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Cinquième mandat : le FLN s’impose en locomotive au risque de froisser ses alliés

Cinquième mandat : le FLN s’impose en locomotive au risque de froisser ses alliés

Ce samedi à la Coupole du complexe olympique, l’heure était à la communion et à l’unité retrouvée. Le FLN a battu le rappel de ses troupes et de ses enfants « égarés » pour crier en chœur la fidélité du parti à « son » président en le présentant comme « son » candidat à la prochaine présidentielle. « Bouteflika dialana » était le slogan phare de ce grand show.

La salle est remplie dès les premières heures de la matinée. Le premier pari, celui d’entamer la pré-campagne par une démonstration de force, est gagné. Le vieux parti est rodé à l’exercice tout aussi vieux d’acheminer des militants de l’intérieur du pays.

Pour le reste, c’est franchement discutable. D’abord, de tous les anciens secrétaires généraux dont on a annoncé la présence comme un signe du retour de la sérénité au parti, seul Djamel Ould Abbès a répondu présent. Ni Abdelaziz Belkhadem ni Amar Saïdani n’ont ravalé leur fierté. Le jeune coordinateur provisoire, Mouad Bouchareb, aura visiblement du pain sur la planche pour colmater durablement les fissures, stigmates des « redressements » qui rythment la vie du parti depuis plusieurs décennies.

Autre absence de taille qui ne pouvait pas passer inaperçue, celle des représentants des autres partis de l’Alliance. Ahmed Ouyahia, Amara Benyounès et Amar Ghoul ne sont pas venus ni délégué des représentants. La raison est toute simple : ils n’ont pas été invités. La fête est familiale. Le FLN est une famille et Bouteflika en était le fils et maintenant le père.

Pour ceux qui doutent encore, Mouad Bouchareb l’a répété longuement. Avec des mots très forts : « Nul besoin de vous rappeler la relation du président avec le FLN. Vous la connaissez mieux que quiconque, c’est une marque déposée. Vous n’êtes pas sans savoir tous que le président moudjahid, l’officier de l’ALN, le militant infatigable, le dirigeant loyal, le président sage est un enfant du FLN et il n’a jamais cessé de l’être, par fidélité à ses compagnons les chouhada. Le président Bouteflika est un fils authentique du FLN et il est digne de continuer le commandement ».

Bouchareb ne pouvait trouver meilleure transition pour annoncer officiellement la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à la prochaine élection présidentielle. Au nom du FLN bien sûr. Il y a une semaine, le même Bouteflika était annoncé, tout aussi officiellement, comme candidat à la fois du FLN, du RND, du MPA et de TAJ. C’était à l’occasion du sommet des quatre partis de l’Alliance tenu samedi 2 février. Le contraire aurait été plus cohérent, c’est-à-dire que le FLN annonce en solo son choix puis le partager avec d’autres acteurs politiques. Bref, on ne le dira jamais assez, quelque chose ne tourne pas rond chez les partisans du chef de l’État.

Durant les deux heures qu’a duré le meeting de ce samedi, les soutiens de Bouteflika en dehors de « son » parti ont été royalement ignorés. La surenchère dans le soutien au président qui a fait rage durant tout l’été et dénoncée en son temps par Amara Benyounès, fait son retour au plus mauvais moment.

Les quatre partis ont plus que jamais besoin de sérénité pour porter une candidature difficilement vendable à cause essentiellement de l’état de santé du chef de l’État. Or, depuis quelques semaines, on assiste à des attaques réciproques entre les deux mastodontes de l’Alliance. On pense notamment aux amabilités échangées publiquement entre Tayeb Louh et Ahmed Ouyahia. La tournure prise par le meeting de ce samedi ne risque pas d’apaiser les esprits.

Faut-il rappeler que la guéguerre entre le président du MPA et Djamel Ould Abbès, l’été dernier, avait pour origine l’indignation du premier devant l’insistance du second à « s’accaparer » le président ? Dans ce registre, Mouad Bouchareb fait autant sinon mieux que son prédécesseur.

Ce samedi, il a unilatéralement imposé son parti comme locomotive du cinquième mandat. Pas sûr que ce fait accompli plaise à tout le monde. Mais les autres alliés ont-ils le choix ? Bouchareb a juste omis de le dire dans son discours : c’est à prendre ou à laisser.

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