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Covid-19 : « L’Algérie pencherait pour les vaccins russe et chinois »

Covid-19 : « L’Algérie pencherait pour les vaccins russe et chinois »

L’Algérie n’a pas encore tranché sur le vaccin anti-Covid à acquérir, mais la balance pencherait vers les vaccins russe et chinois. Dans cet entretien, le Dr Mohamed Yousfi, chef des maladies infectieuses à l’hôpital de Boufarik, explique les raisons.

L’Algérie connait une décrue de l’épidémie de Covid-19. Quelle est la situation à l’hôpital de Boufarik ?

C’est calme. On est à moins de 50 % de lits occupés. C’est une situation qu’on n’a pas connue depuis plusieurs semaines, voire depuis plusieurs mois. On est à peu près au niveau atteint début septembre avant qu’il y ait la flambée. A cette période, on était descendu à 35-40 % de lits occupés par les patients Covid-19. Il y a moins de pression sur les urgences et sur les équipes médicales. Nous espérons que la population continuera à respecter les mesures barrières.

Les raisons de la décrue de l’épidémie de Covid-19

Comment expliquez-vous cette décrue ?    

L’explication est simple : dès qu’on abandonne les mesures barrières, et lorsque le contrôle par les pouvoirs publics du respect de ces mesures diminue, les contaminations repartent à la hausse. La diminution des contaminations s’explique en effet par la peur qu’éprouvent les gens lorsqu’ils voient des proches ou des voisins mourir du Covid-19, ou qu’il leur est difficile d’hospitaliser un proche malade dans un hôpital et le prendre en charge le cas échéant.

Il y a aussi la contrainte. En dehors des gens qui, dès le début, s’étaient montrés disciplinés en appliquant les mesures barrières (port du masque, lavage des mains et la distanciation), une grande partie de la population n’a pas respecté les mesures. C’est malheureux car ça nous aurait évité les deux poussées de fin mai et la recrudescence des mois d’octobre et novembre.

Je dis donc attention au relâchement surtout qu’on est en pleine période hivernale qui est propice à la circulation du virus et donc à la contamination. Tout en sachant que le vaccin anti-Covid n’est pas pour demain.

« Nous connaissons les chances de l’Algérie d’avoir tel ou tel vaccin »

L’Algérie n’a pas encore choisi le vaccin anti-Covid qu’elle s’apprête à acquérir. Quels sont les vaccins les mieux placés ?

La tendance irait vers le vaccin russe (Sputnik V) mais la décision revient aux pouvoirs publics. Nous savons très bien ce qui est disponible sur le marché comme vaccins, nous connaissons les chances de l’Algérie d’avoir tel ou tel vaccin. De même, on est en mesure de déterminer quelles sont les conditions logistiques qu’exige tel ou tel vaccin.

Et sur la base de tous ces éléments, les vaccins les plus proches (vers lesquels l’Algérie pourrait se pencher) restent les vaccins russe et chinois.

Y’a-t-il des raisons de douter de ces vaccins ?     

Il y a eu des publications sur le vaccin russe, dans la revue scientifique The Lancet. Ce vaccin a été utilisé dans plusieurs pays (dont la Russie). Il y a donc des éléments scientifiques qui sont là. Après, le doute on l’a vis-à-vis de tous les vaccins. Il faut savoir que nous sommes en pleine pandémie, qu’il faut peser le pour et le contre avec un risque (d’effets secondaires) très faible qu’il va falloir prendre pour sortir de cette situation avec ses conséquences sanitaires et économiques.

Le vaccin russe a été validé par l’agence russe de santé et utilisé en Russie et dans d’autres pays.

Il faut aussi savoir que les vaccins russe et chinois ont été conçus selon une procédure classique et d’ailleurs, en matière de conservation cela ne nécessite pas de gros moyens.

« Il est primordial de laisser parler les spécialistes »

Comment l’Algérie peut-elle s’assurer par elle-même de l’efficacité du vaccin ?  

L’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) est l’organe qui va vérifier les lots qui arriveront. Concernant la logistique, lorsqu’il s’agit de vaccins qui sont fabriqués selon des procédés classiques, il est clair que la chaîne de froid sera plus facilement respectée. A cela s’ajoute le fait que le Programme élargi de vaccination a toujours reçu les félicitations de l’OMS. Qui plus est, nous avons un pourcentage de vaccination qui dépasse largement les 95

%. Cela veut dire que dès que la stratégie vaccinale sera arrêtée, et si on choisit le vaccin classique, à l’instar du vaccin russe, à ce moment-là on peut activer facilement tous les points de vaccination.

A ce propos, nous avons un avantage de disposer d’une infrastructure sanitaire qui encadre l’ensemble du pays. Dans chaque région, il y a au moins une polyclinique et le personnel de santé est déjà rôdé à ce genre d’exercice.

Mais pour convaincre la population de l’importance de la vaccination, il y a lieu d’entreprendre une campagne de sensibilisation agressive à travers l’engagement et l’implication des professionnels de la santé, des médias et des pouvoirs publics.

Il est primordial de laisser parler les spécialistes qui connaissent les données, et lesquelles données doivent être transmises à l’ensemble des personnels de santé qui doivent être la colonne vertébrale de cette vaccination. Ils doivent d’abord être convaincus pour pouvoir convaincre les autres.

Une nouvelle souche du Covid-19 est apparue en Angleterre et dans d’autres pays dont la France et l’Espagne. Peut-elle se manifester en Algérie ?  

Il n’y a pas de raison pour que cette nouvelle souche survienne en Algérie, parce que les frontières sont fermées,  et à ma connaissance il n’y a pas eu ces jours-ci d’opérations de rapatriement à partir du Royaume-Uni. Ceci étant dit, il faut rester vigilant.

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