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Ces scènes humiliantes dans les boucheries en Algérie

Ces scènes humiliantes dans les boucheries en Algérie

Scène ordinaire dans une boucherie algérienne. Un homme demande pour 300 dinars de viande hachée. C’est le Ramadan et le produit est très utilisé dans certaines préparations, notamment les bourek, ces salés qui accompagnent la chorba.

A près de 2000 dinars le kilogramme, le client devra repartir avec une toute petite quantité de viande, à peine suffisante pour une seule personne.  Soit l’homme compte ses sous car démuni, soit il vit seul. Le boucher et les clients qui attendent leur tour ne peuvent pas le savoir.

Le boucher découpe un petit morceau et le pèse et annonce au client ce qu’il devra payer : 500 dinars. L’homme n’est pas gêné et proteste.

Une petite discussion s’engage aussitôt : « J’ai demandé pour 300 et non 500 dinars ». « Oui, mais j’ai déjà découpé », répond le boucher. « Et si je n’avais que 300 dinars en poche ? », réplique le client.

Le boucher ne sait que répondre, mais jette quand même le morceau dans le hachoir, alors qu’il pouvait l’écourter et vendre le reste en viande hachée au prochain client.

Le client laisse  faire. II sort une liasse de billets, en prend un de 500 dinars, le jette sur le comptoir et s’en va. Les autres clients échangent des regards, mais ne disent pas mot. Tous, visiblement, désapprouvent l’attitude du boucher, mais personne n’ose le lui dire. Il ne paraît pas de bonne humeur.

Ce genre de scène se répète quotidiennement dans les boucheries et autres commerces d’Algérie et se termine parfois par de petites humiliations.

Les balances électroniques modernes permettent d’acheter la quantité que l’on veut, un bout de viande ou de fromage, une orange ou quelques fraises.

Acheter juste ce qu’il faut pour le repas de la journée est un mode de consommation sain et économique. Cela évite le gaspillage et permet de consommer du frais.

Un célibataire, ou même un couple sans enfants, n’a que faire d’un kilo de viande ou d’un poulet entier, tant qu’il est possible d’acheter juste la quantité suffisante pour la journée.

Acheter des ailes de poulet dans une boucherie en Algérie

Une TikTokeuse raconte dans une vidéo la mésaventure qu’elle a eue dans une boucherie de Bab Ezzouar à Alger. « Je suis entrée dans une boucherie, j’ai demandé pour l’équivalent 600 dinars de viande. Le boucher n’a pas bien entendu et m’a dit : 900 dinars ? J’ai répondu en précisant que c’est bien 600 dinars. Je vais déjeûner toute seule et c’est tout ce dont j’ai besoin. Le boucher a découpé la viande, l’a pesée et m’a annoncé que 900 dinars ».

@bylkademoiselle Ça me rend folle .. ?‍? #fyp #ramadan2023 #algeria #femmealgerienne #fypシ #dz #trend #kabyle #alger #رمضان #رمضان_يجمعنا ♬ son original – Bylkademoiselle

Parfois, les gens prennent juste ce qu’ils peuvent se permettre. La hausse vertigineuse de certains produits, comme les viandes et les fruits, les a rendus inaccessibles à de larges franges de la société algérienne.

La viande par exemple a largement dépassé les 2.000 dinars le kilogramme avant même le Ramadan, soit à peu près quatre jours de travail au SMIG.

Certaines bourses ne peuvent pas se permettre une telle dépense. Acheter un kilogramme de viande c’est se priver d’autres produits essentiels pour le reste du mois. Parfois encore, ils prennent des morceaux peu cotés, comme les ailes de poulet, les os ou carcasse de bœuf ou de mouton, de la graisse…

Ceux qui achètent par petites quantités sont donc soit des célibataires ou couples sans enfants, ou des démunis. Mais beaucoup de bouchers et de commerçants n’aiment ni les uns ni les autres et n’hésitent parfois pas à humilier et à mettre dans la gêne par des remarques désobligeantes ceux qui n’ont pas de quoi remplir le couffin. Pas tous, heureusement.

Dans certains cas, c’est les autres clients qui y vont de leur petite remarque blessante. Sur les réseaux sociaux, on retrouve ce témoignage d’un citoyen outré par une scène à laquelle il a assisté.

Dans une boutique de vente de viande de volaille, un client se fait peser un kilogramme d’ailes de poulet pour 280 dinars alors que le poulet entier est vendu à 460 dinars.

Au même moment, un autre client lance sa commande, un kilo d’escalope de dinde, quelques cuisses de poulet. « Et aussi deux kilos d’ailes. C’est pour mon chien », ajoute-t-il.

La précision est autant inutile que blessante pour le malheureux client qui, en plus de devoir se contenter d’ailes de poulet, doit aussi entendre ce genre de railleries. On ne sait pas si la scène a réellement eu lieu, mais il est vrai que certaines personnes, sciemment ou pas, blessent parfois par leur comportement ou leurs propos ceux qui sont dans le besoin.

Un autre témoignage rapporte que beaucoup de gens à faible revenu ont acquis le réflexe d’attendre que le magasin soit vide pour y entrer. Ils peuvent alors commander sans gêne la quantité ou le morceau qui sied à leur budget…

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