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Ces « bombes à retardement » qui compliquent la crise politique

Ces « bombes à retardement » qui compliquent la crise politique

Plus de deux mois après le début de la révolte populaire, aucune perspective de sortie de crise ne se profile. Pour le onzième vendredi de suite, les Algériens sont sortis en masse dans la rue pour réitérer leur revendication initiale et rejeter une énième proposition du pouvoir.

Vendredi 3 mai, c’est l’appel au dialogue du chef de l’armée qui a essuyé une fin de non-recevoir. Pourtant, le pouvoir avait cru avoir fait le plus dur en suscitant une première réaction positive d’une partie de l’opposition.

En ce lendemain de nouvelles marches populaires, l’Algérie se réveille avec cette même frustration de ne pas avoir fait un seul pas vers le règlement de la crise, mais aussi avec le soulagement du maintien de la flamme de la mobilisation en dépit de toutes les manœuvres et tentatives visant à l’éteindre.

La seule décantation notable, si on peut l’appeler ainsi, c’est la certitude que l’élection présidentielle ne pourra avoir lieu à sa date initiale. Son premier défenseur, le chef d’état-major de l’armée, a dû se résigner en appelant à sa tenue « le plus tôt possible ».

Cela étant, la solution constitutionnelle incluant une élection présidentielle demeure le choix que le pouvoir ne désespère pas d’imposer, quitte à prendre tout son temps.

Le rejet de son offre de dialogue avant même qu’elle soit explicitée ne signifie pas qu’il renoncera à sa résolution de garder les leviers de la décision pendant la période de transition.

Dans le camp d’en face, c’est la même détermination à ne pas laisser le système se régénérer en gérant lui-même le processus qui mènera vers des élections. L’enjeu est crucial et explique le fait que les avis des uns et des autres soient encore figés après onze semaines de manifestations.

La position la plus inconfortable c’est celle du chef d’état-major de l’ANP, qui en s’imposant comme l’interlocuteur des manifestants, se voit contraint de s’adonner chaque semaine à un numéro d’équilibriste. Ahmed Gaïd-Salah est resté constant dans son soutien « aux aspirations légitimes du peuple », mais n’a rien fait de notable pour permettre de concrétiser au moins la première de ces revendications, soit la révocation des hommes laissés par Bouteflika à la tête d’institutions névralgiques.

Le souci de ne pas heurter la Constitution ne convainc plus et cette dualité du langage vaut au général des critiques de plus en plus directes chaque vendredi même si, à sa décharge, il se pourrait qu’elle découle avant tout de la complexité de la crise.

Il a lui-même parlé de « bombes à retardement » disséminées au sein des institutions de l’État et sûrement, il n’exagère pas. La logique des clans a toujours prédominé dans le fonctionnement du système politique algérien et il est dans l’ordre des choses que chaque faction tente de sauver ce qui peut l’être de ses positions et de ses privilèges maintenant que le peuple réclame du changement.

Déjà, les tentatives du cercle proche de l’ancien président et des réseaux de ce qui reste du DRS de peser sur la situation ont été confirmées par des témoignages publics d’anciens hauts responsables, et dénoncées par le chef d’état-major.

On sait au moins que deux factions qui se sont livrées une guerre féroce il y a quelques années se sont liguées contre le changement et il est plus que certain que les autres ne se tiennent pas à l’écart de tout ce qui se passe. La crise algérienne est peut-être plus complexe qu’elle ne le parait…

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