
Les relations entre la France et l’Algérie sont plongées dans une grave crise depuis fin juillet 2024. Elles n’ont jamais été aussi proches de la rupture. Pour l’archevêque d’Alger, le cardinal Jean-Paul Vesco, l’origine des crises entre les deux pays se trouve dans la non-reconnaissance par la France de son passé colonial en Algérie.
« Toute colonisation est une violence, un viol du peuple. Le drame, c’est que cette violence n’a pas été pleinement reconnue. Ce silence entretient les tensions actuelles entre l’Algérie et la France », a déclaré l’Archevêque d’Alger dans un entretien au quotidien gouvernemental Horizons.
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Pour le cardinal Vesco, qui s’est exprimé, une nouvelle fois, sur les relations franco-algériennes, « il faut oser une réconciliation des mémoires, non pour accuser, mais pour libérer les générations à venir ».
« Je le dis avec conviction, il est temps de se reconnaître et de construire une fraternité réelle. Ce n’est pas seulement une parole d’archevêque, mais celle d’un homme attaché à la vérité et à l’amitié entre les peuples », a-t-il appuyé.
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Une blessure mémorielle « profonde » en Algérie
Jean-Paul Vesco affirme qu’il existe en Algérie une « blessure de mémoire profonde liée à l’histoire coloniale ». « Cette mémoire n’est pas encore apaisée. Ayant vécu plus de vingt ans ici, je ressens cette douleur : elle n’est pas seulement historique, elle est intime », a-t-il témoigné.
Le plaidoyer de Jean-Paul Vesco pour le règlement de la question mémorielle survient alors qu’en France des voix, de plus en plus nombreuses, montent pour exprimer leur opposition à toute reconnaissance de la France des crimes coloniaux commis en Algérie entre 1830 et 1962.
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Le dernier en date à dire à son opposition une telle démarche est le ministre des Transports, Philippe Tabarot, dont le père était un chef de l’OAS à Oran. « On n’a pas à s’excuser ni du passé ni du présent », a-t-il dit vendredi sur la chaîne d’extrême droite CNews.
Le cardinal n’a pas voulu donner de détails sur l’échange qu’il a eu avec le président Abdelmadjid Tebboune qui l’a reçu en audience le 22 septembre dernier. « C’était un échange fraternel, une marque de confiance. Je n’ai donc fait aucune déclaration publique, par respect pour la nature de cette rencontre », a-t-il dit.