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« C’est la première fois depuis le début du mouvement populaire qu’une marche est organisée en France »

« C’est la première fois depuis le début du mouvement populaire qu’une marche est organisée en France »

Une marche des Algériens de France est prévue, ce dimanche 30 juin, à Paris à l’appel de collectifs pour demander une transition démocratique et la libération des détenus d’opinion. Amina Afaf Chaieb, membre du mouvement Ibtykar et du collectif Libérons l’Algérie qui ont appelé à manifester ce dimanche à Paris, explique dans cet entretien accordé à TSA les objectifs de cette action et revient sur l’engagement des Algériens de France en faveur du changement en Algérie.

Une marche des Algériens de France est organisée ce dimanche à Paris.  Qui sont ses organisateurs et quels seront ses mots d’ordre ?

C’est la première fois depuis le début du mouvement populaire qu’une marche est organisée en France. Les rassemblements sont devenus un rituel tous les dimanches, avec l’entêtement et les dérives du système et l’escalade de la répression, il fallait remonter au créneau, se mobiliser autrement.

L’initiative et l’organisation viennent de plusieurs collectifs et de citoyens, la démarche est inclusive et ouverte. Le mot d’ordre est une transition démocratique en rupture avec le système, pour un État de droit, un État civil, l’arrêt des répressions et la libération des détenus d’opinion. Il faut que la voix des Algériens en France se fasse entendre clairement et massivement : une solution politique pour une Algérie démocratique.

Depuis le début de la révolte en Algérie, la diaspora, notamment en France, a accompagné le mouvement en organisant des  rassemblements. Plus de quatre mois après le début du mouvement, où en est la mobilisation des Algériens de France ?

La mobilisation reste forte malgré une légère baisse et s’est maintenue pendant le mois de Ramadhan. Et elle n’est pas à Paris seulement, c’est aussi à Lyon, Toulouse, Bordeaux, Marseille… Partout, les Algériennes et Algériens battent le pavé avec les mêmes slogans que ceux en Algérie et avec détermination. La mobilisation est de plus en plus organisée sous forme de comités citoyens ou de collectifs.

En dehors des rassemblements de protestation, quels sont les autres moyens d’action de la communauté algérienne en France en faveur du changement en Algérie ?

Il est important de créer les espaces d’expression et de dialogue politique entre les Algériens, c’est ce que le Collectif Libérons l’Algérie fait par exemple à travers une agora publique tous les dimanches. Nous donnons la parole aux citoyens, aux militants et nous avons reçu plusieurs délégations venues d’Algérie, des organisations comme RAJ, la LADDH, ou encore des maires qui avaient refusé d’organiser les élections du 4 juillet. C’est aussi créer des ponts entre la communauté algérienne et les acteurs locaux. Car pour peser sur le rapport de force, il faut fédérer toutes les voix démocratiques, sur le territoire national et à l’étranger.

En outre, la diaspora est un foyer de compétences, d’idées et d’énergies au service du changement. Il y a beaucoup de projets citoyens qui naissent, et Facebook efface les frontières et permet la collaboration, la communication. Elle participe aussi à la médiatisation de la révolution pacifique algérienne.

Comment sont perçus par les Algériens de France les événements qui se déroulent actuellement en Algérie ?

A l’ère du digital, tout est vécu et suivi en temps réel. Ceux qui ont quitté l’Algérie pour étudier, travailler ou en tant que harraga sont portés par l’espoir du renouveau. Ceux qui sont nés en France renouent avec leur pays d’origine. Les personnes âgées, qui ont connu la guerre de libération et à qui on a volé le rêve d’une Algérie libre sont certainement les plus émus et les plus émouvants. Beaucoup prennent des billets d’avions et font la navette dès que possible pour vivre les marches.

Les Algériens en France mesurent l’importance de ce moment historique et ressentent le devoir, la responsabilité de contribuer au succès de la révolution. Ils sont à la fois inquiets de la montée de la répression et les ingérences du Commandement militaire dans la politique, et la justice, mais aussi déterminés et résilients.

Quel apport pourraient-ils avoir en faveur de la transition démocratique et dans l’Algérie de demain qui se dessine actuellement grâce à ce mouvement populaire ?

La diaspora algérienne, partie intégrante du peuple algérien, s’est inscrite tout naturellement dès le début du mouvement populaire, en phase avec la Révolution citoyenne. Elle n’est pas juste un écho ou un soutien, mais une partie prenante du changement. Aujourd’hui il s’agit de reconquérir une citoyenneté complète et effective, pour tous les Algériens, y compris ceux à l’étranger. Comme par le passé pendant la guerre d’indépendance, ils participent à la construction de l’alternative démocratique.

Les Algériens en France sont très engagés sur le terrain, il existe une base militante solide, des compétences pointues, une culture démocratique et les associations et les partis ont leurs représentations ici. C’est un atout et un levier pour le succès de notre révolution pacifique. Le Système néfaste liberticide et corrompu a fait fuir les intelligences, il sera nécessaire de les rapatrier car il faudra s’attaquer de grands chantiers. Pour construire cet État démocratique et prospère auquel tous les Algériens aspirent, l’Algérie aura besoin de tous ses enfants.

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