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Chadli, Toufik, Bouteflika… : les confidences d’un célèbre avocat algérien

Chadli, Toufik, Bouteflika… : les confidences d’un célèbre avocat algérien

NEWPRESS

L’avocat Farouk Ksentini, président de la commission nationale consultative des droits de l’homme sous Bouteflika, raconte à la chaîne web El Khabar TV plusieurs souvenirs et anecdotes sur les principaux responsables de l’Algérie de ces dernières décennies, qu’il a côtoyés de près, comme le général Toufik et les présidents Abdelaziz Bouteflika et Chadli Bendjedid. 

Me Ksentini n’a jamais caché son amitié avec l’ancien président Abdelaziz Bouteflika (1999-2019). C’est lui qui donnait régulièrement des nouvelles du président cloué par la maladie dans les dernières années de son mandat.  

Le célèbre avocat raconte qu’il a connu Abdelaziz Bouteflika lors du procès d’un ancien ambassadeur d’Algérie à Washington accusé d’espionnage au profit des États-Unis. « Nous avons, en tant que collectif de défense, convoqué Bouteflika comme témoin. Il est resté de 9h du matin jusqu’à 21 heures et a témoigné en faveur de l’accusé qui sera innocenté. J’ai pu découvrir la valeur de l’homme. Il n’était pourtant pas en position de force à cause des accusations de détournement qui l’accablaient lui-même », se souvient ce ténor du barreau algérien. 

A propos des accusations de détournement de fonds contre l’ancien ministre des Affaires étrangères sous le président Houari Boumedienne, Farouk Ksentini assure que c’était un coup monté. « Quand on fait de la politique, on a forcément des ennemis. Ce n’est pas tout le monde qui l’aimait. C’est un coup monté venu d’où on ne sait où. Peut-être des français, peut-être d’une autre partie », dit-il. 

« Bouteflika était un homme de pouvoir, pas d’argent » 

Abdelaziz Bouteflika avait donné instruction aux ambassades et consulats de déposer les reliquats dans un compte en Suisse sur ordre du président Boumediene, révèle Ksentini. C’était pour financer des dépenses qui devaient rester secrètes, explique-t-il.

« Bouteflika était un homme de pouvoir, pas d’argent. Il aimait le pouvoir, c’est son droit, mais il était complètement désintéressé de l’argent. Il est impensable qu’il puisse toucher à un dinar. Il ne possédait rien à part son appartement de Poirson » à El Biar, quartier chic d’Alger, témoigne son ami, qui raconte aussi que la femme de Habib Bourguiba, le président tunisien de l’époque, lui a payé des frais de soins en Suisse alors qu’il n’était plus ministre des AE.  

Abdelaziz Bouteflika n’aimait pas l’argent, « contrairement à son frère ? », interroge la journaliste d’El Khabar TV.  « Son frère, je ne le connais pas », répond simplement Me Ksentini. 

Le témoignage de Ksentini sur le général Toufik

Celui-ci a aussi fait des révélations sur l’échec de la première tentative de nommer Bouteflika à la tête de l’État en 1994. « Il considérait qu’on ne lui a pas donné suffisamment de garanties, c’est pour cela qu’il a hésité. Sa mère aussi a joué un rôle. Elle avait peur pour lui, à cause du sort de Mohamed Boudiaf, c’était un poste difficile. Elle ne l’a pas encouragé. En 1999, il a dû obtenir des garanties plus fortes », dit-il.  

Autre haut dirigeant que Me Ksentini a côtoyé, le général Mohamed Mediene dit Toufik. L’avocat récuse catégoriquement que l’ancien chef du DRS s’est qualifié un jour de « Reb Dzair » (dieu de l’Algérie).  

« Je lui ai posé moi-même la question, il m’a répondu que c’est le fait de ses ennemis et qu’il savait qui a sorti cela. Le connaissant, mesuré et sage, il ne peut pas avoir prononcé une telle chose. Il ne peut même pas y penser. Jamais de la vie », a assuré Farouk Ksentini.  

A propos de l’accusation de « complot » qui a valu à l’ex-chef des services de renseignements algériens d’être arrêté en 1999 et condamné avant d’être innocenté, Farouk Ksentini, qui était son avocat dans le dossier, a nié la présence de l’attaché militaire français à la réunion, comme cela a été raconté à l’époque par les détracteurs du général de corps d’armée. « Si c’était vrai, cela aurait été cité au procès. Je ne connais pas quelqu’un qui déteste la France comme le général Toufik. C’est impossible qu’il fasse une chose pareille. » 

Du président Chadli Bendjedid, qu’il a aussi connu, Farouk Ksentini, a dévoilé une facette peu connue : « Chadli avait de la classe et s’habillait de façon raffinée. Un jour, je lui ai dit qu’il me rappelle les acteurs italiens des années 1950. Ça l’a fait sourire. »

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