La décision de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) de modifier les conditions de ses appels d’offres internationaux pour l’importation de blé a attiré la convoitise des fournisseurs russes au grand dam des exportateurs français, résignés à l’idée de perdre leur monopole sur le marché, rapporte ce mercredi l’agence Reuters.
L’OAIC a décidé récemment d’assouplir les conditions strictes permettant aux fournisseurs de blé étrangers de soumissionner aux appels d’offre. Le nouveau cahier des charges se montre notamment moins exigeant concernant la limite de taux de grains punaisés pour le blé à haute teneur en protéines. Cette décision a été largement vue comme une mesure ouvrant la voie à l’importation de blé originaire de la mer Noire, notamment de la Russie.
Bien que les prix proposés par la Russie soient actuellement élevés, limitant dans l’immédiat les ambitions du blé russe en Algérie, l’arrivée prochaine de la concurrence en provenance de Russie suscite les inquiétudes auprès des fournisseurs de blé traditionnels de l’Algérie, en premier lieu la France.
La France exporte environ cinq millions de tonnes de blé par saison vers l’Algérie. Le pays représente son premier client à l’exportation, constituant à lui seul environ 40% de ses exportations en dehors de l’Union européenne.
« Pas grand-chose ne devrait changer cette saison », a estimé Nathan Cordier, du cabinet de consulting spécialisé Agritel, cité par Reuters. « Mais le fait est qu’à l’avenir, le blé français ne pourra pas s’en tirer avec un prix élevé avec la concurrence du blé originaire de la mer Noire », a affirmé le spécialiste.
Cependant, la France devrait pouvoir continuer à se tailler la part du lion dans les importations algériennes de blé. Selon le groupe d’exportateurs Synacomex, la France devrait maintenir 60% de parts de marché contre la concurrence en provenance de la mer Noire durant les périodes de bonne récolte.
Cela demeurera cependant loin des 90% de parts de marché que la France a pu atteindre certaines années en Algérie, soit une chute en volume d’un à deux millions de tonnes.
Se préparant à cette éventualité, les exportateurs français envisagent de compenser cette perte en se tournant vers d’autres marchés, notamment en Afrique de l’Ouest et vers la Chine. Ce pays pourrait même devenir dès cette saison le premier client des exportations françaises de blé, détrônant ainsi l’Algérie.
« Nous allons devoir arrêter de penser que le marché algérien est le nôtre et trouver d’autres alternatives », résume un trader.
En 2019, l’Algérie avait importé pour 2,7 milliards de céréales qui représentent plus d’un tiers de ses importations de produits alimentaires.