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Bouhadja – députés : à qui profite la crise ?

Bouhadja – députés : à qui profite la crise ?

Çà a tout d’une tempête dans un verre d’eau. En apparence, du moins. Du jour au lendemain, la Chambre basse est jetée dans un cafouillage indescriptible avec en perspective le gel des activités de l’Assemblée et peut-être même sa dissolution. 

Les raisons de cet imbroglio ? Très peu de gens, à commencer peut-être par les frondeurs eux-mêmes, peuvent avancer des raisons objectives pour le justifier ou du moins en donner une explication raisonnable.

Tout serait parti du limogeage du secrétaire général de l’APN par son patron qui lui aurait reproché des anomalies dans la gestion des affaires de la Chambre basse. Ayant beaucoup de « relations » et décrit comme un homme puissant, l’‘’indélicat’’ fonctionnaire aurait rameuté tous ses soutiens, au FLN notamment, qui lui seraient alors venus à la rescousse en faisant pression sur Said Bouhadja pour revenir sur sa décision. Peine perdue.

Intervient alors le secrétaire général du FLN. Djamel Ould Abbes, à l’occasion d’une réunion du groupe parlementaire de son parti, désavoue Said Bouhadja, un cadre du FLN lui aussi et ancien Moudjahid, tout en mettant en garde tous ceux qui oseront « franchir la ligne rouge ». « Celui qui sortirait de son allégeance au président Bouteflika ne peut pas rester au FLN», affirme Ould Abbes.

Pourtant on connaît pas à Said Bouhedja, un homme lisse et très discipliné, un traître déclaration hostile à Bouteflika, sinon il ne lui aurait jamais donné son onction pour présider une institution aussi importante que l’Assemblée. Mieux, durant sa petite année de règne, Said Bouhdja a souvent égratigné les partis hostiles à la politique du chef de l’Etat. Ce qui ne l’a pas empêché d’être sur la sellette et de faire face, notamment depuis l’immixtion d’Ould Abbes dans le dossier, à une révolte menée par les députés de son propre parti avant d’être rejoints par des collègues de quatre autres groupes parlementaires, se recrutant tous de ce qui est communément appelée Alliance présidentielle pour pousser Bouhadja à démissionner.

Depuis hier, c’est l’activité de l’APN qui est carrément gelée et, ‘’cerise sur le gâteau’’, le ministère des Affaires étrangères a mis son grain de sel en annulant nombre des activités prévues avec des diplomates étrangers au sein de l’APN.

Résumons. D’une part, un mouvement de rébellion qui gagne de plus en plus intensité contre Said Bouhadja sommé de remettre sa démission par plus de la moitié de l’Assemblée, plus que jamais décidée à avoir gain de cause. Et de l’autre part, un président d’APN qui s’accroche viscéralement à son poste en refusant de rendre le tablier au motif qu’il ne lui a pas été demandé par la présidence de la République.

Question : pourquoi cet entêtement, voire jusqu’auboutisme, des deux parties au risque de paralyser l’institution parlementaire et, peut-être, provoquer carrément sa dissolution ? Bouhadja et ses détracteurs auraient-ils décidé de leur propre chef à se crêper le chignon et à laver leur linge sale en public au risque de provoquer une crise institutionnelle ? Invraisemblable.

De deux choses l’une. Où la présente passe d’arme entre les députés et Bouhedja est le prolongement de la guerre des clans, vraie ou supposée, au sommet de l’Etat pour avoir ou garder la main sur une institution aussi névralgique que l’APN. Où cette fronde des députés de l’Alliance présidentielle est préfabriquée et factice, et la forte résistance de Bouhadja n’est rien d’autre qu’un simulacre. Un jeu de rôle des deux protagonistes, en somme.

Reste alors à percer le mystère de cette guéguerre, c’est-à-dire le vrai dessein des tireurs de ficelles qui, eux sont tapis dans l’ombre. Et là, l’on ne peut émettre que des hypothèses, voire de simples supputations. Il n’est pas exclu qu’on cherche délibérément à provoquer la paralysie de l’Assemblée pour soit prononcer sa dissolution comme l’a suggéré le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounes, dans un entretien accordé hier à TSA (une solution extrême invraisemblable du fait que l’APN se doit d’adopter la loi de finances 2019 dans un peu moins de trois mois au risque de paralyser le pays).

Soit proposer des amendements constitutionnels pour prendre en charge ce cas de paralysie du pouvoir législatif tout en profitant pour apporter des réponses à la problématique politique qui se pose actuellement aux décideurs dans le but de permettre au président de briguer un cinquième mandat ou de prolonger son mandat actuel.

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