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Campagne de Bouteflika : Mouad Bouchareb est déjà un boulet pour l’Alliance présidentielle

Campagne de Bouteflika : Mouad Bouchareb est déjà un boulet pour l’Alliance présidentielle

Le succès des marches populaires de vendredi 22 février a pris de court tous ceux qui s’étaient positionnés en faveur du cinquième mandat, à leur tête les partis de l’Alliance présidentielle.

Jusque-là, le FLN, le RND, le MPA et TAJ, et même les autres petits partis proches du pouvoir et les organisations dites de masse comme celles des travailleurs, des moudjahidine ou des paysans, ont toujours accordé leurs violons quand il s’agit de s’exprimer sur des questions d’une telle sensibilité.

On comprend maintenant que cette harmonie relevait moins de la concertation et de convictions partagées que de l’injonction. C’est ce qui semble faire défaut aujourd’hui, les centres de décision n’ayant eux-mêmes pas vu venir cet éveil populaire, du moins avec cette ampleur.

Le RND et le MPA ont choisi la voie de la facilité, soit le silence en attendant des instructions. Le FLN avait sans doute la décision la plus difficile à prendre dans la soirée de vendredi : maintenir ou annuler une rencontre de son coordinateur provisoire à Oran avec les cadres du parti de la région ouest.

Mouad Bouchareb a choisi d’y aller, ce qui signifie s’exprimer publiquement au lendemain d’une journée qui a retourné toutes les cartes. On doute fort qu’il soit briefé avant de prendre le vol samedi pour Oran, car les propos qu’il a tenus ne peuvent émaner que d’un novice à ce niveau de responsabilité.

Il en est certes à son troisième mandat de député, mais on sait dans quelles conditions il fut bombardé à 47 ans seulement et sans aucune autre expérience, président de l’APN et coordinateur de l’instance provisoire de gestion des affaires du parti majoritaire.

A Oran, il a tout simplement fait dans la provocation. A tous les Algériens qui ont battu le pavé vendredi pour dire non à un autre mandat de Bouteflika, il a rappelé que celui-ci était un envoyé de Dieu et qu’ils peuvent toujours « rêver » de le voir partir.

Morceau choisi du discours surréaliste de Bouchareb : « Dieu a envoyé Bouteflika en 1999 pour réformer la Nation algérienne et lui rendre la place qui est la sienne ». Il ajoute : « Certains politiques et quelques pseudos politiques commencent à rêver. Je leur dis : faites de beaux rêves et bon sommeil. Je leur dis aussi, les enfants rêvent toujours, alors profitez de vos rêves ». Avant d’affirmer : « Vous savez bien que dans de nombreux pays, les gens sont sortis dans la rue par dizaines de milliers pour exprimer des revendications sociales et politiques et, lorsque d’autres parties se sont infiltrées, leur rêve s’est évaporé et leurs aspirations ne sont pas réalisées ».

L’arrogance passe mal. Sur les réseaux sociaux, c’est la consternation. Les réactions ont été vives obligeant le parti a réagir en catastrophe dans la soirée pour préciser que l’interprétation faite des propos de son chef est erronée. « Le discours de Bouchareb aujourd’hui à Oran a été déformé pour montrer qu’il est dirigé contre le peuple. En réalité, ce discours est destiné aux partis qui se réclament de l’opposition alors qu’ils ont échoué à atteindre leurs objectifs », précise le FLN sur sa page Facebook.

Selon nos informations, Mouad Bouchareb a été rappelé à l’ordre la par la direction de campagne du chef de l’Etat.

Amar Ghoul, l’autre soutien « indéfectible » de Bouteflika, a choisi lui aussi de s’exprimer. Il s’est montré moins arrogant que son collègue de l’Alliance, mais il ne s’est pas départi de la légèreté qu’on lui connait.

Pour lui, si les marches de vendredi ont connu un tel succès, c’est grâce au président de la République qui a permis « l’émergence d’un peuple éduqué et baignant dans la liberté et la démocratie ». Deux jours auparavant, il assurait sur France 24 que le peuple algérien était « vacciné contre la marche et la protestation » après avoir connu les affres du terrorisme dans les années 1990.

Le RND du Premier ministre Ahmed Ouyahia et le MPA de Amara Benyounès ont préféré attendre, sachant sans doute que le risque de maladresse n’est jamais loin quand on s’exprime sur un sujet d’une extrême sensibilité, de surcroît dans une étape décisive dans la vie de la Nation.

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