délai maximum de deux mois.
L’Algérie a redoublé ces derniers mois les efforts pour améliorer sa législation et pouvoir sortir de la liste grise du GAFI. Le pays a mis en place une stratégie nationale de prévention et de lutte contre le blanchiment d’argent, dont la mise en oeuvre fait l’objet d’un suivi régulier du ministère des Finances.
Les autorités s’attellent à suivre les recommandations du GAFI liées à la modernisation du système national de prévention et de lutte contre les risques de blanchiment d’argent et l’amélioration de son efficacité.
L’introduction dans la loi de finances pour 2025 de la bancarisation obligatoire de certaines transactions, notamment dans l’immobilier, entre dans ce cadre. La législation algérienne prévoit en outre des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison pour les faits liés au blanchiment d’argent et finalement du terrorisme.