À retenir :
- En Suède, un projet de loi porté par le gouvernement de droite propose d’obliger les fonctionnaires, dont les enseignants et les médecins, à dénoncer les sans-papiers
- Cette proposition de loi inquiétante suscite une vive polémique dans le pays et se heurte déjà à une très forte opposition auprès des services publics suédois.
Un peu partout en Europe, l’étau se resserre sur les sans-papiers. Même les pays nordiques, jadis réputés pour leurs politiques d’accueil, ferment les vannes de l’immigration.
C’est le cas de la Suède. Dans l’optique d’accélérer l’expulsion des immigrés en situation irrégulière, le gouvernement suédois, arrivé au pouvoir en automne 2022 grâce au soutien de l’extrême-droite, propose d’imposer aux fonctionnaires de l’État de dénoncer les sans-papiers avec qui ils sont en contact.
« La police fait son travail, nous le nôtre »
Il s’agit concrètement de contraindre les employés à faire de la délation, ce qui a suscité une forte mobilisation des professionnels du secteur public. Les enseignants et le corps médical ont d’ores et déjà appelé à la « désobéissance civile » afin de faire face à cette proposition de loi controversée.
La première mission d’information concernant le projet de loi proposé par le gouvernement de droite commence ce mercredi 29 mai au Parlement suédois. Entre temps, les fonctionnaires concernés montent au créneau.
« Aucun professeur, directeur d’école, médecin, infirmier, bibliothécaire ne s’est engagé dans son métier pour faire de la délation », indique la présidente du syndicat des enseignants, rapportée ce mercredi 29 mai par le journal La Croix.
Pour elle, « il est important dans un État de droit comme la Suède que chacun garde son rôle : la police fait son travail, nous, le nôtre ». De son côté, le personnel médical refuse aussi catégoriquement de dénoncer les patients sans papiers.
La proposition « équivaut à instaurer une espèce d’État policier »
En décembre dernier, plus de 4 000 professionnels de la santé ont signé une tribune pour rejeter la proposition, refusant notamment de dénoncer « leurs patients sans papiers à la police ou aux services de l’immigration ».
Outre la conscience professionnelle et le serment d’Hippocrate qui les oblige à ne pas le faire, les professionnels du corps médical avancent également des impacts sur la santé publique dans le pays.
Selon la secrétaire générale de la section suédoise de Médecins du monde, le risque réside dans le fait que des personnes en situation irrégulière renoncent à se soigner ou demander de l’aide de peur d’être expulsées. Ainsi, des maladies pas traitées vont s’aggraver, posant un risque sur la propagation de maladies infectieuses.
La présidente d’une ONG de défense des droits des sans-papiers indique pour sa part que cette catégorie de citoyens est déjà « assez marginalisée ». Ainsi, elle estime qu’une telle proposition « équivaut à instaurer une espèce d’État policier ».