Le président de l’Association nationale des laboratoires d’analyses médicales (Alma), Dr Abdelhalim Chachou, propose que l’État prenne en charge à travers les organismes sociaux,  les tests PCR et sérologiques effectués dans les laboratoires privés pour le dépistage de l’infection à la Covid-19.  

Les tests PCR et les tests sérologiques sont très chers et ne sont pas à la portée de beaucoup d’Algériens, déjà éprouvés par les effets de la crise économique…

Dr Abdelhalim Chachou.  Certainement. Pour un Suédois ou un Allemand pour ne pas parler du Français c’est cher aussi si vous lui enlevez le remboursement de la Sécurité sociale…

Que proposez-vous ?

Actuellement l’État pourrait créer un mécanisme de prise en charge à titre exceptionnel. Mais ce mécanisme doit être accompagné d’une codification de tout le processus pour éviter les abus et les dérives.

Les tarifs des tests sérologiques de la Covid-19 doivent-ils être plafonnés afin de les rendre accessibles à tous les citoyens ? 

L’Association que je préside réclame depuis 2006 la nomenclature et la tarification des actes médicaux mais aucun retour des autorités. Comme je vous l’ai dit, tout acte médical est onéreux quel que soit le pays mais il y a ceux qui ont une bonne couverture sociale. En Algérie on a toujours pensé que les prix doivent être en fonction des revenus et non en fonction de leur coût économique. La preuve, on a détruit la comptabilité analytique dans la santé depuis la gratuité en 1974. Toute structure de santé quelle que soit sa nature doit encaisser sa prestation ; quant aux démunis, les organismes sociaux doivent les prendre en charge, on ne va pas les abandonner. La santé n’a pas de prix certes mais elle a un coût.

Peut-on connaître les tarifs pratiqués pour la PCR et les tests sérologiques ?

Je vous donne la référence : l’Institut Pasteur d’Algérie les facture aux hôpitaux à 15 500 DA (le test), l’antenne d’Oran les facture à 15 900 DA. Le prix de 90 % des laboratoires de biologistes médicaux sont inférieurs à ceux de l’Institut pasteur d’Algérie. Les tarifs dans la majorité des laboratoires privés tournent autour de 12 500 DA. Il y a parmi nous des laboratoires qui ont adopté la politique du prix coûtant ; c’est-à-dire qu’ils ne prennent pas de marge et effectuent les tests à 9 500 DA. S’agissant des tests sérologiques, suivant de la qualité des réactifs. Les tests peuvent aller de 1 600 jusqu’à 3 800 DA, tout dépend du prix d’achat, certaines marques vendent plus cher que d’autres.

 Il y a un autre questionnement lié au suivi des patients qui font une PCR dans les labos privés, beaucoup s’interrogent sur le manque de suivi avec les risques de contaminations surtout pour ceux dont la PCR est positive. Pouvez-vous nous expliquer comment se fait le processus ?

Normalement la prescription de la RT-PCR est faite par un médecin. Une fois le compte rendu est délivré, le patient retourne chez son médecin. Ce dernier doit l’adresser ou non à une unité Covid la plus proche. Les laboratoires ne prescrivent pas, c’est le rôle du médecin traitant. Les laboratoires explorent.

« Des tensions sur les approvisionnements sur les kits et des réactifs »

Des doutes ont été exprimés sur la fiabilité des tests PCR réalisés par les labos privés. Que répondez-vous ?

Ces doutes émanent d’un syndicat dont les adhérents ont bénéficié du titre de biologie de santé publique grâce à un décret de complaisance. Ils n’ont jamais fait d’études médicales ou paramédicales donc leurs avis sont rejetés. On ne peut porter de tels jugements que si les autorités sanitaires instaurent un contrôle de qualité externe ou bien de rendre les patients testés et de faire des examens sérologiques. Il faut être scientifique. Il ne faut pas oublier que ceux qui sont dans le secteur libéral sont sortis des mêmes facultés que ceux qui sont dans le public et ils ont exercé à un moment donné dans le secteur public. On a même parmi nous des anciens professeurs chefs de service dans les hôpitaux. Alors, compétent en public et incompétent en libéral ?

Combien de temps prennent les tests ?  

Si tout est disponible chez les laboratoires privés, le délai est de 24 à 36 heures.

Qu’en est-il de la disponibilité des kits et des réactifs ?

Malheureusement, on assiste actuellement à des tensions sur les approvisionnements qui, selon les fournisseurs, sont dues aux procédures imposées par le ministère de l’Industrie pharmaceutique.