Le recteur de la grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, évoque la situation des Algériens et des Franco-Algériens en France, dans une conjoncture de montée de l’extrême-droite et de crise diplomatique aiguë entre les deux pays.
Il leur adresse un message fort en leur demandant de « ne pas accepter » de subir les discriminations.
Lui-même franco-algérien, le recteur de la plus importante institution musulmane en France déplore qu’être aujourd’hui en France un ressortissant algérien ou français d’origine algérienne est devenu "problématique" à cause des discriminations.
Dans un entretien avec Echorouk publié ce dimanche 4 mai, Chems-Eddine Hafiz tord le cou au cliché qui veut que les Algériens n’arrivent pas ou ne veulent pas s’intégrer dans la société française.
"Ce n’est un secret pour personne, rappelle-t-il, que l’extrême-droite a mobilisé toutes ses capacités pour inciter à la haine et au ressentiment contre l’État algérien et l’Algérie en tant que pays, mais surtout contre la communauté algérienne en France, comme si elle était la source de tous les problèmes" de la France.
« Dire que les Algériens de l’étranger ne sont pas intégrés est très dangereux »
Pour le recteur de la Grande mosquée de Paris, le courant extrémiste oublie que l’Algérien est un "citoyen à part entière« . »C’est ce que nous nous efforçons de clarifier, et il faut que la discrimination cesse à chaque fois qu’il s’agit d’un Français d’origine algérienne, car aujourd’hui, être Algérien en France ou Franco-Algérien est en fait devenu problématique", regrette Chems-Eddine Hafiz.
Poursuivant sa description de la situation des Algériens en France, il déplore qu’ils soient constamment soumis à un torrent d’insultes de la part des médias français, qui les qualifient d’ "inintégrés".
"J’ai toujours dit à nos compatriotes franco-algériens qu’ils ne doivent pas accepter cette situation", souligne-t-il.
« Les hôpitaux français emploient un grand nombre de médecins algériens »
Car les Algériens de France « ne sont pas comme on les désigne et ils jouent un rôle important dans la société française. Il y a parmi eux des ministres, de nombreux médecins, des juges, des avocats, des ingénieurs, sans oublier de simples ouvriers », liste M. Hafiz.
"On sait aujourd’hui que les hôpitaux français emploient un grand nombre de médecins algériens, que ce soit aux urgences ou ailleurs, comme chefs de service. Ils sont aussi dans les grandes banques et les grandes entreprises cotées en bourse, le CAC 40, et ont connu des succès remarquables", note-t-il.
Le recteur de la Grande mosquée de Paris a cité dans ce registre la directrice de l’Institut Pasteur Yasmine Belkaid, "dont nous sommes fiers". Elle est algérienne et a obtenu son diplôme universitaire en Algérie, plus précisément à l’Université de Bab Ezzouar, rappelle-t-il.
Il en va de même, selon Hafiz, pour les Algériens dans d’autres pays, comme le Canada, les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Italie et l’Espagne. "Dire que les Algériens de l’étranger ne sont pas intégrés est donc très dangereux", dit-il.
SUR LE MEME SUJET :
Chems-Eddine Hafiz : « Les musulmans sont en danger en France »
Discriminations en France : la phrase qui « faisait mal » à Zidane
