Société

Covid-19 : le triptyque qui risque de compliquer la situation en Algérie

Confrontées à un ratage flagrant en termes de vaccination contre la Covid-19, les autorités algériennes pouvaient jusqu’à il y a quelques semaines se targuer d’avoir freiné la propagation du virus.

Le nombre des contaminations quotidiennes a été ramené au-dessous de la barre des 100 nouveaux cas. Mais la courbe des contaminations est depuis repartie à la hausse, frôlant de nouveau le cap des 200 nouveaux cas quotidiens et, à ce rythme, le retard accusé dans la campagne de vaccination risque de s’avérer lourd de conséquences.

Les mises en gardes se multiplient en tout cas pour attirer l’attention et des autorités et de la population quant au risque de se retrouver dans une situation très compliquée, du fait essentiellement de la rapide propagation des différents variants du virus.

La population est appelée par les spécialistes à renouer avec le respect strict des mesures-arrières, dont la distanciation et le port du masque de protection.

Les mêmes spécialistes pressent les autorités politiques de prendre des mesures à même de faire respecter le protocole sanitaire tout en accélérant le processus d’acquisition des quantités nécessaires de vaccins pour entamer réellement la vaccination de masse.

Car tout ce que le pays a fait jusque-là c’est procéder au lancement officiel de la campagne, avec la vaccination effective d’une proportion très réduite par rapport à l’objectif initial annoncé qui est de vacciner 70 % de la population.

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L’Algérie qui a de longues traditions dans la vaccination, dispose des infrastructures et des personnels nécessaires pour atteindre cet objectif, mais le problème s’est posé au niveau de l’acquisition des vaccins.

Les responsables qui avaient tergiversé à l’automne dernier avant de trancher pour quel vaccin opter, avaient peut-être sous-estimé les difficultés de disposer d’un produit que le monde entier s’arrache.

Lorsque le président de la République avait, vers la fin décembre, ordonné d’acquérir les vaccins et d’entamer la campagne avant fin janvier, l’Algérie avait déjà une longueur de retard sur d’autres pays.

Malgré les contrats signés et les engagements fermes des producteurs, les doses arrivent encore au compte-gouttes. À chaque fois qu’ils ont été interpellés, les responsables rassuraient qu’il n’y avait aucun problème et que tel ou telle quantité allait arriver incessamment. Il a fallu attendre près de quatre mois pour que le retard soit officiellement reconnu.

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Mises en gardes répétées des spécialistes

Mercredi, à l’occasion d’une réunion du conseil du gouvernement, le Premier ministre Abdelaziz Djerad a officiellement demandé au ministre de la Santé « de veiller à résorber les retards constatés dans les livraisons des vaccins anti-COVID-19 déjà commandés, et ce, conformément aux engagements contractuels des fournisseurs ».

Le lendemain, une enveloppe de près de 100 millions de dollars a été dégagée pour l’achat du vaccin, selon un décret présidentiel publié au Journal officiel. L’opération est confiée à l’Institut Pasteur d’Algérie.

Mais que peut réellement faire le gouvernement dans un contexte de très forte tension sur les vaccins, avec des difficultés à satisfaire leurs propres besoins même pour les pays producteurs.

Il faudra espérer que les contrats signés soient respectés et surtout la promesse de fabriquer localement le vaccin russe Sputnik-V à partir de septembre prochain, soit concrétisée.

En attendant, l’évolution de la situation épidémiologique sur le terrain ne rassure pas. Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme. Ils expliquent que l’Algérie fait face à un sérieux danger du fait de la conjugaison de trois facteurs.

Le premier est la difficulté à acquérir les quantités suffisantes de vaccins et à lancer véritablement la vaccination de masse, le deuxième est l’apparition de variants du virus, notamment le britannique et le nigérian, dont le nombre de cas détectés en Algérie est de plus en plus significatif, et, enfin, la persistance du non-respect du protocole sanitaire et des mesures-barrières dans les espaces publics.

La situation n’est pas alarmante, certes. La preuve, la dernière décision du gouvernement était au contraire d’alléger encore davantage le confinement en réaménageant ses horaires dans les 9 wilayas soumises au couvre-feu nocturne.

Mais les spécialistes sont de plus en plus nombreux à entrevoir une dégradation plus significative de la situation si « l’indiscipline généralisée », comme la qualifie l’épidémiologiste Mohamed Belhocine, persiste.

« La possibilité d’un retour à un confinement strict n’est pas à écarter », déclarait le professeur Belhocine dans un récent entretien à TSA.

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