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Coup d’État au Niger : jusqu’où ira la France ?

Coup d’État au Niger : jusqu’où ira la France ?

A qui profite le coup d’Etat au Niger, le troisième dans la région du Sahel en autant d’années ? Pour le moment, personne ne se hasarde à livrer une réponse tant il y a très peu d’éléments qui permettent de faire une conclusion sérieuse et tranchée.

Les drapeaux russes brandis par des manifestants pro-junte dimanche à Niamey ne prouvent pas que le Niger a rejoint le giron de la Russie, encore moins l’implication de Moscou ou des mercenaires de Wagner dans le coup de force.

Il y a en revanche moins de prudence quand il s’agit de déterminer le perdant, si les militaires parviennent à faire accepter leur fait accompli. Beaucoup, sinon tous, désignent la France. A commencer par les Français eux-mêmes.

Dans la presse parisienne, une phrase revient comme une vérité établie depuis mercredi 26 juillet : avec le renversement du président Mohamed Bazoum par sa garde présidentielle, la France perd son dernier allié dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Le journal le Figaro évoque même un « dernier domino » qui tombe dans le dispositif de l’influence française dans la région.

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger renoue avec les coups d’État militaires après une période de stabilité, sur l’échelle de l’Afrique, relativement longue. Dans les trois pays, les coups de force se sont joués contre les intérêts de la France dans cette région, en proie à la crise économique, au terrorisme et à l’instabilité politique.

Les choses ne sont peut-être pas irréversibles au Niger, le quai d’Orsay estimant que « la situation n’est pas définitive » dans ce pays. Mais si la junte parvient à tenir devant la forte pression de ses voisins de la CEDEAO, de l’Algérie, des Occidentaux et des principales organisations internationales, Paris devra mettre une croix supplémentaire sur la carte de ses prés carrés en Afrique.

Cela fait plusieurs années que la France perd pied dans ses anciennes colonies, à la faveur de la montée au sein des opinions publiques du sentiment anti-occidental saisi au vol et mis à profit par des militaires putschistes.

Niger : la France et la CEDEAO menacent fermement la junte

Au Niger, du moins pendant la journée de dimanche, junte et manifestants ont parlé d’une même voix s’agissant de la France. L’enseigne de l’ambassade de ce pays à Niamey a été arrachée et remplacée par des drapeaux russes et nigériens.

A la télévision, la junte a vilipendé la France qu’elle accuse de vouloir intervenir militairement au Niger, quelques jours après lui avoir reproché une violation de la souveraineté du pays en faisant atterrir un avion militaire à l’aéroport de Niamey alors que les militaires ont ordonné la fermeture des frontières.

La France envisage-t-elle réellement une intervention militaire pour rétablir le président Mohamed Bazoum ? Elle affiche en tout cas une grande détermination pour faire plier les putschistes.

La réaction de l’Elysée aux événements de dimanche devant l’ambassade de France à Niamey est aussi très ferme. Le président Emmanuel Macron a promis une réplique immédiate et intraitable si les ressortissants ou les intérêts français au Niger sont attaqués.

La France compte 1500 soldats positionnés au Niger et 600 ressortissants. Pour le moment, aucune évacuation n’est envisagée.

La France a d’autant plus de latitude pour agir qu’elle n’est pas seule dans le front de rejet du coup de force. L’Union européenne a annoncé le gel de ses aides, les États-Unis ont menacé de faire de même et les pays de la CEDEAO (communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) n’excluent même plus une intervention militaire directe.

Réunis dimanche à Abuja, les chefs d’Etat de l’organisation ont intimé l’injonction à la junte nigérienne de rétablir « complètement » l’ordre constitutionnel sous une semaine, faute de quoi, il sera pris des mesures qui n’excluent pas « l’usage de la force ».

L’instabilité politique constitue l’un des principaux freins au développement de la région du Sahel, confrontée en sus depuis quelques années à la montée de la violence terroriste. Si la CEDEAO montre une telle fermeté, c’est aussi pour signifier que les coups d’État ne seront plus tolérés en Afrique.

Comme l’a dit le ministère français des Affaires étrangères, « la situation n’est pas définitive » à Niamey et la France n’a peut-être pas perdu son dernier pré carré au Sahel. Du moins, pas encore.

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