Riyad Hamadi
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L’Algérie a-t-elle réclamé à la France une indemnisation financière pour les préjudices subis pendant la colonisation ? Benjamin Stora, l’un des plus grands spécialistes de l’histoire de la colonisation de l’Algérie, a tenu à remettre les choses à leur endroit concernant cette question.
Dans un entretien au média belge RTBF, l’historien a clarifié les revendications de la partie algérienne dans le litige mémoriel avec la France.
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Benjamin Stora souligne d’abord que la demande de réparations financières, “c’est aux anciens colonisés eux-mêmes de les formuler” et qu’ “il ne faut pas les formuler à leur place”. Or, sur cette question précise, l’Algérie n’a rien demandé.
“Les Algériens ne réclament pas la réparation financière”, a tranché le natif de Constantine. En revanche, l’Algérie demande “plus de respect symbolique” et de “reconnaissances symboliques”.
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“Ils (les Algériens) ne se sont pas amusés à chiffrer, par exemple, le coût qu’a représenté la pénétration coloniale et qui a abouti ou aurait abouti à leur infériorisation économique”, explique Benjamin Stora.
Auteur d’un rapport commandé par le président français Emmanuel Macron en 2021, l’historien a fait une série de propositions de reconnaissances et de gestes symboliques qu’il estime plus efficaces que la dénonciation générale de la colonisation.
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“Dénoncer de manière abstraite et générale la colonisation, ça n’a pas d’efficacité politique”, souligne-t-il, rappelant dans ce sens les tas de discours comme celui de François Hollande (président français entre 2012 et 2017) devant le Parlement algérien en 2012.
Colonisation : l’Algérie ne réclame pas l’indemnisation, mais la reconnaissance
“Parce que la question, explique l’auteur de près de quarante ouvrages dont ‘Ils venaient d’Algérie’, c’est de démontrer, au cas par cas, pas après pas, ce qu’a été la véritable nature de l’histoire coloniale, la profondeur de cette histoire. Et ça ne peut se faire qu’à travers des exemples, des cas précis, très concrets, et non pas se réfugier dans l’idéologie abstraite”.
Stora estime ainsi que les gestes faits par Emmanuel Macron sont très importants, comme sa reconnaissance de la responsabilité de la France dans l’assassinat des nationalistes algérien Maurice Audin et Ali Boumendjel ou dans les massacres des Algériens le 17 octobre 1961 à Paris.
« Nous exigeons de la reconnaissance »
Ces derniers mois, le président Abdelmadjid Tebboune a clarifié à plusieurs reprises ce que l’Algérie attend de la France.
“Nous n’exigeons pas des excuses, mais la reconnaissance des crimes coloniaux. Les milliards de dollars ne suffisent pas pour rembourser la perte de milliers de nos chouhada. Leur valeur est beaucoup plus grande que cela. Nous ne demandons pas une réparation matérielle, mais une réparation morale”, a-t-il notamment déclaré en décembre 2024 dans un discours devant le Parlement à Alger.
“Nous ne voulons pas d’argent, mais venez nettoyer les sites que vous avez contaminés« , avait-il indiqué dans le même discours à propos des sites d’explosions nucléaires de la France dans le Sahara algérien.
