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Compromis pour une sortie de crise

Compromis pour une sortie de crise

TRIBUNE. Le pouvoir vient de faire une proposition pour une sortie de crise. Les revendications du Hirak sont aux antipodes de la proposition du pouvoir. L’opposition est divisée et n’arrive pas à s’entendre sur le contenu et le processus du changement. Nous sommes donc en situation de blocage total.

Afin d’éviter :

— un jeu de ping-pong entre les tenants du pouvoir, le Hirak et autres parties prenantes

— un enlisement et une complexification de la crise qui s’avéreraient extrêmement dangereux et dommageables pour le pays,

— rapprocher les positions « des forces de l’alternative démocratiques et les forces du changement », et

— Par soucis de pragmatisme et d’efficacité, je propose un compromis qui s’articulerait comme suit :

1) Accepter la proposition du chef de l’Etat M. Abdelkader Bensalah d’engager un dialogue sous la conduite d’un Panel composé de personnalités indépendantes. Les participants au dialogue auront la liberté de discuter et de débattre des conditions à réunir pour garantir la crédibilité du scrutin et aborder l’ensemble des aspects législatif, réglementaire et organisationnel de cette élection, y compris le déroulement du calendrier électoral, ainsi que les mécanismes de son contrôle et de sa supervision. Dans ce contexte, le Hirak, en plus des autres parties prenantes nationales, doit maintenant désigner ses représentants, tout comme les étudiants, les intellectuels et les représentants de la diaspora.

2) Ce dialogue se concentrera sur les deux objectifs suivants :

– l’organisation de l’élection présidentielle qui devrait se tenir avant la fin de l’année. Un mois pour le dialogue, un mois pour les amendements et changements législatifs requis et trois mois pour le processus électoral. Les questions des libertés, notamment la liberté de presse et le rôle des médiats publics lors de la compagne électorale doivent être débattus.

– l’organe ou l’autorité électorale indépendante à mettre en place, qui aura pour mandat d’organiser et de contrôler le processus électoral. Il s’agira de débattre et d’arrêter la configuration de cette entité et de fixer ses missions et attributions, son mode d’organisation et de fonctionnement ainsi que sa composante, y compris, éventuellement, les personnalités consensuelles devant la diriger.

3) Retour à la constitution de 1996 en annulant tous les amendements introduits par l’ancien Président Abdelaziz Bouteflika. Ceci signifierait clairement que l’ère du Bouteflikisme est à jamais révolue.

4) Réunion des deux chambres pour approuver la loi créant l’autorité électorale indépendante et amender la constitution pour rétablir la constitution de 1996.

5) Engagement solennel (Mawthik min Allah) de tous les candidats à l’élection présidentielle à l’effet que le candidat élu organisera une conférence nationale à l’issue des premiers 100 jours du mandat pour débattre avec les participants à ce dialogue de toutes les réformes structurelles, politiques, économiques et sociales.

En tant que spécialiste du changement stratégique, l’expérience et la littérature m’ont appris d’éviter le changement radical parce qu’il a de fortes chances de tuer l’organisation. Le changement doit se faire par étape et de façon incrémentale, ce qui permet de réagir et de corriger les erreurs qui seront faites inévitablement tout au long du parcours. Je pense que ce compromis permettra à l’Algérie de sortir de cette crise et à chacun de sortir la tête haute avec le sentiment du devoir accompli.

*Spécialiste du changement stratégique


Important : Les tribunes publiées sur TSA ont pour but de permettre aux lecteurs de participer au débat. Elles ne reflètent pas la position de la rédaction de notre média
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