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Cinquième vendredi de mobilisation : l’Algérie attend une réponse sérieuse du pouvoir

Cinquième vendredi de mobilisation : l’Algérie attend une réponse sérieuse du pouvoir

22 février- 22 mars. Le mouvement populaire s’apprête à boucler son premier mois et l’Algérie à vivre un cinquième vendredi consécutif de contestation.

L’heure n’est pas aux bilans, mais un premier constat s’impose : ceux qui misaient sur l’essoufflement du mouvement n’ont pas vu juste. Du moins jusqu’à maintenant, les rangs des manifestants ne font que grossir, rejoints par quasiment toutes les corporations et depuis cette fin de semaine par les soutiens les plus zélés de Bouteflika.

À la veille du cinquième vendredi, l’Algérie s’apprête à vibrer de nouveau et à offrir au monde une autre fresque mémorable. Seul le mauvais temps annoncé pourrait éviter aux rues d’Alger et des autres villes du pays d’autres marées humaines impressionnantes. Sinon, la détermination est comme au premier jour et toutes les manœuvres du pouvoir n’ont fait que renforcer la contestation et souder ses rangs.

Les lettres et propositions émanant de la Présidence au lendemain de chaque grande marche populaire ont fixé la rue sur des revendications de plus en plus tranchées. Le mot d’ordre sur lequel ne divergent pas deux manifestants c’est le départ de Bouteflika à l’issue de l’expiration du mandat présidentiel, depuis que le chef de l’État a annoncé le report du scrutin. C’était sa réponse à la grande marche du 8 mars. Après celle encore plus impressionnante du 15, le pouvoir n’a rien proposé. Le 18, une autre lettre du président et sa teneur était un rappel des propositions faites le 11 mars, donc une réaffirmation de sa volonté de rester en poste au-delà du 28 avril. Pour les Algériens, le compte n’y est pas. Ils l’ont rappelé tout au long de cette semaine avec de nouvelles actions de mobilisations.

Si le pouvoir n’a pas fait de nouvelles propositions comme il l’a fait au lendemain de chaque grande journée de mobilisation, cela ne signifie pas que les choses se sont figées durant la semaine. Du mouvement et des nouveautés, il y en a eu. A commencer par l’offensive diplomatique menée par les autorités, avec ce périple qui a mené Ramtane Lamamra en Italie, en Russie et en Allemagne.

À Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères a prononcé quelques mots vite présentés comme un alignement sur la position des autorités algériennes. En fait Serguei Lavrov n’a fait que mettre en garde contre toute ingérence d’une tierce partie, y compris de son pays, dans la crise algérienne. Le lendemain, la France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a reconnu une prudence mais nié toute impartialité du président Macron en faveur du pouvoir.

À Berlin, Ramtane Lamamra a étalé mercredi un optimisme incompréhensible en assurant que le pays saura dépasser la crise. Incompréhensible, car sur le front interne, les choses ne font que se corser et on se demande même si le cercle présidentiel n’est pas sur le point d’abandonner son plan de sortie de crise dévoilé le 11 mars.

Le gouvernement de « compétences nationales » annoncé n’a toujours pas encore vu le jour. Son chef, Noureddine Bedoui, n’a selon toute vraisemblance pas trouvé preneur pour ses maroquins parmi les personnalités nationales encore crédibles. Autre signe qui ne trompe pas, Lakhdar Brahimi a dû mesurer toute la difficulté de sa mission qui consistait à convaincre du monde du bien-fondé de l’offre de Bouteflika.

Même l’armée commence à faire entendre son courroux. Non seulement son chef d’état-major a salué lundi le pacifisme et la conscience des manifestants « ayant suscité une vive admiration partout dans le monde », mais il a quelque peu haussé le ton en appelant à plus de « responsabilité » pour trouver une solution, « voire des solutions ».

Pendant ce temps, les rangs de la contestation ont continué à grossir. Les juges et les avocats sont revenus à la charge samedi, les médecins et autres personnels de la santé ont marché mardi. Les travailleurs de Sonatrach sont entrés en grève et même les pompiers ont sortis dans la rue à Béjaïa en tenue réglementaire. Mais le plus notable demeure le ralliement inattendu de certains partis proches du président.

Sans réellement lâcher ce dernier, le RND et le FLN ont annoncé leur soutien au mouvement populaire, ce qui a donné lieu à un début de déballage public avec notamment la sortie du porte-parole du RND qui a ouvertement dénoncé des forces non constitutionnelles qui auraient exercé le pouvoir ces cinq ou six dernières années. Autant d’actions, de positionnements et de retournements que le génie des jeunes traduira en beaux slogans lors de la grande marche annoncée.

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