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Bureaux de change : les fausses excuses du Gouverneur de la Banque d’Algérie

Bureaux de change : les fausses excuses du Gouverneur de la Banque d’Algérie

Anis Belghoul / NEWPRESS
Mohamed Loukal, Gouverneur de la Banque d'Algérie

L’ouverture des bureaux de change est « prématurée ». Elle ne constitue pas une priorité, a affirmé, mercredi 12 avril, Mohamed Loukal. Pourquoi ? Le dinar algérien n’est pas convertible et le pays ne connait pas une intense activité touristique, a expliqué le Gouverneur dans sa réponse aux préoccupations soulevées par les membres du Conseil de la Nation lors d’une session plénière durant laquelle il a présenté le rapport sur la situation économique et financière du pays, rapporte ce jeudi l’agence officielle.

Mohamed Loukal a en partie raison. Ceux qui pensent que les bureaux de change vont régler le problème du marché parallèle se trompent. Le dinar n’étant pas convertible, ces bureaux ne feront qu’acheter des devises à ceux qui voudraient bien les vendre à taux officiel. Les Algériens qui voudront convertir leurs dinars en devises devront toujours solliciter le marché parallèle.

Mais dans sa réponse, Mohamed Loukal s’est intéressé à un seul aspect du problème : le volet réglementaire. Il oublie les autres aspects du problème, beaucoup plus importants. À commencer par la fiscalité. Le marché parallèle de la devise est estimé à 5 milliards de dollars par an. C’est un marché colossal qui échappe totalement au contrôle de l’État. Au moment où le gouvernement étrangle les entreprises et les ménages par des hausses d’impôts, il est difficile de comprendre comment une activité de telle ampleur s’effectue en dehors de tout cadre légal. La monnaie est une marchandise comme une autre : elle se vend et s’achète. Pourquoi ne pas imposer ces transactions ?

Ensuite, Mohamed Loukal fait mine d’ignorer que l’essentiel du marché parallèle est alimenté par les surfacturations des importations. C’est d’ailleurs en partie, l’écart colossal (50%) entre le taux officiel et le parallèle qui encourage les acteurs à surfacturer leurs achats à l’étranger. La mise en place de bureaux de change, accompagnée d’une criminalisation du change parallèle, va permettre de tracer les transactions et de réduire les surfacturations qui représentent aujourd’hui en moyenne 20% des importations.

Enfin, le marché parallèle des devises est le meilleur moyen de blanchir l’argent sale de la corruption, du crime organisé et de la drogue. Le Gouverneur de la Banque d’Algérie ne peut l’ignorer.

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